BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 17 JUILLET 2025
«L’économie marocaine franchit un nouveau palier» Dans un entretien accordé à Finances News Hebdo, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, revient sur la dynamique actuelle de l’économie marocaine, la trajectoire des finances publiques, les leviers de croissance, ainsi que les perspectives de réforme du marché des capitaux. Propos recueillis par F. Ouriaghli & A. Hlimi Nadia Fettah
F.N.H. : Quelles sont les clés de cette perfor- mance ? N. F. A. : Ces performances reposent sur des fondamen- taux solides. La diversifica- tion sectorielle voulue par Sa Majesté le Roi porte ses fruits. L’intégration dans les chaînes de valeur mondiales, l’ambition affirmée et la confiance qu’ins- pire notre pays sont autant de facteurs de stabilité. Malgré les crises récentes, nous avons poursuivi les réformes, amélioré l’attractivité
Finances News Hebdo : Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la conjonc- ture économique du Royaume ? Nadia Fettah Alaoui : L’économie marocaine se porte bien. Pendant longtemps, on a parlé de résilience. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase plus avancée : celle d’une économie dynamique. Les indicateurs sont au vert, avec une croissance qui devrait lar- gement dépasser le seuil de 4% cette année.
du Royaume et facilité l’inves- tissement.
F.N.H. : Pourtant, un paradoxe interroge : les investissements publics sont en hausse, mais le déficit ne se creuse pas. Comment l’expliquer ? N. F. A. : C’est un choix assumé du gouvernement. Bâtir l’État social tout en stimulant la crois- sance. Les dépenses sociales, bien qu’inscrites comptable- ment comme telles, sont un investissement dans le capital humain. Par ailleurs, les inves- tissements publics sont pensés pour être productifs. Regardez Tanger Med : aujourd’hui ali- menté en énergies renouve- lables, il constitue un modèle que nous voulons répliquer, notamment avec Nador West Med. Dans ce type de projets, nous privilégions chaque fois que possible les partenariats public-privé. Nous mobilisons les entreprises marocaines, soutenons l’emploi local et faisons une place aux PME. C’est de la dépense efficace, génératrice de croissance. De plus, nos recettes fiscales progressent de manière soute- nue, grâce à une réforme bien séquencée de l’IS, de la TVA et de l’IR, avec élargissement de l’assiette et meilleure mobilisa- tion des contribuables.
F.N.H. : Sur le plan des financements, où en est la réforme des marchés de capitaux ? N. F. A. : Nous avons un sys- tème bancaire robuste, mais les marchés de capitaux doivent monter en puissance. Les encours sous gestion des OPCVM frôlent les 780 Mds de dirhams. Nous finalisons une nouvelle loi sur les OPCVM, en alignement avec les stan- dards internationaux. L’idée est d’élargir l’offre avec de nou- veaux produits tout en garan- tissant la confiance par des règles prudentielles adaptées. Nous avons aussi lancé les OPCI qui connaissent un grand engouement, et les OPCC sont voués à une bonne croissance avec le Fonds Mohammed VI pour l’investissement. F.N.H. : Et la Bourse de Casablanca dans tout cela ? N. F. A. : Elle joue un rôle croissant. Les entreprises ne se contentent plus d’une seule levée de fonds. Elles reviennent vers le marché pour des levées sur le secondaire, preuve de
Les perspectives de croissance pour le troisième trimestre 2025 laissent entre- voir le maintien de la performance enclenchée au début de l’année, quoiqu’à un rythme plus modéré. Selon les premières estimations du HCP, la croissance du PIB national atteindrait +4,4% au troisième trimestre 2025. La demande exté- rieure adressée au Maroc serait peu dynamique sur fond des perspectives de ralentissement plus prononcées de la croissance économique mondiale, alors que le soutien de la demande intérieure resterait encore vigoureux, apportant +66 points à la croissance. Installé sur une dynamique de reprise depuis fin 2024, l’affermissement de l'investissement et de la consommation est prévu de se poursuivre au troisième trimestre 2025, quoiqu’à un rythme relativement moins élevé, favorisant, ainsi, une hausse des activités non agricoles de 4,2%, après 4,4% au trimestre précédent. Les tensions inflationnistes ne devraient pas connaitre une sensible accélé- ration, sous l’hypothèse de la poursuite de la tendance baissière des prix du pétrole. En l’absence de perturbations majeures sur l’offre des produits ali- mentaires, l’inflation devrait s’établir à 1,1% au troisième trimestre 2025, alors que sa composante sous-jacente, qui exclut les prix des produits pétroliers, des produits volatils et des tarifs régulés, avoisinerait les 0,8%. Perspectives de poursuite du raffermissement de la croissance au troisième trimestre 2025
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