Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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important à la centralité de l'interprétation du transfert et elle indique une conséquence implicite importante de l'interprétation du transfert, c'est-à-dire l'analyse de la subjectivité.

IV. C. Donald W. Winnicott Le terme ‘ transfert ’ est pratiquement absent des titres des ouvrages de D.W. Winnicott, à l'exception de son article écrit en 1955-1956 intitulé « Clinical Varieties of Transference » (« Les variétés cliniques de transfert »). Le terme est également absent dans le titre du chapitre que Jan Abram a écrit : The Language of Winnicott: A Dictionary of Winnicott's Use of Words , 1996 [Le langage de Winnicott (Dictionnaire explicatif des termes winnicottiens.)] La façon dont Winnicott traite le transfert est digne d'une attention particulière en ce qu'il est intimement lié aux notions de cadre et de contre-transfert. Pédiatre à l'origine, Winnicott dirige ses réflexions analytiques à la relation mère- enfant. En prenant ses distances par rapport à la perspective kleinienne de la vie intrapsychique naissante du nouveau-né, il privilégie plutôt le tout premier environnement de l'enfant et étudie les interactions entre la mère suffisamment bonne et le nourrisson, ainsi que les phénomènes transitionnels qui s'y rapportent. Dans le traitement, le cadre analytique offre à l'analysant ce même type d'environnement contenant (« holding »), un environnement dans lequel le transfert et le contre-transfert se déroulent. C'est en se focalisant sur les carences dans ces premiers environnements (c'est-à-dire particulièrement les cas où la mère n'est pas en mesure de s'adapter aux besoins du petit enfant) que Winnicott développe sa notion du faux self, dont la fonction protectrice est de maintenir caché le vrai self mais qui entrave la mise en place d'un moi authentique. Il ouvre là une brèche dans le sentiment de « continuité d’être ». Ces patients, qui n'ont pas reçu ce type d'attention approprié à la petite enfance et dont le moi n'est pas conçu comme une entité distincte – c'est- à-dire ceux dans les cas d'état borderline, ou limite, et d'épisodes psychotiques au stade adulte – n'entreront plus dans le cadre descriptif des notions de névrose de transfert ou de levée du refoulement. Le concept de transfert nécessite d’être élargi, car « l'analyste est confronté au processus primaire du patient » , avec la brèche d'origine (1955-1956, p. 298). Dans les cas où le premier environnement comporte des carences, l'épreuve qui consiste à surmonter les carences doit avoir lieu dans la relation transférentielle. Une bonne adaptation de la part de l'analyste peut induire l'implémentation d'une dépendance intense du patient, de laquelle une confiance suffisante et un sentiment de sécurité, peut émerger, afin que l'expérience du trauma d'origine – l'agonie primaire de tomber dans le vide – peut être rejoué dans le transfert, et produire une transition du faux self au self authentique. Comme Winnicott l'indique (1963), il est impossible pour ces patients de se souvenir de quelque chose qui ne leur est pas encore arrivé, puisque le Moi de l'enfant était trop immature pour le vivre. Dans ce cas, le seul moyen pour le patient de se 'souvenir' est de faire l'expérience de cette chose passée pour la première fois au présent, c'est-à-dire dans le transfert. Une autre contribution spécifique dans le domaine de la théorisation du transfert que Winnicott a apportée est celle de la destructivité. Dans « The Use of an Object and Relating

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