FNH N° 1053

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POLITIQUE

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JEUDI 3 FÉVRIER 2022

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Partenariat Afrique - Europe Les malentendus des politiques migratoires L e VIème sommet Afrique-Europe est prévu les 17-18 février cou- rant à Bruxelles. Le thème central ? Le partenariat dans ses mul- tiples facettes. Un rendez-vous Par Mustapha SEHIMI Professeur de droit, Politologue

préparé activement par le Belge Charles Michel, président du Conseil européen. Le chef d'Etat français, Emmanuel Macron, préside pour ce premier semestre l'UE, tandis que Macky Sall, son homologue sénégalais, va représenter l'Afrique en sa qualité de nouveau président de l'UA. Que faut-il attendre de ce rendez-vous ? Du côté de Bruxelles, les thèmes suivants ont été retenus dans l'ordre du jour: his- ser les relations à un niveau supérieur, définir les priorités clés de l'avenir, baliser les orientations politiques et stratégiques, soutenir les solutions africaines et les défis africains, enfin aider davantage l'Afrique dans la lutte contre la pandémie Covid-I9. Oui, sans doute. Mais qu'en sera-t-il pour ce qui est d'autres domaines: développe- ment social et humain, éducation, transi- tion verte, accès à l'énergie verte, trans- formation numérique, etc. Et la question migratoire ? Elle sera abordée, mais l'on attend, en Afrique, qu'elle soit bien clas- sée comme prioritaire. C'est en tout cas la position du Maroc. Et le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a tenu à le souligner ces derniers jours. Dans une allocution pro- noncée par visioconférence, lors d'une réunion de haut niveau sur «La migration et la mobilité dans le partenariat Afrique– Europe» organisée par la Fondation Afrique Europe, il a tenu à bien cerner la problématique : «Si la migration consti- tue un enjeu commun, les intérêts qui y sont liés restent souvent contradictoires». Et d'ajouter que pour que les intérêts puissent converger, «il faut dissiper les malentendus qui entourent le phénomène migratoire...» Pas de relation asymétrique Quels sont aujourd'hui les termes de référence de ce grand dossier ? Il faut le

dire tout net : il y a bien des malentendus. La migration constitue un enjeu commun pour les deux continents - ce n'est guère contestable. Mais qu'en est-il des intérêts qui y sont liés ? C'est évident : ils ne sont pas convergents; ils sont même contra- dictoires… Et pour surmonter cette situation, que faire ? Mettre au net les vrais problèmes et dissiper ainsi les incompréhensions, les préjugés et les malentendus. Pour cela, il importe d'œuvrer à une meilleure connaissance du phénomène migratoire: les flux des pays de départ aux pays de transit jusqu'aux pays d'accueil - des chiffres, des données objectives au plus près. Alors, l'on verra mieux ceci : que la crise n'est pas migratoire, mais politique. Une conclusion qui tranche avec un cer- tain discours polémique, d'instrumentali- sation électoraliste, par des groupements qui en font leur fonds de commerce. Le deuxième malentendu intéresse, lui, les objectifs des politiques migratoires. La migration est aussi vieille que le monde. L'on ne peut arrêter en effet les flux migratoires. Même une pandémie ne peut rien y faire. La migration est bel et bien un phénomène historique, naturel, lié à l'histoire et à la mobilité des hommes et

des populations. Le troisième malentendu regarde plutôt la méthode. Cela veut dire quoi ? Que les clés de la politique migratoire ne doivent pas être confiées aux passeurs et à des réseaux criminels. Il faut en effet se pré- occuper de ce qui relève des voies d'ac- cès légales à l'Europe. Le fléau, ce n'est pas donc la migration, mais autre chose : la traite des migrants. Un marché écono- mique et financier qui est la 3 ème source de profits des organisations criminelles. Comme l'a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, «il faut recon- naître que la migration n'a pas besoin de stratégies palliatives et immédiates» , mais d'autre chose : «des mesures créatives et ingénieuses déclinées sur le court, le moyen et le long terme». Il faut le préciser: la migration, ce n'est pas - comme on le soutient souvent en Europe - la gestion des frontières; elle est aussi la promotion et l'organisation de la mobilité légale. Entre l'Afrique et l'Europe, la gestion migratoire doit s'inscrire dans le cadre d'une véritable coopération, pas dans celui d'une relation asymétrique. Et même pratiquement à sens unique. Comme l’a rappelé Nasser Bourita, le continent veut faire de la migration «la

La migra- tion est bel et bien un phénomène historique, naturel, lié à l'histoire et à la mobilité des hommes et des popu- lations.

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