Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 17 juillet 2025 - 8 DH - N° 1204
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
Vicenne Une IPO massivement sursouscrite
Green Assets Cluster Le pari marocain pour structurer l’économie du carbone en Afrique
P.22 à 24
P. 10/11
● Dans un entretien accordé à FNH, la ministre de l’Économie et des Finances revient sur la dynamique actuelle de l’économie marocaine, les leviers de croissance, ainsi que les perspectives de réforme du marché des capitaux.
P. 8/9
VTC Abdelouafi Laftit sort le carton rouge
Un marché en plein boom, mais miné par l’illégalité Compléments alimentaires
CRI-CRUI Une réforme ajustée aux réalités locales
Entretien avec Abdelmajid Belaïche, expert en industrie pharmaceutique.
P.14/15
P.18
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Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
SOMMAIRE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 17 JUILLET 2025
Voyons voir : Au pouvoir… jusqu’au dernier souffle Ça se passe au Maroc Ça se passe ailleurs 4 5 6 ACTUALITÉ Point Bourse Hebdo : Le marché aux portes des 19.000 points et des 1.000 Mds de DH Entretien avec Nadia Fettah Alaoui : «L’économie marocaine franchit un nouveau palier» Vicenne : Une IPO massivement sursouscrite, qui a attiré 40% de primo-investisseurs Bourse : Plaidoyer pour un changement de rythme des IPO Vieillissement - Précarité - Informel : L’Afrique face au mur des retraites 7 8 10 11 12 BOURSE & FINANCES
20 L'UNIVERS DES TPME
Editorial
Entretien avec Said Tahiri : Indusnov Solutions, «Nous proposons des services de maintenance prédictive»
Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication
Croissance
A Entre espoir et promesses
Entretien avec Mohamed Boiti : Green Assets Cluster, Le pari marocain pour structurer l’écono- mie du carbone en Afrique 22 DEVELOPPEMENT DURABLE
l’heure où l’économie mondiale tourne au ralenti, engluée dans des guerres commerciales et les tensions géopolitiques, le Maroc, lui, avance. Discrètement. L’économie nationale trace en effet son chemin, non sans soubresauts, mais avec une constance qui force l’attention. Avec une croissance attendue de 4,4% en 2025, puis de 4% en 2026, selon les projections du haut-commissariat au Plan, le Royaume fait donc mieux que résister, avec en toile de fond le redressement de l’activité agricole. Après plusieurs campagnes marquées par la sécheresse, les précipitations du printemps dernier ont reverdi les espoirs. La production céréalière bondit, l’éle- vage reprend des couleurs et les cultures printanières retrouvent leur éclat. Le secteur agricole devrait ainsi croître de 4,7% en 2025, avant de ralentir un peu l’année suivante. Ce n’est pas encore le grand retour de la prospérité rurale, mais c’est un pas dans le bon sens. Les activités non agricoles, quant à elles, poursuivent leur belle dynamique. Industrie chimique tirée par les engrais phosphatés, BTP soutenu par les chan- tiers d’infrastructure liés à la CAN 2025 et au Mondial 2030, tourisme porté par une fréquentation en hausse et des politiques de promotion plus agressives… : le tissu économique marocain prouve qu’il a de la ressource. Et pourtant, tout n’est pas si rose. L’appétit de croissance génère une hausse des importations. Le déficit commercial se creuse, flirtant avec les 20% du PIB. Le déficit courant suit la même pente. L’économie marocaine consomme plus qu’elle ne produit, et le succès des exportations, notamment d’engrais, ne suffit donc pas à compenser le volume des achats extérieurs. La demande intérieure, quant à elle, reste robuste. Portée par la revalorisation salariale, les aides sociales et la vigueur de la consommation des ménages, elle demeure le véritable moteur de la croissance. L’investissement public et privé affiche un bon cru, mais derrière cette vitalité, une problématique persiste : celle du rendement. Car l’investissement, aussi massif soit-il, reste peu productif. L’ICOR, cet indicateur qui mesure l'efficacité de l'investissement, demeure bien trop élevé, s’élevant à 6,1 sur la période 2000-2009, avant de se dégrader signi- ficativement pour atteindre 12,5 entre 2010 et 2019 et 11,8 entre 2010 et 2023. Et sur le front de l’emploi, le constat est tout aussi préoccupant. Le Maroc peine à traduire sa croissance en création massive d’emplois. Sur la période 2000-2009, chaque point de croissance générait en moyenne 30.000 emplois nets. Mais entre 2010 et 2019, ce ratio a chuté à environ 20.000. Pire encore, malgré la reprise économique enregistrée entre 2021 et 2024 (avec un taux de croissance moyen de 4,4%), la création nette d’emplois est restée insuffisante pour compenser les pertes enregistrées lors de la crise sanitaire de 2020. Cette année-là, l’économie marocaine a perdu plus de 432.000 postes. Depuis, les créations d’emplois ne parviennent pas à combler ce déficit. Cette faiblesse structurelle interroge pro- fondément la nature même du modèle de croissance national et révèle un tissu productif encore peu intensif en emploi. Bref, l’économie marocaine avance, mais elle le fait encore à cloche-pied. Elle croît, mais ne décolle pas. Elle investit, mais sans toujours produire mieux. Elle consomme, mais importe beaucoup. Elle crée de la valeur, mais sans suffisam- ment d’emplois. Autrement dit, la croissance continue de nourrir l’espoir, sans pour autant toujours tenir ses promesses. u
ECONOMIE
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Conjoncture : Une croissance solide malgré les vents mondiaux contraires Entretien avec Abdelmajid Belaïche : Compléments alimentaires, Un marché en plein boom, mais miné par l’illégalité CRI-CRUI : Une réforme ajustée aux réalités locales Importations céréalières : Les besoins du Maroc en blé estimés à 6 millions de tonnes VTC / Abdelouafi Laftit sort le carton rouge Foncier public : Un levier important pour booster l’investissement
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26 Blockchain : Le Maroc avance, bâtit et innove HIGH-TECH
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• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal
• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage 5.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
VOYONS VOIR
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 17 JUILLET 2025
Paul Biya
Au pouvoir… jusqu’au dernier souffle
Par D. William J e suis candidat à ma propre succession». La phrase, froide, a été sobrement postée sur le compte X de Paul Biya, le dimanche 13 juillet. Le président camerounais, 92 ans, a donc décidé de briguer un huitième mandat. Un de plus. Un de trop ? Depuis 1982, l’homme occupe le sommet de l’Etat. Quarante-trois années de règne. Autant dire une éternité à l’échelle de la vie politique moderne, surtout dans un pays où 62% de la population ont moins de 25 ans et n’ont connu que lui comme président. On aurait pu croire que l’âge, la lassitude et sim- plement le bon sens viendraient tempérer ses ardeurs. Il n’en est rien. Paul Biya s’accroche encore, malgré ses longues absences, ses rares apparitions et ses silences abyssaux. Et pourtant, le Cameroun continue de tourner autour de sa figure. Inlassablement.
