Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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est destinée à contrôler l'angoisse paranoïde et à éliminer toute ambivalence. Au contraire, la symbiose dépressive fonctionne par identification introjective ainsi que projective, et les parties du Moi et de l'objet, projetées ou introjectées, ont subi le processus particulier du clivage dépressif. En d'autres termes, l'objet idéalisé contient des aspects fragiles ou moribonds du Moi propre, au côté de ses pouvoirs vitaux (Baranger 1961-2). Cela s'observe dans le transfert, où la crainte, chez le patient dépressif, de perdre l'analyste, ou de le voir détruit, peut être intense, de sorte que le processus de porter l'analyse à sa conclusion peut soulever des problèmes aigus qui peuvent potentiellement provoquer des rechutes. VI. Ai. Carlos Mario Aslan : L'ombre de l'objet Freud n'ayant pas reformulé son ouvrage « Mourning and Melancholia » (« Deuil et mélancolie ») selon les postulats de la théorie structurelle et de la pulsion de mort, pour Aslan (1978) cela s'explique en partie par une certaine propension à éviter le concept de deuil dans la littérature et dans la culture psychanalytiques, où l'abandon de tous les rituels semble illustrer le déni de sa propre mort et de celle de ses proches. Ses nouveaux développements visent à soutenir la signification du deuil comme un ‘duel’ ou un combat, un processus persécutoire généralement rejeté en faveur du deuil en tant que dolus ou douleur. Pour lui, la différence nette entre l'introjection et l'identification, entre l'identification primaire et secondaire, entre les identifications temporaires et structurantes et le rôle central de la théorie des objets internes permettent une meilleure compréhension du deuil. Il précise également que la notion freudienne de l'introjection « pathognomonique » de l'objet après sa perte ne pouvait plus tenir, en affirmant plutôt qu'elle occupe une forte présence, une existence psychique dans le Moi, avant sa perte. Pour cette raison, il préfère utiliser le terme ‘objet interne’ plutôt que ‘représentation’. Il suppose que l'objet interne, contrairement à la représentation, reflète mieux la nature vivante, dynamique et relationnelle par rapport au Moi. Pour lui, la représentation, selon l'usage que nous en faisons, est davantage statique et photographique qu'un objet interne, contrairement à Vorstellung qui dénote également une représentation de théâtre. Dans cette même ligne de réflexion, Aslan déclare que ce qui est internalisé et voué à la perte est une relation d'objet, déterminée par le Self, un précipité des investissements pulsionnels dans les relations d'objet. Plus tard, Aslan (2003) décrit la synchronie et la diachronie du processus de deuil qui pourrait se jouer dans une représentation psychique de l'objet perdu, qu'il appelait l'objet interne, une structure complexe du Moi/Surmoi de qualités idéales préconscientes et inconscientes. Suite à la perte, un retrait libidinal immédiat de l'objet interne prendrait place et la dé-neutralisation de la pulsion de mort serait relâchée sous forme de destructivité contre le Moi et les autres, pendant le stade le plus persécutoire du deuil. Cela provoquerait une rapide détérioration du dit objet, potentiellement nuisible au Moi, qui est transitoirement identifié au mort dans ce que nous appelons les identifications thanatiques. Un processus défensif continu alors, dont le mécanisme central est un immense contre-investissement, une recharge libidinale de l'objet interne pour neutraliser la pulsion de mort. A partir de l'identification avec le mort, il y a une transition sur la crainte de la mort et à une identification excessive avec le mort.

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