Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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» de l'histoire du patient aura autant de poids que ce qui est ramené à la vie par le transfert. Cette optique considère que le transfert est l'une des formes de résistance les plus puissantes, et l'instrument le plus efficace du travail d'élaboration analytique. Alors que le transfert est une forme de résistance dans ce qui tend à la répétition dans la relation avec l'analyste, au lieu de ce qui tend à se remémorer, le terme se « remémorer » représente ici non pas le processus de retrouver des souvenirs mais plutôt de se reconstruire sa propre psyché. (Scarfone, 2011) Scarfone identifie deux types de transferts. Le premier est un transfert positif de base par rapport à l'analyste, un professionnel de confiance que l'on considère au service des intérêts à long terme du patient. C'est ce que Freud appelait un transfert « paternel », mais ce n'est pas ce qu'il y a de plus important. Ce qui est le plus important est que sans ce transfert de base, l'analyse n'est pas possible. (Dans le vocabulaire américain, c'est ce qui forme la base de l'alliance thérapeutique, ou alliance de travail thérapeutique [« therapeutic and working alliance »]). Le transfert positif ne constitue pas une résistance et n'est pas à interpréter. Non soumis à l'interprétation, il lui appartient de travailler en faveur du processus d'analyse en continu. Le second type de transfert est qualifié de « transfert proprement dit » (« transference proper »), c'est-à-dire le transfert qui constitue en lui-même la résistance, que ce soit un transfert négatif (« hostile ») ou « positif » (par exemple fortement érotique ou passionné). Ce transfert proprement dit se divise lui-même en deux sous-classes que l'on retrouve chez Freud : d'une part, les « prototypes » que Freud a décrits dans son article de 1912 (Freud, 1912) et d'autre part le type transférentiel d’une « […] alerte au feu pendant une représentation théâtrale » dont il a précisé le processus dans son article de 1915. Alors que le premier parle de reproduire quelque chose qui s'est déjà formé et qui est prêt à être projeté sur l'analyste, dans le second il s'agit d'un évènement sans précédent : le patient ne veut plus de l'analyse, ni ne souhaite « savoir » quoique ce soit au sujet du « sens ». La différence entre les deux est plus claire, si nous disons, comme Laplanche, que nous avons : Dans le premier type de transfert – le transfert « en plein » – le patient a tendance à répéter ce qui était déjà notable dans ses propres relations passées avec des proches. Ce type de transfert se prête bien trop facilement à des interprétations (par exemple : « vous rejetez mes interprétations tout comme vous avez rejeté les conseils de votre père… ») et ne nous mène pas très loin dans le cœur du problème. Dans le second et plus important type de transfert, un transfert « creux » (ou « en creux »), où ni le patient, ni l'analyste ont la moindre notion de ce qui est répété : l'analysant vit le fait d'être confronté aux énigmes qui l'ont intrigué dans le passé. Ce qui est « répété » n'a jamais vraiment été vécu jusque-là de manière subjectivement compréhensible. Cette notion est très proche, si ce n'est identique, à ce que Winnicott soulève, dans son célèbre article « Fear of Breakdown » (« La crainte de l'effondrement ») (Winnicott, 1974 ; voir aussi Clare Winnicott, 1980) c'est-à-dire que quelque chose a eu lieu, dans le passé, mais au moment de sa survenue il n'y avait pas eu de « je » pour l'enregistrer. En conséquence, elle doit être vécue dans l'analyse pour la première fois afin de devenir un évènement du passé. Celle-ci est donc la forme la plus

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