Et pourtant, les signaux sont clairs. Le continent est traversé par un vent de colère, car cette obstination à gouverner jusqu’au dernier souffle a rarement produit des lendemains heureux. Ces dernières années, le bruit des bottes a en effet remplacé celui des urnes dans une série de coups d’Etat qui ont secoué le Sahel et l’Afrique centrale : Gabon (30 août 2023), Niger (26 juillet 2023), Burkina Faso (24 janvier et 30 septembre 2022), Soudan (25 octobre 2021), Guinée (5 sep- tembre 2021) et Mali (18 août 2020). Les motifs évoqués sont souvent les mêmes : des élections biaisées, des présidents usés et une population désabusée. Et puis, une nuit, des militaires prennent le micro et annoncent qu’ils viennent « sauver la démocratie». Au Gabon, le dernier en date, Ali Bongo, héri- tier d’un pouvoir familial vieux de 55 ans, a été remercié sans effusion de sang. Fils de président, lui-même président, puis président déchu. Un putsch «propre», accueilli par les vivats de la foule qui ont rendu inaudible son lamentable «make noise», appel au secours lancé à ses soi-disant «amis». Alors, Paul Biya espère-t-il vraiment mourir pré- sident ? Croit-il pouvoir, par la force de l’habi- tude, déjouer l’usure du temps ? Peut-être. Mais, concrètement, ce huitième mandat, s’il se concrétise, sera-t-il bien différent des pré- cédents ? Pas du tout sûr. Pourtant, d’un côté, les partenaires étrangers, longtemps tolérants, s’impatientent. De l’autre, les jeunes camerou- nais, même désabusés, attendent et veulent le changement. C’est pourquoi la parole se libère de plus en plus sur les réseaux sociaux, où la moindre sortie présidentielle déclenche sarcasmes et moqueries. Biya est l’un des rares hommes d’Etat dont on guette plus souvent les signes vitaux que les discours officiels. Bref, il fut un temps où les anciens présidents africains prenaient leur retraite dorée sur une plage, en ambassadeur. Aujourd’hui, certains refusent toute alternance, toute transmission et tout partage au nom, arguent-ils, de la stabilité politique, avant d’être rattrapés par le vacarme du peuple ou le claquement des fusils. On ne quitte plus le pouvoir, on y est arraché. Et cette réalité, aussi glaçante soit-elle, devrait faire réfléchir tous ces dirigeants qui s’y agrippent. Parce que les peuples finissent toujours par se réveiller. Les armées aussi. ◆
attente. Celle d’un départ qui n’arrive jamais. Et pendant ce temps, le Cameroun tangue. L’économie bat de l’aile, le chômage des jeunes frôle des sommets indécents (74%, selon la Commission de l'éducation à l'Assemblée natio- nale) et l’accès à l’eau potable ou aux soins reste un luxe dans bien des régions. A cela, s’ajoute la crise dans les zones anglo- phones, avec des affrontements meurtriers qui poussent de nombreux habitants à l’exode. L’Afrique et ses présidents éternels La candidature de Paul Biya n’est ni une surprise ni un cas isolé. Elle est le propre de certains pays africains où l’alternance reste une anomalie et la longévité une vertu politique. En effet, l’Afrique contemporaine, c’est aussi le continent des diri- geants indéboulonnables. Son voisin de la Guinée Equatoriale, Teodoro Obiang Nguema, 83 ans, est au pouvoir depuis 1979, soit 46 ans. Yoweri Museveni (81 ans), en Ouganda, dirige le pays depuis quatre décennies et vise un septième mandat. Le défunt président zimbabwéen Robert Mugabe avait atteint les 93 ans avant d’être chassé comme un malpropre en 2017. Dans ces pays, le pouvoir est presque vu comme un patrimoine à transmettre à la des- cendance par des dirigeants qui ont en commun l’impossibilité d’imaginer une vie en dehors des fastes et du confort du palais présidentiel. A ce stade, on ne parle plus d’ambition politique, mais d’une véritable pathologie du pouvoir. oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)
Dans ce pays riche de sa jeunesse, doté de res- sources naturelles abondantes, mais rongé par la pauvreté, le pouvoir a cessé d’être un instru- ment au service du développement économique pour devenir un mécanisme de survie. Clientélisme, corruption, népotisme et verrouil- lage du débat public : le système Biya s’est lentement fossilisé, jusqu’à ne plus laisser place à aucune alternative. L’opposition camerounaise reste divisée, souvent engluée dans des que- relles d’ego et incapable de s’unir autour d’un projet commun. Il n’y a pas de dauphin. Pas de débat structurant. Seulement une longue
ÇA SE PASSE AU MAROC
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 17 JUILLET 2025
Aides sociales directes
Révision du seuil d'éligibilité L e ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, a fait savoir à la Chambre des représentants que 98,4% des demandes d’aide sociale directe ont été acceptées en juin 2025, tandis que 1,6% ont été rejetées en raison de changements familiaux ou de la perception d’autres aides publiques ou privées. Il a ajouté que le gouvernement envisage de revoir à l’avenir les modalités d’application du seuil d’éligibilité, en élaborant des cri- tères plus précis et plus réalistes qui reflètent la situation socioéconomique des citoyens. Il note par ailleurs que le
