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ce qu'une étude des relations d'objets puisse produire des résultats significatifs pour la psychopathologie (1943 : 60). En prenant pour point de départ la nature intentionnelle de la pulsion, Fairbairn suggère deux autres propositions : (i) Le but ultime de la libido est l'objet (1941 : 31 et passim ) ; et (ii) l' énergie est indissociable de la structure (1944 : 126). Ensemble, ces deux propositions fondamentales confortent une psychologie de la relation conçue sur la base d'une structure dynamique (1944 : 128), une psychologie qui non seulement reformule les principes scientifiques sous-jacents de la théorie classique de la pulsion, mais qui réoriente aussi le développement kleinien de la psychanalyse britannique vers un objectif entièrement relationnel. Ainsi, Fairbairn a construit le premier modèle théorique des relations d'objet cohérent, sur trois axes connexes : (i) une théorie originale du développement de l'enfant ; (ii) une théorie alternative de la structuration psychique ; et (iii) une psychopathologie des psychoses et des psychonévroses révisées. 1. Fairbairn développe un processus de développement qui est déterminé par le mode et la qualité de la relation à l'objet. Conçu en termes du critère relationnel de la maturité, le schéma développemental comprend trois stades : (i) le stade de dépendance infantile (qui est équivalent à la dépendance orale), caractérisée essentiellement par une attitude qui cherche à ‘prendre’, stade subdivisé en un stade préoral (incorporer, téter ou rejeter) et un stade ‘oral tardif’ ambivalent (incorporer, téter ou mordre) ; (ii) un stade transitionnel qui correspond à la vision d'Abraham (1924) des deux ‘phases anales’ et la ‘phase génitale précoce’ (phallique) et (iii) le stade de dépendance mature, définit essentiellement par une attitude qui cherche à ‘donner’, où les objets ‘acceptés’ et ‘rejetés’ sont extériorisés (1941: 39). 2. L'article de Fairbairn en 1944 sur la ‘structure endopsychique’ développe une théorie de la structuration fondée sur le schéma développemental. La vraie relation de l'enfant à la mère elle- même est soit ‘gratifiante’ ou ‘non gratifiante’. Le critère de gratification est fondé sur le besoin de contact plutôt que la satisfaction de la pulsion. En tant que tels, les aspects gratifiants de la mère sont vécus pendant le stade précoce de dépendance absolu par le Moi unitaire initial (le ‘Moi central’). Par ailleurs, il s'avère que la non-gratification concerne les incontournables expériences de frustration, et que le clivage du Moi se rapporte inévitablement au dilemme existentiel des êtres humains : une certaine mesure de clivage est inévitablement présent à un niveau psychique profond (1940 : 8). Le postulat selon lequel la position de base de la psyché est une position schizoïde semble emprunter explicitement la théorie de Klein. Bien que, comme Fairbairn (1944 : 81) lui-même le souligne, la théorie freudienne de l'appareil psychique a été développée sur la base d'une position dépressive et c'est sur une base similaire que Melanie Klein avait elle-même développé sa vision. En revanche, c'est la position schizoïde qui constitue la base de la théorie des structures mentales. De ce fait, Fairbairn décrit une situation de frustration émotionnelle dans laquelle l'enfant finit par sentir (a) qu'il n'est pas vraiment aimé pour lui-même par sa mère, en tant que personne et (b) que son propre amour pour sa mère n'est pas vraiment valorisé et accepté par elle (1940 : 17). C'est ainsi que la situation paraît fortement traumatique et qui mène à la formation d'un ‘mauvais objet’ et, en même temps, au transfert des relations humaines intimes
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