DEVELOPPEMENT DURABLE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 17 JUILLET 2025
tructure de marché nécessaire : plateforme de trading, systèmes de compensation et de règlement, et mécanismes de garantie. Elle doit également créer un régime fis- cal incitatif pour attirer les acteurs internationaux. Dans ce sens, Maroc Numeric Cluster pourrait aussi participer à cet effort en se chargeant de la mise en place d’une plateforme digitale nationale pour l’enregis- trement, le suivi et l’échange des crédits carbone. D’autres acteurs financiers et industriels peuvent également col- laborer à la réussite de ce projet national. D’abord, Bank Al-Maghrib pourra intégrer les risques clima- tiques dans la supervision ban- caire, encourager le financement des projets carbone par des ratios prudentiels favorables, et dévelop- per des instruments de politique monétaire verte. L’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) devra adap- ter sa régulation financière pour intégrer les instruments carbone. Dans ce sens, l'AMMC a déjà signé un accord de coopération avec l'IFC pour améliorer les pra- tiques des entreprises en matière de reporting environnemental, social et de gouvernance (ESG). Je peux citer également la CDG, les banques et les fonds d’investisse- ment qui peuvent mutualiser leurs ressources pour structurer des produits financiers adossés aux crédits carbone, créer un fonds d’amorçage pour accompagner les projets à fort potentiel mais à faible capacité initiale, sensibili- ser les entreprises industrielles à la valorisation de leurs efforts de décarbonation et à la monétisation de leurs réductions d’émissions. Sans limiter les acteurs clés dans la création de ce marché à ceux que je viens de citer, tous les autres, le Fonds Mohammed VI pour l'investissement, la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement, le Conseil éco- nomique, social et environnemen- tal (CESE), l’Observatoire marocain de l’énergie, … peuvent également apporter leur pierre à l’édifice et l’effet de synergie fera le reste. ◆
Grâce à ce projet, CFCA pourrait se positionner comme place de référence
pour l'économie du carbone en Afrique.
volontaires des entreprises en flux financiers concrets vers les pays en développement, créant de fait un canal de financement complé- mentaire aux sources publiques traditionnelles. F. N. H. : Quels sont les dis- positions que le Maroc doit prendre pour s’assurer de l’intégration, la crédibilité et l’équitabilité de ce marché carbone ? M. B. : Ce qu’il faut retenir dès le départ, c’est que ce sera un chan- tier en permanente révision, appelé à s’adapter en continu aux évolu- tions des contextes national, afri- cain et européen. En plus, le Maroc doit être proactif dans la mise en place d’un encadrement rigoureux, une gouvernance inclusive et une infrastructure technique fiable. Le gouvernement marocain a déjà voté des lois spécifiques. Cependant, celles-ci restent pour la plupart inopérantes dans l’attente de leurs décrets d’application. Parallèlement, il serait judicieux de créer une autorité de régulation dédiée au marché carbone, assu- rant la transparence, la lutte contre la fraude et la protection des inté- rêts des porteurs de projets. Ce qui permettra de renforcer le rôle de l’IMANOR en matière de transition énergétique et décarbonation. Ce dernier pourra également élaborer des protocoles de mesure, repor- ting et vérification (MRV) adaptés aux spécificités marocaines, mais qui intègrent des standards inter- nationaux pour assurer la recon-
permettent de créer des systèmes de monitoring et de vérification en temps réel, renforçant la crédibilité des crédits carbone. • Dimension géopolitique et coo- pération internationale : Cette dimension géopolitique est straté- gique pour l'atteinte des objectifs de Paris. Elle permet de mobili- ser l'ensemble de la communauté internationale autour d'objectifs communs tout en respectant les spécificités nationales et les diffé- rents niveaux de développement. De ce fait, le marché volontaire peut devenir un instrument de coo- pération internationale en créant des partenariats climatiques Sud- Sud et Nord-Sud. En plus, comme nous l’avons dit auparavant, il faudra renforcer l’in- tégrité environnementale, orienter les financements vers les secteurs prioritaires, mobiliser le secteur privé et les institutions financières, améliorer la gouvernance et la transparence, et surtout s’inscrire dans une logique de transition juste. Ceci pour assurer une répar- tition équitable des revenus pour les communautés hôtes et éviter les distorsions sociales à travers la priorisation des projets créateurs d’emplois locaux et respectueux des droits des populations autoch- tones. Le marché volontaire du carbone pourra ainsi contribuer significati- vement à ces objectifs en créant un mécanisme de financement innovant qui mobilise le secteur privé. Ce qui permettra de transfor- mer les engagements climatiques
naissance des crédits sur les mar- chés mondiaux. En ce qui concerne le ministère de la Transition énergétique, son intervention pourrait couvrir plu- sieurs domaines en relation avec l’inclusion territoriale et l’équité sociale. Son premier rôle sera celui de coordinateur principal en éla- borant une loi-cadre spécifique au marché carbone volontaire. Cette législation doit définir les standards nationaux, les procé- dures de certification des projets, et les mécanismes de contrôle qualité. Elle doit également assu- rer la cohérence avec la straté- gie bas carbone 2050 et les NDC du Maroc. De son côté, l’Agence marocaine pour l'efficacité énergé- tique (AMEE) pourra faciliter l'ac- cès des PME et des coopératives aux marchés carbone en dévelop- pant des programmes d'accom- pagnement technique et financier. Pour ce faire, elle doit créer des mécanismes d'agrégation pour permettre aux petits projets de générer des volumes significatifs de crédits. En ce qui concerne Casablanca Finance City Authority (CFCA), cette institution pourra devenir la place de référence pour l'écono- mie du carbone en Afrique. À cette fin, CFCA doit développer l'infras-
En ce qui concerne l’énergie solaire, l’Afrique reçoit jusqu’à 3.000 heures d’ensoleillement par an, soit plus de 6.000 GW potentiels; cependant, les capacités installées ne dépassent pas 1.200 GW.
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