ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 17 JUILLET 2025
CRI-CRUI Une réforme ajustée aux réalités locales L’adoption du décret-loi n°2.25.168 vient renforcer la réforme des Centres régionaux d’investissement (CRI) et des Commissions régionales unifiées d’investissement (CRUI). L’objectif central est de déployer un dispositif d’appui aux TPME, en phase avec les réalités économiques des territoires. Par Désy M.
tation des TPME dans les zones à faible contribution dans le PIB national, tout en assurant leur via- bilité économique» , assure Edman. En conférant aux CRI et CRUI ce rôle central dans la relance territo- riale, le Royaume offre aux TPME un tremplin pour devenir des vecteurs de transformation éco- nomique. Toutefois, comme toute réforme, celle-ci n’est pas sans défis. Infrastructures, capital humain et financement En effet, la réussite de cette réforme ne saurait reposer uniquement sur l’architecture institutionnelle. De nombreux défis restent à relever, notamment en matière d’équité territoriale. «Plusieurs zones du Royaume souffrent encore d’un manque d’infrastructures essen- tielles, de services publics et de conditions attractives pour l’inves- tissement» , alerte le professeur Edman. L’enjeu est donc de com- bler ces disparités structurelles, en créant les conditions d’un véri- table essor économique dans les régions à faible contribution dans la croissance économique. Par ailleurs, l’efficacité de la réforme dépendra de la montée en compétence des acteurs régio- naux. De nombreuses collectivités locales font face à des déficits en ressources humaines qualifiées, en outils de gestion modernes et en capacités budgétaires. Le renforcement institutionnel des régions devient alors une priorité. Cela passe par des mécanismes de transfert de compétences, mais aussi par des contrats État- Région clairs, dotés d’objectifs mesurables et de financements adaptés. Pour y parvenir, Hassan Edman plaide pour une meilleure coordi- nation entre la planification straté- gique régionale et l’allocation des ressources budgétaires. Il appelle également à une approche orien- tée résultats, incluant une parti- cipation citoyenne accrue dans la définition des priorités écono- miques régionales. Car, selon lui, «seule une régionalisation bien appliquée, inclusive et adaptée, pourra garantir un développement équilibré et durable» . ◆
Le décret instaure la mise en œuvre effective du dispositif d'appui aux TPE/PME adapté aux spécifici- tés des 12 régions du royaume.
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est une réforme que le gouver- nement présente comme un levier clé du développement éco- nomique régional et de création d’emplois. Avec l’adoption du décret-loi n°2.25.168, récemment entériné par la Chambre des repré- sentants, le Maroc parachève la refonte de ses Centres régionaux d’investissement (CRI) et de ses Commissions régionales unifiées d’investissement (CRUI). Mais au- delà de l'ajustement juridique, ce texte révèle une ambition plus pro- fonde celle de transformer l’inves- tissement territorial en une réalité portée par les TPME locales. Pour le professeur Hassan Edman, expert en économie, cette réforme s’inscrit dans le prolongement de la loi 47.18, tout en consolidant les avancées du chantier de la régionalisation avancée. «Ce texte instaure la mise en œuvre effec- tive du dispositif d'appui aux TPE/ PME adapté aux spécificités des 12 régions du Royaume. Il maté- rialise une approche décentralisée du développement économique, respectant l'ancrage territorial
de ces structures économiques», explique-t-il. Il s’agit de rompre avec une logique descendante en matière d’investissement, au pro- fit d’une approche décentralisée, construite sur les ressources, les dynamiques et les besoins propres à chaque territoire. Les CRI et CRUI voient ainsi leur rôle évoluer de simples gui- chets administratifs à de précieux moteurs d’accompagnement, chargés non seulement d’instruire les dossiers, mais aussi de créer un environnement favorable à la croissance des entreprises locales. De ce fait, ils sont appelés à iden- tifier les potentiels endogènes, qu’ils soient agricoles, artisanaux, touristiques ou industriels et à les valoriser. Pour cela, ils devront renforcer la coordination entre les acteurs économiques régionaux et les institutions publiques, condi- tion indispensable à la réussite d’un développement inclusif. Avec un accompagnement tech- nique, une simplification adminis- trative et un accès au financement pour les TPME, «les politiques
nationales d'entrepreneuriat sont désormais ajustées aux réalités locales» , affirme Hassan Edman. Les CRI pourront ainsi proposer des incitations ciblées en fonc- tion du tissu économique régional, tout en assurant un suivi de proxi- mité. Ce nouveau modèle donne une place centrale à l’entrepreneur local, avec un parcours d’investis- sement simplifié et coordonné via les CRUI. Bien que sa déclinaison régionale soit encore inconnue, la mise en œuvre de la réforme prévoit une synergie renforcée avec les autres dispositifs publics. Les TPME pourront s’appuyer sur l’exper- tise de l’Agence Maroc PME et d’autres organismes spécialisés. Le CRI deviendra, dans cette confi- guration, un acteur pivot qui relie l’État, les régions et les porteurs de projet. C’est aussi dans cette optique que les CRUI, jusque- là instances consultatives, sont désormais dotées d’un pouvoir décisionnel élargi. « Diverses inci- tations régionales seront mises en place pour encourager l’implan-
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