Indicateurs économiques
déploiement du programme se déroule de manière fluide au profit des catégories éligibles et des personnes déclarant correctement leur situation. Il a également insisté sur l’importance de garantir la transparence et l’équité dans l’accès à cette aide et de l’octroyer à tous ceux qui la méritent. L'aide sociale directe constitue l’un des piliers du projet royal relatif à la réforme sociale, a relevé Lekjaa, précisant que ce programme fait l’objet d’un «suivi permanent» . ■
Akhannouch défend les réformes gouvernementales L e chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a affirmé que les réformes engagées par l’exécutif ont renforcé les indicateurs éco- nomiques du Maroc. En 2024, la croissance du PIB a atteint 3,8%, portée par les secteurs non agricoles (+4,5%) et la demande intérieure. En 2025, elle devrait atteindre 4,6%. Les IDE ont atteint 43,2 Mds DH en 2024 et 21,9 Mds DH à fin mai 2025 (+27%). Les réserves officielles ont progressé à 402 Mds DH, couvrant plus de 5 mois d’importations. L’inflation a été contenue sous 1% à fin 2024. Le chômage a baissé, avec 351.000 emplois créés au 1 er trimestre 2025. Côté finances publiques, Akhannouch a évoqué les réformes de l’IS, de la TVA et de l’IR. Les recettes fiscales sont passées de 199 à 300 Mds DH entre 2020 et 2024. Le déficit a reculé à 3,5% du PIB en 2024, et l’endettement à 67,7%. Le pre- mier semestre 2025 confirme cette dynamique, permettant de poursuivre les chantiers engagés tout en réduisant davantage déficit et dette. ■ S elon le Budget exploratoire 2026 du HCP, l’économie marocaine amorce une phase de consolidation, portée par une demande inté- rieure robuste et des chantiers structurants. La campagne agricole 2024/2025 s’est soldée par une production céréalière estimée à 44 millions de quintaux, en hausse de 41%, inférieure cependant à la moyenne décennale de 66,5 MTq. L’élevage se redresse, soutenu par des mesures ciblées, et la valeur ajoutée agricole progresserait de 4,7% en 2025. En 2026, et sous l’hypothèse d’une production céréalière moyenne, le secteur agricole devrait évoluer de 3,3%, profitant de la consolidation des autres cultures et de l’améliora- tion de l’activité de l’élevage. Dans ces conditions,
Go Siyaha
De nouvelles conditions d’éligibilité à compter du 22 juillet 2025
L e gouvernement a introduit trois améliorations majeures au programme «Go Siyaha» pour maxi- miser l’impact du programme et créer davantage d'emplois. Ces nouvelles conditions d'éligibilité seront applicables à partir du mardi 22 juillet 2025, indique le ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Economie sociale et solidaire. Il s’agit notamment de la fin du seuil minimum d’inves- tissement de 1 million de dirhams. Désormais, les pro- jets nécessitant moins de 1 MDH peuvent bénéficier du soutien à l’investissement de Go Siyaha. Cette flexibi- lité répond à une forte demande des jeunes porteurs
de projets innovants, qui ne pouvaient bénéficier jusqu’alors du programme. S’en suivra l’appui à l’investissement étendu aux entreprises existantes. Initialement réservé aux entreprises nouvellement créées, ce volet s’ouvre désormais aux entreprises touristiques existantes souhaitant développer une nouvelle offre d’animation. Enfin, une assistance technique élargie sera accessible aux nouvelles entreprises, pour structurer leur projet, sécuriser des financements et accélérer leur lancement. ■
Budget exploratoire 2026 : Les prévisions du HCP
de 4,3% en 2025 et de 4,0% en 2026, tirées par le BTP, les industries et les services. Le PIB devrait croître de 4,4% en 2025 et de 4,1% en 2026, avec une inflation contenue à 1,9%. La consommation des ménages, portée par la hausse des revenus et les aides sociales, pro- gresserait de 3,6% en 2025 et de 3,4% en 2026. L’investissement brut grimperait de 9,8% en 2025 et de 7,2% en 2026, soutenu par la nouvelle Charte de l’investissement. L’épargne intérieure atteindrait 22,6% du PIB et le besoin de financement 1,8% en 2025 et 23,1% en 2026. Le déficit budgétaire devrait s'établir autour de 3,6% du produit intérieur brut (PIB) en 2025, puis avoisiner 3,4% en 2026. ■
le secteur primaire devrait croître de près de 4,6% en 2025 et de 3,2% en 2026, contribuant ainsi posi- tivement à la croissance du PIB. Les activités non agricoles devraient augmenter
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ÇA SE PASSE AILLEURS
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 17 JUILLET 2025
Cryptomonnaies
Europe
Royaume-Uni
Le bitcoin franchit la barre des 120.000 dollars, une première !
