Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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Dans certains de ces travaux sur le fonctionnement psychotique, Bion fait la distinction entre les parties de la personnalité psychotiques et non-psychotiques. Ainsi, il développe le concept d'identification projective détaillé initialement par Melanie Klein, en référence à la notion de transfert des composants destructifs clivés projetés sur l'analyste à laquelle il donne un autre sens : celui de la profonde communication affective qui a lieu normalement entre la mère et le bébé. La rêverie maternelle accueille et transforme les éléments sensoriels et émotionnels bruts et par cela les rend aptes à être tolérés et pensés par le bébé. Grâce à Bion, l'identification projective et la relation contenant-contenu donne un sens clé à la compréhension du transfert ( cf. entrée : CONTENANT-CONTENU). Bion considère que le type de transfert qui a lieu chez les patients schizophrènes reflète le conflit entre la pulsion de vie et la pulsion de mort, ce qui fait que la relation à l'analyste est ‘prématurée’ et ‘précipitée’ dans la mesure où les pulsions destructrices violentes et la haine de la réalité interne et externe sont à l'avant-plan (Bion 1967 [1956]). Ce que l'analyste- archéologue dévoile, par conséquent, ne consiste pas en des traces d'une civilisation ancienne mais une catastrophe primaire enracinée dans des carences inhérentes aux premiers liens avec la mère, et la terreur sans nom qui en découle, réactivées dans le transfert par les attaques sur la capacité de pensée et pour une meilleure tolérance à la souffrance psychique. La nature persistante du transfert psychotique (ibid.) est en contraste avec son manque de profondeur, sa labilité et son extrême variabilité : tout changement se reflète dans le transfert de manière indifférenciée, l'accès au sens est compromis, si ce n'est anéanti par les attaques sur le lien qui empêchent toute conscience et lien à l'objet. Les aspects sensoriels de l'interprétation, l'intonation de la voix et autres caractéristiques matérielles du cadre, sont ainsi utilisés par le patient au détriment de l'interprétation elle-même. Bion souligne que les éléments du transfert se trouvent dans cet aspect particulier du comportement du patient qui révèle sa prise de conscience de la présence d'un objet qui n'est pas lui-même. Aucun aspect de son propre comportement ne peut être négligé. Avec la « grille », Bion envisage un système de notation et de recueil de données de l'expérience analytique, qualifiée d'expérience émotionnelle. Le transfert peut ainsi être représenté par l'une des catégories de la grille, qui clarifie le lien K (connaissance) entre l'analyste et le patient, un lien qui existe parmi les liens de base de la vie psychique, ainsi que les liens L (amour) et H (haine). D'un point de vue freudien, le transfert comporte, selon Bion, une transformation linéaire ou rigide « comme un mouvement de sentiments et de pensées d'une sphère d'application à une autre [qui se produit sans altération de signification] » (1965: p. 19). Les sentiments et les pensées relatifs à la sexualité infantile et le complexe d'Œdipe et ses dérivés sont transférés avec une complétude et une cohérence spécifiques à la relation avec l'analyste. Cette transformation implique peu de déformation. Ces transformations sont spécifiques à la partie non-psychotique de la personnalité, elles font référence à une « linéarité » qui relève de ce qui est transféré par le patient sur l'analyste. Lorsque des mécanismes psychotiques attachés à une catastrophe psychique primitive, et à la partie du psychisme la plus archaïque, sont impliqués dans l'analyse, les champs de projection sont multipliés et les attaques contre la fonction alpha, si ce n'est contre la totalité

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