FNH N° 1053

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 3 FÉVRIER 2022

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de l’aéroport Entebbe. La clause, qui impose à l’autorité de l’avia- tion civile de déposer la totalité de ses revenus sur un DSRA, est en cours de renégociation entre les deux parties. Enfin, on reproche au finance- ment chinois d’être condition- né par un règlement des litiges dans les tribunaux chinois. Ces derniers manqueraient de juris- prudence en termes de litiges internationaux. A cela, on peut répondre que la jurisprudence se construit par le temps. La Chine pourrait faire jouer son hub de Hong-Kong, en le proposant comme terrain d’arbitrage. Même si, en réalité, les arrangements à haut niveau permettent de rené- gocier la dette pour éviter les défauts, sans recourir aux tribu- naux. On reproche aussi au finance- ment chinois de comporter des clauses d’exclusion du Club de Paris. Il s’agit là d’un groupe de créanciers publics qui s’oc- cupent de restructurer les dettes des pays en difficulté. Difficile de répondre à ce reproche. D’un côté, les Chinois perçoivent cette organisation comme une énième institution occidentale dans laquelle ils n’ont pas leur place. De l’autre, les occidentaux reprochent - à raison - à la Chine de s’exclure d’une instance mul- tilatérale qui a fait ses preuves pour gérer les restructurations complexes. Au final, les occidentaux sont dérangés par l’influence crois- sante de la Chine sur le conti- nent. Sur les deux dernières décennies, la Chine a contribué à la construction de 13.000 kilo- mètres de routes et de voies fer- rées, 80 installations électriques à grande échelle, 130 installa- tions médicales, 45 sites sportifs, et plus de 170 écoles. Chacun des camps, les occiden- taux et les Chinois, défend ses intérêts. On ne peut pas repro- cher à la Chine l’étendue de son investissement sur le continent, mais on peut pointer du doigt certaines clauses contractuelles

qui mériteraient d’être revues. Dans cette discussion, on parle souvent des occidentaux, et des Chinois qui se font concurrence sur le continent, mais quid des Africains ?! C’est d’abord aux gouvernements du continent de défendre les intérêts de leurs patries lors des négociations. Ils

sont le premier rempart, qui se doit de protéger leurs nations. Ils se doivent de faire jouer une concurrence saine, entre les dif- férents organismes de finance- ment, pour obtenir les meilleures conditions. Inutile de trancher pour l’un ou l’autre des camps, car toute aide au développement

est la bienvenue, à condition qu’elle soit construite dans un esprit sincère de codéveloppe- ment. ◆ (*) : Omar Fassal travaille à la stratégie d’une banque de la place. Il est l'auteur de trois ouvrages en finance et profes- seur en Ecole de commerce. Retrouvez- le sur www.fassal.net.

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