La BCE testera la résistance des banques au risque géopolitique en 2026
La BoE reporte à 2028 la mise en place des règles de Bâle III
L a Banque centrale euro- péenne (BCE) mènera des tests de résistance au risque géopolitique sur les banques européennes en 2026, en deman- dant des scénarios qui impacte- raient leurs capitaux propres, a déclaré Claudia Buch, présidente du Conseil de surveillance pru- dentiel de la Banque centrale. La BCE avertit depuis longtemps du risque géopolitique pour les banques de la zone Euro entre les conflits en Ukraine et à Gaza ainsi que la guerre commerciale américaine. Elle évaluera désormais la pré- paration des banques à ce type de risque, non pas comme elle en a l'habitude, en soumettant des scénarios aux banques qui doivent ensuite calculer les conséquences sur leur capital,
mais en proposant des niveaux de destruction de capital en demandant aux banques d'ima- giner des scénarios susceptibles de les provoquer. «Dans le cadre de l'exercice de simulation de crise théma- tique de 2026, nous donnerons suite à la simulation de crise de cette année en demandant aux banques d'évaluer quels scé- narios de risques géopolitiques spécifiques à l'entreprise pour- raient avoir un impact important sur leur solvabilité», a déclaré Claudia Buch au Parlement euro- péen. Les autorités de surveillance demandent depuis plusieurs mois aux banques de se pré- parer à des perturbations d'ori- gine politique, notamment sur le Dollar. ■
L e bitcoin a franchi cette semaine la barre des 120.000 (102.951,27 euros) dollars pour la première fois, marquant une étape importante pour la plus importante cryptomonnaie du monde, alors que les investisseurs parient sur des vic- toires politiques attendues depuis longtemps par l'industrie. Il a atteint un record de 123.153,22 dollars lundi avant de se replier légè- rement. La Chambre des représen- tants des Etats-Unis débattra cette semaine d'une série de projets de loi visant à doter le secteur du cadre réglementaire qu'il réclame depuis longtemps. Les demandes de l'in- dustrie ont trouvé un écho auprès du président américain Donald Trump, qui s'est autoproclamé «président des cryptomonnaies» et a exhorté les députés à réformer les réglemen- tations en faveur de l'industrie. L'envolée du bitcoin, qui a progressé d'environ 30% depuis le début de l'année, a déclenché une reprise plus large des autres cryptomonnaies au cours des dernières séances. ■
L a Banque d'Angleterre (BoE) a annoncé retarder d'un an, à hori- zon 2028, la mise en place de nouvelles règles régissant les activi- tés de négociation des banques sur les marchés et un assouplissement des exigences de fonds propres des banques de taille moyenne. Ces annonces arrivent à la suite des appels du gouvernement travailliste aux régulateurs pour qu'ils optent pour une politique de soutien à la croissance du secteur financier, dans un contexte mondial marqué par la prudence de certains pays dans la mise en place des réformes de Bâle 3.1 et une poli- tique annoncée de dérégulation aux Etats-Unis. La BoE avait déjà retardé d'un an l'en- trée en vigueur des règles plus larges de Bâle, jusqu'en janvier 2027, prolon- geant ainsi le délai pour se donner du temps afin d'avoir plus de précisions sur les plans de dérégulation améri- cains. ■
États-Unis
L es prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis ont augmenté en juin, révèlent les données publiées du département du Travail. L'indice CPI est ressorti à 0,3% en juin sur un mois, en ligne avec les attentes des analystes et après 0,1% en mai. Sur un an, la progression de l'indice CPI est de 2,7% en juin, un rythme meilleur qu'attendu par le consensus (2,6%), après une augmentation de 2,4% en mai. En excluant les éléments volatils que sont l'alimentaire et l'énergie, l'indice des prix à la consommation sous- jacent (core CPI) a augmenté à 0,2% en juin sur un mois, contre un consensus à 0,3%, et après 0,1% en mai. En rythme annuel, le core CPI est res- sorti à 2,9%, alors que le consensus tablait sur 3,0 et après 2,8 en mai. ■ Hausse des prix à la consommation en juin
Chine
Croissance supérieure aux attentes au 2 ème trimestre, les droits de douane préoccupent
L a croissance de l'économie chinoise a battu les attentes au deuxième trimestre, montrant une certaine résilience dans un contexte de guerre commerciale avec les Etats-Unis, mais elle a marqué un ralentissement qui met en exergue des faiblesses sous-jacentes et des risques accrus. Jusqu'à présent, les mesures de soutien déployées par Pékin et la récente trêve commerciale, certes fragile, scellée par le gouverne- ment chinois avec Washington ont permis à la deuxième économie mondiale d'éviter un creux.
