Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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VI. AUTRES DÉVELOPPEMENTS CONTEMPORAINS DU CONCEPT DU SELF SPÉCIFIQUES A L'EUROPE

VI. A. La contribution contemporaine de la relation d'objet britannique Christopher Bollas a longuement écrit sur le concept du self , ses origines, son expression, sur le sens du self . Influencé par le concept du « vrai self » de Winnicott, il l'a élaboré de manière unique. Dans ses écrits sur ce domaine, il se réfère souvent à la littérature, à la poésie et aux arts. Dans les Forces of Destiny (1989) ( Les forces de la destinée ) Bollas écrit que lorsque Winnicott propose le terme « vrai self ' » pour signifier un potentiel héréditaire qui trouve son expression dans l'action spontanée, il conceptualise un aspect de la relation psychanalytique (et de la vie) qui jusque-là n'avait pas été théorisée. La théorie du vrai self de Winnicott est pour lui juste un concept par lequel il est possible de décrire quelque chose de l'analyse dont nous pouvons avoir connaissance, mais que nous n'avions pas pu penser jusque-là. Dans ses écrits, Bollas élabore et précise ses propres pensées sur le vrai self , pour lequel il substitut progressivement le terme « idiome ». Il le fait en partie parce qu'il trouve que l'hyper usage d'un terme mène à une perte de sens par des sollicitations incantatoires, dévalorisant le potentiel impensé des mots (1992, p 64), mais aussi parce qu'il souhaite trouver son propre chemin dans ce domaine insaisissable. Dans le chapitre « La fonction multiple du psychanalyste » (1989) il écrit : « Le vrai self ne peut pas être entièrement décrit. Il s’apparente davantage au mouvement d’une musique symphonique qu’a l’expression d’une signification par des mots qui permettent d’isoler une unité de sens dans l’emplacement d’un signifiant [...] Chaque individu est unique, et le vrai self est un idiome organisateur que cherche à constituer son monde personnel à travers l’usage d’un objet. […] La construction d’une vie s’apparente quelque peu à une esthétique : c’est une forme qui se révèle dans la manière d’être d’un individu. » (1989, pp.109-10) Dans « L’objet transformationnel », de l'ouvrage The Shadow of the Object : Psychoanalysis of the Unthought Known (L’Ombre de l’objet : la psychanalyse de l’impensé connu ) (1987), Bollas explore les débuts de l'élaboration par le nourrisson de cette esthétique individuelle fondamentalement dépendante d'un environnement facilitateur. Si la mère ne répond pas sensiblement au geste spontané de l'enfant, ses expressions idiomatiques seront bloquées et remplacées par des fausses adaptations. Mais si elle est sensible au self émergent de l'infans, elle aura la capacité par des interactions conscientes et inconscientes subtiles avec son nourrisson, de répondre à la communication du vrai self de l'enfant. Dans « L’Ombre de l’objet », Bollas reste proche de la formulation de Winnicott selon laquelle le vrai self est la graine historique des dispositions instinctuelles et moïques de l’enfant (Bollas, 1987, p. 51), « le noyau du self » (p. 208), et tout en reliant le vrai self au concept du refoulement primaire de Freud, étant cette disposition héritée qui constitue le noyau de la

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