Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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Pour de nombreuses écoles psychanalytiques contemporaines, le concept de conflit n'est pas complètement rejeté mais plutôt marginalisé et complété par le concept du déficit. Ainsi, le spectre de la compréhension psychopathologique, et donc la technique clinique, est déployé dans ce sens. Amplifier la compréhension psychopathologique, c'est-à-dire concevoir que la souffrance psychique n'est pas uniquement issue du conflit mais qu'elle est également organisée autour d'une structure du Moi blessé, permet tout autant le développement de l'approche psychanalytique classique. Bien qu'elles soient fondées sur la reconnaissance du conflit, de son interprétation et d'un travail d’élaboration, les stratégies analytiques qui s'inspirent des questions de déficit ne se basent pas sur une quête de sens refoulés, ni encore sur le dépassement des résistances, mais plutôt d'assister le Moi à trouver un sens et le sentiment que quelque chose puisse avoir une capacité d'être (Killingmo, 1989). Dans les différentes perspectives interpersonnelles, intersubjectives et relationnelles qui se sont développées pendant les trois dernières décennies, la focalisation s'est fortement portée sur la présence et la fonction des conflits d'origine intersubjective et interrelationnelle en interne ou externe, et dans de nombreux cas, transgénérationnelle. Les théories de la relation considèrent la force du conflit dans l'approche individuelle à la culture, sur de nombreux niveaux. Les conflits peuvent émerger lorsque les individus sont engagés, assujettis, ou quand ils résistent à l'environnement culturel. Cela devient particulièrement le cas lorsque l'individu habite, ou est habité par de nombreuses formes d'identités non-normatives et individuelles (l'origine, la classe sociale, la sexualité, le handicap, la culture et le genre). Les formes contestées en termes d'identification sont à l'avant-plan de nombreuses questions cliniques rencontrées avec des patients et sont exprimées par leur souffrance et leur difficulté par rapport à la matrice du transfert et du contretransfert. Dans son livre Relational Concepts in Psychoanalysis : An Integration , Mitchell (1988) a détaillé le concept de conflit dans le cadre de configurations relationnelles différentes d'expériences conflictuelles vécues avec des proches. Tout en déconseillant la simplification, il fit la remarque, plusieurs années après, dans une « Chronique » : « ...interpréter ma vision du conflit comme étant un conflit entre une personne et d'autres dans son environnement est une déformation déconcertante. En fait, l'un des aspects essentiels de mon livre de 1988 est de faire la distinction entre les théories relationnelles axées sur des conceptions développementales et les théories du conflit relationnel... 33 » (Mitchell, 1995, p. 577). Dans le travail de Dimen (2003), Layton (1998), Harris, (2005), Corbett (2001a, 2001b), Goldner (2003) et d'autres, le conflit se situe toujours à l'intérieur (de) et entre des systèmes politiques et personnels, sociaux et psychiques. A partir de cette perspective, influencée par le postmodernisme, le féminisme et la théorie queer, il existe un conflit inhérent entre d'une part les régimes de surveillance et de censure (et ceux) qui soutiennent l'individualité et la santé, et d'autre part la normativité et la liberté d'expression. Ces contradictions, qui en théorie politique sont parfois posées en termes de conflits de classes sociales, d'ethnicité, de culture ou de genre sont souvent actés par des conflits contretransférentiels de la part de l'analyste.

33 Citation traduite pour cette édition (N.d.T)

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