Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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personnalité, transmis génétiquement, comme un potentiel dans l’espace psychique, il place le vrai self tout au cœur du concept de « l'impensé connu » (p278). Dans « Les forces de la destinée » , Bollas (1989) explicite une différence cruciale entre le « destin » et la « destinée ». Il relie le destin au concept du faux self et à l'existence réactive, et la destinée à la réalisation du potentiel interne de la personne. Dans le chapitre « La pulsion de la destinée », il articule que ce sens de la destinée est le cours naturel du vrai self par le biais des formes variées de relations d'objet, et que la pulsion de la destinée émerge, le cas échéant, de l'expérience vécue de l'enfant, « parente de l’illusion de la créativité donnée par la mère » (1989, p. 54-55). Quand nous avançons dans la vie, notre idiome continue d'être articulé par nos choix et l’utilisation que nous faisons des objets. Dans « Being a Character : Psychoanalysis et Self Experience » (Être un caractère : la psychanalyse et l’expérience du self) (1992), Bollas élabore son image de l'idiome en tant qu’intelligence de la forme et ses idées de l'usage idiomatique de l’objet, qu'il avait commencé à décrire dans « Les forces de la destinée ». L'idiome, nous dit- il, qui donne forme à toute personne humaine, n'est pas un contenu latent de sens mais une esthétique dans la personnalité. (p. 64-65). Notre idiome est « notre mystère » (1992, p 51). Il ne peut être ni connu ni atteint par l'introspection. Nous n'irons jamais à la rencontre de notre vrai self en tant que tel ; jamais nous ne saurons ce que c'est, ni le nôtre, ni celui des autres, mais nous avons une perception intuitive de ses dérivés, de la même manière que nous ne pouvons avoir le sens de l'Inconscient que par ses dérivés. Bollas considère que l'idiome humain est articulé par le choix et l’usage qu’il fait des objets, dans le sens traditionnel du terme (où la réalité interne rencontre la réalité externe et où la question de ce qui survient de l'intérieur et de l'extérieur reste en suspens) et objectivement parlant, lorsque la personne rencontre la qualité de l’être même de l'objet, en dehors de la sphère de mécanismes projectifs, ce que Bollas appelle l' intégrité de l'objet. Bollas écrit que : « Si l'idiome donc est le ça ( it ) avec lequel nous sommes nés, et si sa jouissance est de s'élaborer par le choix des objets, un [ça] étant une intelligence de la forme plutôt que l’expression d’un contenu interne, son travail rentre en collision avec la structure des objets qui le transforment et par lesquels il acquiert ces contenus internes particuliers. Cette dialectique collisionnelle entre la forme humaine et la structure de l'objet est, dans le meilleur des cas, une joie de l'existence puisque nourrie par la rencontre » (Bollas 1992, pp. 59-60) 206 . Dans plusieurs cas, Bollas explicite le profond « sens du self ». Dans le chapitre « What is this thing called self ? » (« Quelle est cette chose que nous appelons le self ? ») de l’ouvrage Cracking Up – the Work of Unconscious Experience, (S’effondrer : le travail de l'expérience inconsciente ) (1995), Bollas considère le self comme un « sens distinct ». Le sens du self n'est que le potentiel de chaque personne, qui est née avec cette capacité de sens, qu'elle développera

206 N.d.T. Citation traduite pour cette édition.

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