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proches entre eux : le tout internalisé sera réexternalisé encore, de façon verbale et non verbale, dans l'analyse. Par analogie, la situation analytique, ainsi que les transferts et contre-transferts émergents, s'apparentent à une pièce de théâtre mise en place par le patient, où l'analyste corédige le scénario que le patient écrit jusqu'à ce que, par son autonomisation progressive, l'analysant prenne la relève de sa propre interprétation du scénario. (Loewald, 1975). VI. B. L'influence de Heinrich Racker à l'évolution du concept en Amérique du Nord Alors que la psychologie du Moi nord-américaine dominait en grande partie la psychanalyse dans cette région du monde, les études fondatrices argentines de Heinrich Racker sur le contre-transfert ont été chaleureusement accueillies par l'école nord-américaine interpersonnelle de Harry Stack Sullivan. Les premières études publiées de Racker (1953, 1957, 1958b) ont mis l'accent non seulement sur l'ubiquité du contre-transfert et sa nature continue mais, plus important encore peut être, sur ses aspects interpersonnels ou relationnels. Il y ajouta également les dimensions essentielles développementales et génétiques (c'est-à-dire individuelles-historiques). Pour Racker, les transferts et les contre-transferts dans la situation analytique sont par nécessité dyadiques, ils impliquent les sentiments, les fantasmes, les pulsions et les mémoires inter-pénétrants aussi bien du patient que de l'analyste, ainsi qu'un impact mutuel sur les interactions de l'un par rapport à l'autre. Dans cette optique, le transfert et le contre-transfert sont positionnés en termes de relations d'objet, particulièrement dans la répétition de ces relations précoces ; les termes « complémentaire » et « concordant » y sont introduits, pour décrire les schémas typiques de réciprocité. Le travail de Racker et sa vision du transfert/contre-transfert et leur inséparabilité a fait son chemin progressivement dans le courant « mainstream » nord-américain, au point qu'il est difficile d'obtenir un accord favorable si l'on souhaite faire publier un article clinique dans le Journal of the American Psychoanalytic Association (la revue de l'Association psychanalytique américaine) s'il ne contient pas au moins un descriptif clinique minimal de la dimension transfert/contre-transfert dans le manuscrit. L'intégration de l'implication des deux personnes dans le transfert/contre-transfert a contribué à une certaine convergence des points de vue de l'école relationnelle/interpersonnelle avec celles de l'école de la théorie « moderne du conflit », bien que des différences fondamentales subsistent, comme nous allons le développer ultérieurement. Les décennies des années 1970, 80 et 90 ont néanmoins été qualifiées, et à juste titre, d'« années du contre-transfert » (Jacobs, 1999, p. 575). Jacobs a bien identifié le contre- transfert, un concept « longtemps resté dans l'ombre, dont les problématiques qui ont émergé font désormais partie des débats et des discussions les plus actives en psychanalyse » 254 . Il est aujourd'hui difficile, mais en aucun cas impossible, de parler du transfert sans faire référence à son partenaire. Ce fut une évolution radicale, un changement de paradigme peut-être. Le point de vue selon lequel le transfert est la répétition des relations passées, portées dans le présent, et surtout dans la relation analytique, bien que modifiées de différentes façons
254 Citations traduites pour cette édition (N.d.T)
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