Mais les marchés craignent que l'économie chinoise marque véritablement le pas au second semestre, entre des exportations au ralenti, des prix en repli et un moral des consommateurs en berne -, ce qui pourrait accentuer la pression sur le gouvernement pour qu'il renforce ses mesures de stimulus. Des données officielles publiées mardi montrent que le produit intérieur brut (PIB) de la Chine a progressé de 5,2% en rythme annuel au deuxième trimestre, battant légèrement le consensus qui ressortait à +5,1%, mais ralentissant par rapport au trimestre précédent (+5,4%). ■
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BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 17 JUILLET 2025
Point Bourse Hebdo Le marché aux portes des 19.000 points et des 1.000 Mds de DH
Evolution de l'indice Masi depuis début juillet 2024
L Le marché boursier continue son ascension et tutoie des seuils historiques. Tout proche des 19.000 points et à seulement 4 milliards des 1.000 milliards de dirhams de capitalisation, la dynamique reste solidement ancrée. e marché actions poursuit son parcours haussier avec une nou- velle progression hebdomadaire de 1,88%, terminant la semaine à 18.998,71 points. L’indice flirte désormais avec les 19.000, niveau symbolique, mais aussi technique, jamais atteint auparavant. La capi- talisation du marché atteint 996 milliards de dirhams et laisse peu de doute sur le franchissement imminent des 1.000 milliards. mique estimée à 4,6% au deuxième trimestre et attendue à 4,4% au troisième trimestre 2025. Les pers- pectives restent favorables, soute- nues par les efforts d’investissement public et privé dans plusieurs sec- teurs stratégiques (infrastructures, énergie, agriculture, industrie…). La combinaison fonctionne. Les cata- lyseurs ne changent pas, mais ils tiennent. Mieux encore, ils se ren- forcent. Par Y . Seddik
TOP Performances
FLOP Performances
Involys Salafin Disty Technologies
-15,76%
+32,47% +13,07%
Zellidja S.A Med Paper Sothema
-10,94%
-6,85%
+12,64 %
La dynamique reste portée par les mêmes facteurs : des flux nets continus sur les OPCVM, un marché obligataire toujours favorable et une demande persistante, notamment de la part des investisseurs parti- culiers friands des nouvelles opéra- tions sur le capital, et dont l'intérêt pour le marché a été relevé par les régulateurs cette semaine dans le cadre du Comité de coordination et de surveillance des risques sys- témiques. À cela s’ajoute un envi- ronnement macroéconomique très porteur, avec une croissance écono-
Les OPCVM ont notamment soutenu les achats en fin de semaine, ce qui nous confirme une orientation positive sur les actions malgré des niveaux relativement élevés. On note que plusieurs titres reviennent sur des zones techniques importants, tandis que d'autres signent de nou- veaux plus hauts historiques. Sur le plan sectoriel, les plus fortes hausses reviennent à «Sylviculture & Papier» (+13,07%), «Industrie pharmaceutique» (+11,18%) et «Industrie agricole» (+10,94%). En face, «Ingénierie et biens d’équipe-
ment industriels» recule de 4,12%, «Chimie» de 3,22% et «Transport» de 2,63%. Les volumes échangés sur le marché central actions s’établissent à 2,4 milliards de dirhams. Trois valeurs concentrent près de 40% des échanges : BCP (17,79%), TGCC (10,94%) et Attijariwafa bank (9,71%). La présence de TGCC s’explique aussi par l’opération en cours, dont la période de souscription se termine le 18 juillet. CIH Bank suivra avec sa propre opération, jusqu’au 24 juillet. La semaine a été dense avec plu-
sieurs opérations : introduction de Vicenne, clôture de l’augmenta- tion de capital de TGCC, suivie de celle de CIH. Autant d’événements susceptibles d’ajouter de la liqui- dité, mais aussi de tester la capacité d’absorption du marché. En conclusion, le cap des 1.000 milliards de dirhams de capitalisa- tion est à la portée. Il pourrait être franchi sans à-coup par simple pro- longement d’une tendance qui s’ins- talle et se confirme, semaine après semaine. ◆
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 17 JUILLET 2025
«L’économie marocaine franchit un nouveau palier» Dans un entretien accordé à Finances News Hebdo, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, revient sur la dynamique actuelle de l’économie marocaine, la trajectoire des finances publiques, les leviers de croissance, ainsi que les perspectives de réforme du marché des capitaux. Propos recueillis par F. Ouriaghli & A. Hlimi Nadia Fettah
F.N.H. : Quelles sont les clés de cette perfor- mance ? N. F. A. : Ces performances reposent sur des fondamen- taux solides. La diversifica- tion sectorielle voulue par Sa Majesté le Roi porte ses fruits. L’intégration dans les chaînes de valeur mondiales, l’ambition affirmée et la confiance qu’ins- pire notre pays sont autant de facteurs de stabilité. Malgré les crises récentes, nous avons poursuivi les réformes, amélioré l’attractivité
Finances News Hebdo : Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la conjonc- ture économique du Royaume ? Nadia Fettah Alaoui : L’économie marocaine se porte bien. Pendant longtemps, on a parlé de résilience. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase plus avancée : celle d’une économie dynamique. Les indicateurs sont au vert, avec une croissance qui devrait lar- gement dépasser le seuil de 4% cette année.
du Royaume et facilité l’inves- tissement.
F.N.H. : Pourtant, un paradoxe interroge : les investissements publics sont en hausse, mais le déficit ne se creuse pas. Comment l’expliquer ? N. F. A. : C’est un choix assumé du gouvernement. Bâtir l’État social tout en stimulant la crois- sance. Les dépenses sociales, bien qu’inscrites comptable- ment comme telles, sont un investissement dans le capital humain. Par ailleurs, les inves- tissements publics sont pensés pour être productifs. Regardez Tanger Med : aujourd’hui ali- menté en énergies renouve- lables, il constitue un modèle que nous voulons répliquer, notamment avec Nador West Med. Dans ce type de projets, nous privilégions chaque fois que possible les partenariats public-privé. Nous mobilisons les entreprises marocaines, soutenons l’emploi local et faisons une place aux PME. C’est de la dépense efficace, génératrice de croissance. De plus, nos recettes fiscales progressent de manière soute- nue, grâce à une réforme bien séquencée de l’IS, de la TVA et de l’IR, avec élargissement de l’assiette et meilleure mobilisa- tion des contribuables.
