Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

Retour vers le menu

L'expérience clinique et les symboles de l'imaginaire (mythes, légendes, romans, etc.) révèle une grande variété de ces structures, certaines sont persécutoires, d'autres endommagées et déprimées. Dans certains cas, la genèse de la dépression semble se focaliser autour de l'objet mort-vivant, qui occupe une place d'importance fondamentale dans le monde de l'inconscient. Elle a, comme corolaire, un certain type d'objet idéalisé, tous deux distincts du Surmoi. Baranger souligne la rigidité de cette structure de l'objet et son assimilation difficile par le Moi. Prendre en considération l'existence antérieure d'une situation symbiotique importante entre le Moi et l'objet lui a permis de faire la lumière sur sa genèse. Baranger observe que de comprendre la tension qui existe entre le Moi appauvri et le Surmoi hypertrophié et sadique ne suffisait pas à provoquer un changement. Ce qui peut faire la différence est de prendre en compte la relation du self par rapport à son objet mort-vivant et son objet idéalisé, tous deux distincts du Surmoi. Dans les états dépressifs prolongés, le processus de deuil ne peut avoir lieu et le sujet reste lié, de manière plus ou moins cachée, à un objet qui ne peut ni revenir à la vie, ni mourir complètement. Une personne dans un état dépressif vit soumise à un objet mort vivant. C'est uniquement par le biais du travail analytique que cet objet se manifeste de plus en plus clairement, ce qui nous permet d'étudier sa structure et ses caractéristiques. Certains types d'objets morts-vivants ressemblent à des objets persécutoires : d'un côté, nous sommes face à une série de structures dans lesquelles se trouvent des objets moribonds que le Moi doit préserver à tout prix et de l'autre côté, des objets qui y figurent et entraînent un mélange d'angoisse dépressive et paranoïde dans le Moi/self. Parmi les nombreux objets morts-vivants que Baranger explicite, le type d'objet le plus important est l'objet moribond des états dépressifs. Ici, le sujet est ‘habité’ par un objet intérieur ‘presque mort’ « qui le maintient en esclavage et l'oblige à une activité de réparation stérile […] qui reste toujours à recommencer. Cette situation inconsciente détermine les angoisses dépressives liées aux objets extérieurs, tels la culpabilité, les inhibitions et autres défenses que nous trouvons dans les états dépressifs » (Baranger 1961-2). Dans des états de deuil et de dépression, il reconnait l'existence de deux différents objets, tous deux ambivalents, bien que différents dans leur structure et leur fonction. Tous deux s’alimentent du Moi, l'appauvrissent et conduisent le Moi à adopter une attitude masochiste. La fonction d'un objet mort-vivant est de contenir des fantasmes sadiques et de permettre de contrôler l'angoisse dépressive. Le second, l'objet idéalisé, « sert de refuge au Moi qui dépose en lui une partie de ses propres pouvoirs et de ses capacités réparatrices pour les préserver de son propre masochisme et du danger de sa propre mort. Le Moi, se sentant appauvri et fragile, recherche la sécurité en un objet fort et intensément vivant. » Cette observation se présente dans les manifestations transférentielles : l'analyste représente cet objet idéalisé et le Moi de l'analysant participe de manière symbiotique à la vitalité de l'analyste. Cette symbiose, qui n'a pas suffisamment été valorisée auparavant a conduit Baranger à la conclusion que l'une des bases du deuil pathologique correspond à une situation symbiotique antérieure du Moi avec l'objet perdu. Elle doit être différenciée de sa contrepartie schizo-paranoïde qui fonctionne essentiellement sur la base de l'identification projective, qui

651

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker