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BOURSE & FINANCES
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 14 JANVIER 2021
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◆ Il n’existe pas de stratégie optimale de sortie d’une crise d’une telle ampleur. ◆ Hormis la recapitalisation et lorsque la vente directe des actifs douteux se trouve restreinte par le manque de liquidité des acheteurs potentiels, la défaisance peut être l’une des options. ◆ Toutefois, le droit marocain n’a pas prévu la cession de dettes et n’organise pas un régime juridique autonome en la matière. ◆ Tour d’horizon avec Nawal Ghaouti, avocate au Barreau de Casablanca et dirigeante du cabinet Ghaouti Nawal Lawfirm. Pourquoi le projet de Bank Al-Maghrib risque de tarder Mécanisme de défaisance
Propos recueillis par M. Diao
Finances News Hebdo : Selon vous, pourquoi est-il opportun dans cette période de crise de mettre en place au Maroc des structures publiques ou privées de défaisance ? Nawal Ghaouti : Tous les experts s’ac- cordent à dire que la crise liée à la pandé- mie de la Covid-19 est totalement inédite tant par sa globalité que par ses effets dévastateurs sur l’ensemble des économies mondiales pour un temps non encore défini. Néanmoins, l’expérience due aux erreurs liées à la lenteur ou à l’inadéquation des différentes stratégies de sortie de la der- nière crise de 2008, a permis cette fois une réaction rapide et massive des banquiers centraux, conjuguée à celle des Etats. Ces derniers ont multiplié les aides aux ménages et prêts aux entreprises tout en gardant un œil attentif et inquiet sur leur système finan- cier. Il était admis de concevoir, depuis une date récente, que certains établissements bancaires pourraient faire faillite mettant à mal le fameux adage «Too big to fail». Le cabinet McKinsey avait même publié fin 2019 une étude qui révélait dans le détail qu’un tiers des institutions financières mon- diales étaient en voie d’être mises en défaut dans les mois qui suivraient, sans provo- quer de vifs émois. Mais, en 2021, aucun gouvernement ne peut envisager un tel scenario dont l’issue serait fatale par effet domino à l’ensemble de son économie, en raison des difficultés étendues à toutes les institutions financières dans le même temps.
L’idée de regrouper les actifs illi- quides des banques et créances dou- teuses dans une structure spécifique communé- ment appelée «Bad Bank» ou structure
de canton- nement et
Paradoxalement, l’arrêt quasi total des acti- vités commerçantes dû au confinement et mesures sanitaires n’a pas entraîné la vague de défaillances d’entreprises attendue dès l’été 2020. Les divers crédits garantis par l’Etat ont amorti pour un temps le choc de trésorerie qui est venu aggraver la situation déjà fragilisée, il faut le dire, de bon nombre de sociétés marocaines. Cependant, les
perspectives pour le premier semestre sont pessimistes. On attend une vague impor- tante de faillites des entreprises qui risquent d’entraîner de lourdes difficultés pour les banques qui les ont soutenues. De manière étonnante, depuis mars dernier, aucun texte règlementaire ou législatif n’est venu amen- der pour un temps, fut-il provisoire, le livre V du Code de commerce afin de permettre
chargée de les liquider n’est pas nouvelle.
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