F.N.H. : Sur le plan des financements, où en est la réforme des marchés de capitaux ? N. F. A. : Nous avons un sys- tème bancaire robuste, mais les marchés de capitaux doivent monter en puissance. Les encours sous gestion des OPCVM frôlent les 780 Mds de dirhams. Nous finalisons une nouvelle loi sur les OPCVM, en alignement avec les stan- dards internationaux. L’idée est d’élargir l’offre avec de nou- veaux produits tout en garan- tissant la confiance par des règles prudentielles adaptées. Nous avons aussi lancé les OPCI qui connaissent un grand engouement, et les OPCC sont voués à une bonne croissance avec le Fonds Mohammed VI pour l’investissement. F.N.H. : Et la Bourse de Casablanca dans tout cela ? N. F. A. : Elle joue un rôle croissant. Les entreprises ne se contentent plus d’une seule levée de fonds. Elles reviennent vers le marché pour des levées sur le secondaire, preuve de
Les perspectives de croissance pour le troisième trimestre 2025 laissent entre- voir le maintien de la performance enclenchée au début de l’année, quoiqu’à un rythme plus modéré. Selon les premières estimations du HCP, la croissance du PIB national atteindrait +4,4% au troisième trimestre 2025. La demande exté- rieure adressée au Maroc serait peu dynamique sur fond des perspectives de ralentissement plus prononcées de la croissance économique mondiale, alors que le soutien de la demande intérieure resterait encore vigoureux, apportant +66 points à la croissance. Installé sur une dynamique de reprise depuis fin 2024, l’affermissement de l'investissement et de la consommation est prévu de se poursuivre au troisième trimestre 2025, quoiqu’à un rythme relativement moins élevé, favorisant, ainsi, une hausse des activités non agricoles de 4,2%, après 4,4% au trimestre précédent. Les tensions inflationnistes ne devraient pas connaitre une sensible accélé- ration, sous l’hypothèse de la poursuite de la tendance baissière des prix du pétrole. En l’absence de perturbations majeures sur l’offre des produits ali- mentaires, l’inflation devrait s’établir à 1,1% au troisième trimestre 2025, alors que sa composante sous-jacente, qui exclut les prix des produits pétroliers, des produits volatils et des tarifs régulés, avoisinerait les 0,8%. Perspectives de poursuite du raffermissement de la croissance au troisième trimestre 2025
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F.N.H. : L’introduction en Bourse reste-t-elle une option prioritaire pour ces entreprises ? N. F. A. : C’est une solution, mais pas la seule. Nous encou- rageons également la titrisation,
les émissions obligataires ou les véhicules d’investissement comme les OPCI. L’essentiel est d’apporter des solutions de financement innovantes et adaptées aux besoins des éta- blissements publics. ◆
Renforcement de la confiance sur les marchés financiers
Le comportement des marchés financiers reflète bien la dynamique de l’économie marocaine. Les créances sur l’économie auraient pro- gressé de 7,5% au deuxième trimestre 2025, en glissement annuel. Cette évolution aurait été, principalement, attribuable à l’accélération des crédits à l’équipement des entreprises, ainsi que ceux destinés au secteur immobilier. Dans ce contexte et sous l’effet d’une décélé- ration de la circulation fiduciaire, le besoin de liquidité des banques se serait atténué, bien qu’il reste toujours à un niveau significatif. Les avoirs officiels de réserve se seraient, pour leur part, renforcés de 9,5%, tandis que les créances nettes sur l’administration centrale auraient reculé, traduisant un désendettement monétaire du Trésor de 5,5%. Dans l’ensemble, la masse monétaire se serait raffermie de 7,6%, après +8% un trimestre auparavant. Pour leur part, les taux d’intérêt sur le marché interbancaire se seraient stabilisés au niveau du taux directeur, marquant un recul de 74 points de base de leur niveau moyen, en variation annuelle. Les replis du taux directeur en 2024 et au début 2025 auraient eu les mêmes effets baissiers sur les taux créditeurs, qui auraient, pour leur part, cédé, en moyenne, 18 points de base au deuxième trimestre 2025. Parallèlement, les taux sur le marché des adjudications des bons du Trésor auraient nette- ment décru, avec des baisses de 70 points, 92 points et 88 points de base respectivement pour les taux de maturité 1 an, 5 ans et 10 ans. Sur le marché de change, le Dirham se serait apprécié de 2,7% et 7,7% respectivement vis-à-vis de l’Euro et du Dollar américain. Dans le marché des actions, la dynamique se serait poursuivie au deuxième trimestre 2025, dans le prolongement de la trajectoire du regain amorcé au second semestre 2023 et consolidé en 2024. Stimulée par une confiance renforcée des investisseurs et un envi- ronnement monétaire accommodant, une appréciation généralisée des cours boursiers aurait été enregistrée. L’indice MASI aurait, ainsi, progressé de 37,6% en glissement annuel, après une hausse de 36,5% le trimestre précédent, tandis que la capitalisation boursière se serait accrue de 38,6%. Cette performance traduirait, pour l’essentiel, la hausse significative des titres des secteurs des biens d’équipement industriel, du transport, de l’électricité, de la santé, des mines, des holdings et de la promotion immobilière. Parallèlement, la liquidité du marché se serait toujours installée sur une pente ascendante, avec une progression de 25% du volume des transactions.
maturité. Notre objectif est aussi de mobiliser l’épargne populaire. Il faut offrir aux citoyens des produits d’inves- tissement adaptés à leur pro- fil pour les inclure dans cette dynamique nationale. F.N.H. : Sur la question des privatisations, que peut-on attendre ? N. F. A. : Il ne faut pas réduire la réforme des établissements publics à la seule privatisa- tion. Le Maroc s’est doté d’une politique actionnariale claire,
validée à tous les niveaux, et rare au niveau international. Les privatisations doivent être pensées comme un outil dans cet ensemble et non comme une fin en soi. Lorsqu’une entreprise publique conserve une forte valeur ajoutée, l’État peut y rester actionnaire tout en s’ouvrant au privé. Mais lorsqu’il n’y a plus de perti- nence à rester, la cession peut être envisagée. Nous travail- lons actuellement à une refonte de la loi sur les privatisations dans ce cadre stratégique.
