Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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pulsions sont en quête de l'objet du point de vue du corps : « Sous l'emprise de désirs oraux et de la faim l'infans conjure en quelque sorte l'objet qui puisse satisfaire ces pulsions. Lorsque cet objet, le sein de la mère, lui est en réalité offert, il l'accepte et l'incorpore en fantasme 230 » (1942: 10). Robert Hinshelwood attire l'attention plus récemment sur le fait de l'expérience des objets internes, qui créent un monde animiste dans lequel tout [ce qui est animé et inanimé] éprouve et a des intentions (1989 : 75). L'attribution de l’intentionnalité à l'énergie psychique, aussi bien à la pulsion de vie qu'à la pulsion de mort s'applique, du point de vue de la perspective kleinienne, dès le début de la vie : « l'amour et la haine, les fantasmes, les angoisses et les défenses sont actives dès le commencement et, indissolublement liées ab initio aux relations objectales. » (Klein 1952a : 53). Selon Klein, depuis le commencement de la vie, le Moi introjecte les ‘bons’ et ‘mauvais’ objets, pour lesquels le sein de la mère en est le prototype (1935 : 262). Contrairement à Freud, pour lequel l'objet est toujours l'objet d'un but instinctuel, Klein fait le postulat qu’une relation à l'objet est un déterminant primaire de l'action humaine (1952a : 51). Cela s'applique autant à l'amour qu'à la haine, qui sont comprises en termes de relations de forces intentionnelles inhérentes dès le début. Dans le cas de l'attachement libidinal, Klein propose que les sentiments d'amour et de gratitude surviennent directement et spontanément chez le jeune enfant en réponse à l'amour et aux soins de sa mère (1937 : 311). Dans la même veine, les impulsions destructrices sont des manifestations de haine intentionnelle innée et du sentiment d'envie envers l'objet bon, tout-puissant (1959 : 249). Dans les premiers mois de son existence, l'enfant a des pulsions sadiques dirigées non seulement contre le sein de sa mère, mais aussi contre l'intérieur de son corps. (1935 : 262). Les notions freudiennes de ‘libido’ et ‘d'agression’ sont remaniées et deviennent des émotions directionnelles. A ce titre, Klein cherche à intégrer la théorie des pulsions à la théorie des relations d'objet : qu'elle représente les pulsions en termes de phénomène intentionnel signifie que c'est une théorie des origines et de la nature de l'objet. Cela soulève des questions concernant la constitution du psychisme, par rapport à l'équilibre des facteurs constitutionnels et environnementaux. L'équilibre des acteurs internes et externes, c'est-à-dire le complexe des éléments biologiques et personnels, ainsi que la nature de l'environnement au début de la vie, est exprimé de manières différentes selon les périodes des écrits de Klein. Tout au long d'un raisonnement constant, Klein fait état d'une connaissance inconsciente innée de l'existence de la mère (1959 : 248), les objets sont inhérents dans les pulsions et en ce sens sont relativement autonomes vis-à-vis des objets externes, en particulier, la mère de l'enfant. La connaissance instinctuelle, ou la préconception innée est ainsi la base de la relation première de l'enfant avec sa mère (1959 : 248). L'idée selon laquelle les premiers objets des pulsions sont véritablement des extensions des pulsions elles-mêmes, plutôt que de simples évènements relationnels, est soutenue à double titre. Klein présuppose en premier lieu que le désir libidinal est toujours le désir de quelque chose (intentionnalité des pulsions) et en second lieu que les relations d'objet sont déterminées par les mécanismes intrapsychiques de l'introjection-projection. « Par la projection, en tournant vers l’extérieur la libido et

230 Citation traduite pour cette édition (N.d.T)

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