Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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il souligne également que les personnes ont en elles le sentiment particulier d'un self privé avec des frontières claires entre soi et les autres. Il explique cette contradiction apparente en soulignant que chaque définition se réfère à un aspect différent du self . Pour Mitchell, le « self multiple » ( multiple self ) représente le self comme action, c'est-à-dire « les configurations multiples de la variabilité auto-schématisée dans des contextes relationnels différents » (P.139), alors que le self unitaire privé est « une expérience subjective de la création du schéma lui-même, une activité vécue au cours du temps et dans des systèmes organisationnels différents [et] reconnus comme étant 'miens', ma façon unique de traiter et de façonner mon expérience » (p. 139) 203 . Alors que certaines conceptions traditionnelles du self (par exemple Freud, Klein, Winnicott) peuvent sembler organisées de manière verticale avec des parties socialement adaptées, construites de manière plus défensive en surface, masquant les parties sous-jacentes moins acceptables, parfois inconscientes, les théoriciens relationnels/interpersonnels contemporains sont en faveur d'un modèle horizontal. Ainsi que Donell Stern (2010) l'évoque : « L'esprit n'est pas ici une organisation verticale de matériel conscient et inconscient, mais un ensemble de self-states organisés de manière horizontale, chacun en relation dynamique avec les autres » (p. 139) 204 . Probablement l'expression la plus radicale d'une approche contemporaine du self interpersonnel se trouve dans le travail de Edgar A. Levenson (1972, 1991) : il fait fortement valoir la nature fondamentalement inextricable du self et de l'autre et considère que l'analyste et le patient sont inévitablement et inconsciemment impliqués l'un envers l'autre de manière fortement et affectivement chargée. Levenson est inlassablement post-moderne dans sa conviction selon laquelle toute tentative de définir ou d'expliquer quoi que ce soit au sujet d'une personne n'est qu'une perspective (par exemple d'une personne, d'une interaction, d'une expérience) et, en tant que telle, qu'elle soit organisée de manière défensive pour exclure d'autres perspectives qui pourraient contenir d'autres aspects essentiels d'une personne et de son expérience. C'est ainsi qu'il considère que les concepts psychanalytiques tels que le « self » sont des réifications de quelque chose d'inévitablement fluide, qui ne peuvent qu'être considérés comme appartenir à un « processus » ou un « contexte ». Le self de Levenson, comme le self-system de Sullivan, consiste en une variété de stratégies que nous employons pour négocier les dangers de notre monde interpersonnel. Ainsi, dans la démarche de trouver du sens dans notre monde, les personnes développent un schéma qui, s'il fonctionne, à tendance à être réutilisé. Pour Levenson, la relative rigidité ou flexibilité de ces schémas peut être un biais par lequel la psychopathologie peut se décrire. Il pense que le besoin de continuellement nous adapter à un ensemble de circonstances en constante mutation est responsable du développement de l'esprit à fonctionner dans un « système qui s’auto-organise » (Levenson, Hirsch, et Iannuzzi, 2005, p. 612). Levenson confirme : « [qu’] il y a quelque chose d'autonome dans la personne qui organise, qui vit, qui l'utilise et le retire et le réorganise ». (p. 613) 205 . Ainsi, Levenson considère que le self est un processus plutôt qu'une structure.

203 N.d.T. Citation traduite pour cette édition. 204 N.d.T Citation traduite pour cette édition. 205 N.d.T Citation traduite pour cette édition.

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