L’économie nationale aurait enregistré une progression de 4,6% au deuxième trimestre 2025, en variation annuelle, portée par la vigueur entretenue des services, ainsi que par les performances soutenues des secteurs de la construction, des industries extractives et de l’agriculture. La dynamique économique du Royaume continue d'être impulsée principalement par une demande intérieure solide, et devrait se maintenir au troisième trimestre, quoiqu’à un rythme légèrement atténué, avec une croissance estimée à +4,4%, selon le HCP. Le cadre macroéconomique reste globalement marqué par la résilience de la croissance et une maîtrise des tensions inflationnistes, selon l’institution. Néanmoins, les perspectives à court terme demeurent entourées d’incertitudes, liées principalement à la demande extérieure, dont la faiblesse pourrait freiner les performances de certains secteurs tournés vers l’exportation. L’économie retrouve des niveaux de croissance d’avant crise financière
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Vicenne Une IPO massivement sursouscrite, qui a attiré 40% de primo-investisseurs L Avec une demande dépassant 32 milliards de dirhams pour seulement 500 millions offerts, l’IPO de Vicenne, spécialiste des équipements médicaux, a été sursouscrite plus de 64 fois. Un score inédit qui en dit long sur l’appétit du marché et l’image que renvoie l’entreprise. Par Y. Seddik qui ont concentré près de 59 millions d’actions demandées, n’ont obtenu que 0,97%. Fait marquant : 40% des sous- cripteurs personnes physiques n’avaient jamais investi en Bourse auparavant. Une don- née confirmée lors de la confé- rence de présentation par les responsables de la Bourse de Casablanca, et qualifiée de «très belle perspective» pour le marché. ’
l’opération illustrait la maturité croissante de l’écosystème : « Ce qui est important, c’est de voir à quel point l’entreprise a été patiente» , a-t-il déclaré. Pour lui, «le modèle Vicenne (ndlr: croissance longue, capi- tal-investissement, puis IPO) est exactement ce que le marché doit reproduire». Il a également souligné le change- ment d’échelle : «Aujourd’hui, on était à un rythme d’une introduction par an. Je pense qu’on va très vite passer à trois, et rêver de passer à une par mois». Une IPO qui capte une nouvelle base d'investisseurs La présentation détaillée des résultats, assurée par Ahmed Arharbi, directeur des opéra- tions de marché à la Bourse de Casablanca, a mis en lumière la granularité de la demande : présence de sous- criptions dans les 12 régions du Royaume, une réparti- tion équilibrée par âge, avec une forte concentration dans la tranche 35-60 ans, et 451 souscriptions étrangères en provenance de 48 pays. Vicenne sera désormais cotée sous le ticker VCN, intègre le compartiment «Santé» , et clas- sée 40 ème capitalisation sur les 78 valeurs cotées. La société sera négociée en continu sur le compartiment principal. En définitive, cette IPO marque un point d’inflexion pour le marché : une entreprise du secteur santé, bien identi- fiée, parvient à mobiliser une demande massive, notam- ment auprès de primo-inves- tisseurs. Pour les acteurs de marché, c’est une confirma- tion que le canal Bourse rede- vient crédible pour financer la croissance des entreprises. La suite dépendra désormais de la capacité de Vicenne à livrer sur la durée. Comme l’a rappelé Adil Bennani, «nous sommes déterminés à pour- suivre notre développement, à déployer notre stratégie avec clarté et à être au rendez-vous de cette confiance». ◆
IPO de Vicenne a été une réus- site totale. L’offre portait sur 2,1 millions d’actions nou- velles à un prix fixe de 236 dirhams, valorisant la société à 2,4 milliards de dirhams. Elle a mobilisé 37.674 investisseurs, dont plus de 36.000 personnes physiques qui représentent 49 nationalités. Ces investisseurs individuels ont souscrit à hauteur de 130 millions d’actions (type 1) et 5,5 millions d’actions (type 2), pour un taux de satisfaction global de 2,29%. Les institutionnels,
«a cru en nous et en notre potentiel de croissance» . «Ce succès va bien au-delà de la cotation elle-même. Le niveau de souscription enregistré est un signal fort, un message clair au marché», a-t-il déclaré. Rappelons que l'entreprise entend utiliser les fonds levés pour renforcer son dévelop- pement au Maroc et à l’inter- national, avec un chiffre d’af- faires qui devrait atteindre 1,33 milliard de DH en 2027, un EBE de 296 millions et un résultat net de 149 millions de DH. Une opération exemplaire saluée par la place Lors de cette conférence de présentation des résultats techniques de l'IPO, de nom- breux intervenants ont souli- gné la portée systémique de cette introduction. Brahim Benjelloun-Touimi, président du Conseil d’admi- nistration de la Bourse de Casablanca, a qualifié Vicenne d’ «acteur emblématique du secteur de la santé au Maroc, et de plus en plus sur le conti- nent» , saluant un « fournisseur intégrateur de solutions médi- cales à forte valeur ajoutée» . Il a rappelé que la société contri- buait à «la souveraineté sani- taire du Maroc ainsi que du continent africain». De son côté, Younès Benjelloun, Directeur général de CFG Bank, a estimé que
Pour Adil Bennani, président de Vicenne, cette introduction constitue «la consécration de notre business model» et «un vote de confiance des investis- seurs». Il a tenu à saluer l’en- semble des parties prenantes dans ce projet d'introduction, notamment le fonds Amethis, actionnaire depuis 2018, qui
Pour Adil Bennani, président de Vicenne, cette introduction constitue «la consécration de notre business-model» et «un vote de confiance des investisseurs».
