Finances News Hebdo 1204

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 17 JUILLET 2025

2026) et la Coupe du Monde de football en 2030, maintenir cette zone grise n’est plus une option. Le Maroc va recevoir des millions de visiteurs. Et parmi les toutes pre- mières attentes des touristes, il y a le transport. Sécurisé. Accessible. Moderne. Dans ce contexte, les VTC apparaissent comme une composante indispensable d’un système de transport urbain per- formant. Les estimations parlent de plus de 80.000 conducteurs VTC au Maroc, en rivalité directe avec les 77.000 taxis traditionnels, petits et grands. Et quand bien même les services de transport via application ne sont utilisés que par 18% des Marocains, selon l’enquête l’Economiste – Sunergia publiée en juin dernier, ils séduisent cependant de plus en plus. Leur utilisation grandissante tient, entre autres, au tarif annoncé à l’avance, à une course géolocalisée et à un système de notation qui oblige quelque part les chauffeurs à res- pecter les bases du service client. Dans ce contexte, la régulation de ce secteur devient donc urgente, tant il est vrai que le transport intelligent est une réalité irréver- sible. Licences, assurances, carte professionnelle, contrôle des anté- cédents et obligations fiscales : tous les éléments d’un écosystème régulé doivent être définis. En janvier dernier, Laftit avait affirmé que son département travaillait sur une étude pour organiser et enca- drer ces plateformes numériques. «Des solutions seront mises en place pour organiser ces services et garantir aux citoyens une offre de transport claire et encadrée» , avait-il promis. En attendant, sur le terrain, rien n’a encore changé. Et au-delà de la récurrence des incidents entre chauffeurs de taxis et de VTC, d’un côté, ou entre usagers et conducteurs de VTC, de l’autre, qui risquent un jour de virer au drame, les enjeux socioéconomiques liés à cette problématique sont loin d’être négligeables. L’absence d’encadrement génère un manque à gagner fiscal pour l’Etat et fra- gilise aussi les conducteurs eux- mêmes, qui exercent sans couver- ture, sans statut clair et donc sans protection. ◆

 Les taxis traditionnels sont

malmenés par l’évolution des technologies et jugent la concurrence des VTC déloyale.

VTC Abdelouafi Laftit sort le carton rouge L A quelques mois de la CAN 2025, le ministère de l’Intérieur rappelle que les VTC restent illégaux. Mais dans les rues, une autre réalité s’impose : applications de transport, chauffeurs non agréés et usagers cohabitent avec des taxis excédés. Par D. William

strictes, avec des autorisations parfois chèrement acquises et une pression économique constante. Raison pour laquelle ils multiplient les protestations parfois musclées, allant même jusqu’à s’ériger en jus- ticiers, ce qui, selon l’Intérieur, «est illégal et passible de poursuites». De l’autre, des milliers de chauf- feurs collaborant avec des plate- formes numériques proposent des services appréciés des usagers, mais en dehors du cadre légal. Entre les deux, il y a une adminis- tration prise en étau, sommée de garantir l’ordre, la sécurité, mais également la modernisation du secteur. En cela, le discours de fermeté de Laftit amène à se poser une question : peut-on se contenter de réprimer ce que l’on refuse encore de réguler clairement ? Le paradoxe est en effet saisis- sant. Les autorités, en filigrane, reconnaissent elles-mêmes que ces services numériques existent, se développent et répondent à une demande réelle. Mais elles continuent de s’appuyer sur des textes datés, notamment la loi

5205 et le dahir n° 1.63.260 (1963). «Quiconque veut exploiter un ser- vice public de transports routiers en commun de voyageurs par véhi- cules automobiles, doit être maro- cain ou ressortissant d’un Etat avec lequel le Maroc a passé un accord de libre-échange, dûment ratifié et publié au «Bulletin officiel», être personnellement agréé à cet effet et obtenir, en outre, pour chacun des véhicules affectés au service, une carte d'autorisation spéciale» , stipule en l’occurrence l’article 5 du dahir. Ainsi, les textes de loi en vigueur ne distinguent ni ne prévoient le cas des plateformes numériques. Lesquelles opèrent aujourd’hui dans une illégalité assumée : qua- si-clandestins et sans cadre clair. D’ailleurs, ce flou juridique et l’op- position des syndicats de taxis ont été à l’origine de l’arrêt des activi- tés d’Uber au Maroc en 2018. La CAN 2025 et le Mondial 2030 pour changer la donne A l’heure où le Royaume se prépare à accueillir la Coupe d’Afrique des nations (décembre 2025–janvier

e 7 juillet 2025, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a remis les pendules à l’heure : «utiliser des applications de transport pour véhi- culer des personnes sans autorisa- tion légale est illégal» . Point final. Les contrevenants s’exposent à des sanctions, saisies de véhicules, voire poursuites. Ce rappel inter- vient au cœur d’un conflit latent mais explosif entre chauffeurs de taxi, VTC non agréés et autorités déterminées à faire appliquer la loi. Cette fermeté officielle n’est pas anodine. Elle fait suite à plusieurs incidents, dont la dernière rendue publique concerne une violente agression commise récemment à Rabat par un chauffeur affilié à la plateforme de transport InDrive sur deux étudiantes. Il faut dire que le malaise dans le secteur du transport urbain est palpable, entretenu par le flou juri- dique, les tensions et les attentes croissantes des usagers. D’un côté, les taxis traditionnels sont malmenés par l’évolution des technologies et cette concurrence jugée déloyale, d’autant qu’ils sont eux-mêmes soumis à des règles

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