L’IPO de Vicenne a connu un engouement exceptionnel.
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vite passer à trois par an. Et le rêve, ce serait une par mois» , espère Y. Benjelloun. Ce rythme transformerait en profondeur le rôle de la Bourse dans l’économie marocaine. Une introduction en Bourse chaque mois créerait un flux continu de nouvelles sociétés à la cote en favorisant une diversification sec- torielle aujourd’hui encore limi- tée. Cela renforcerait mécanique- ment la liquidité sur le marché secondaire, en l’élargissant et en la rendant plus homogène. Ce serait aussi l’opportunité, pour des entreprises de taille inter- médiaire, souvent écartées des circuits de financement tradition- nels, d’accéder durablement au capital. Et surtout, cela permet- trait à la Bourse de mieux refléter la réalité productive du pays. «C’est ça le véritable enjeu : que la Bourse représente l’économie réelle, pas seulement un segment figé et surreprésenté» , souligne le DG de CFG Bank, qui rappelle d’ailleurs que plusieurs secteurs majeurs restent absents de la cote, notamment l’automobile et le textile. Or, si des entreprises suivent le modèle Vicenne (struc- turation, financement en private equity, puis IPO), alors le mar- ché peut rapidement changer d’échelle, en profondeur. En clair, Younès Benjelloun envoie un signal aux entre- prises : la Bourse n’est plus un club fermé. Et l’exemplarité de Vicenne, entreprise industrielle issue du secteur de la santé, en est la preuve. «On ne veut pas des entreprises qui viennent en Bourse pour cocher une case. On veut celles qui viennent pour grandir, créer de l’emploi, investir, et construire un partenariat avec leurs actionnaires», affirme-t-il. In fine le banquier appelle les régulateurs, les conseils et les acteurs de marché à soutenir cette dynamique. Le socle est en place : la réglementation, les investisseurs, la liquidité. Reste à multiplier les exemples concrets. «Le succès de Vicenne, c’est un tournant. À nous tous de faire en sorte que ce ne soit pas une exception, mais le début d’une série», conclut-il. ◆
Younès Benjelloun, DG de CFG Bank, estime que l’opération Vicenne illustre la maturité croissante de l’écosystème boursier.
Bourse Plaidoyer pour un changement de rythme des IPO
D'une IPO par an à une par mois ? Benjelloun l’affirme : la dyna- mique est bel et bien enclen- chée. Le succès de Vicenne crée un précédent tangible et repro- ductible, et son effet d’entraîne- ment est déjà perceptible. «La première semaine de janvier, après une précédente IPO réus- sie, j’ai reçu dix appels d’entre- prises disant : ‘Je veux y aller moi aussi’», révèle-t-il. P À l’occasion de l’introduction en Bourse de Vicenne, sursouscrite 64 fois, Younès Benjelloun, Directeur général de CFG Bank, a livré sa vision d’un marché en transition et esquissé l’ambition d’une Bourse capable de soutenir une introduction par mois. Par Y. Seddik
Younès Benjelloun décrit un sché- ma intéressant en trois temps : une entreprise développe d’abord son activité de façon organique. Puis elle ouvre son capital à un fonds (ici, Amethis en 2018) pour finan- cer son changement d’échelle. Et enfin, quand la gouvernance est prête et les fondamentaux solides, elle se tourne vers le marché. «Ce qui est remarquable dans le cas Vicenne, c’est la patience des acteurs. L’entreprise a pris sept ans entre l’entrée d’Amethis et l’IPO. Ce n’est pas courant. Et c’est une preuve de maturité», précise le banquier d’affaires. Pour lui, cette chronologie est ver- tueuse. Elle montre qu’on n’est plus dans une logique d’introduc- tion opportuniste, mais dans une construction de valeur long terme.
résent à la cérémonie de cotation de Vicenne, Younès Benjelloun, Directeur général de CFG Bank, n’a pas parlé chiffres. Mais d’écosystème. De transforma- tion structurelle. Et d’un «dernier centimètre» que peu d’entreprises marocaines osent encore franchir. Alors que l’IPO de Vicenne affi- chait une sursouscription record de 64 fois, le banquier d’affaires a pris du recul. Pour lui, le plus marquant dans cette opération n’est pas son ampleur, mais le fait qu’elle révèle d’un changement profond dans le tissu économique du pays «Ce que je retiens, c’est l’émergence d’un nouvel écosys- tème. On observe de plus en plus d’entreprises qui changent de mentalité, qui se structurent, qui pensent marché», indique-t-il.
Ce qu’il entrevoit, c’est un chan- gement de paradigme. La Bourse de Casablanca, longtemps mar- quée par un flux très limité de nouvelles introductions, pour- rait s’industrialiser en matière de cotations . «Aujourd’hui, nous sommes à un rythme d’une IPO par an. Je pense qu’on peut très
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