FNH N° 1156

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JEUDI 13 JUIN 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

BOURSE & FINANCES

Avec la généralisation de l'AMO, les courtiers verraient leurs commissions amputées de 400 millions de dirhams. La collaboration entre acteurs est cruciale pour une transition réussie vers une couverture médicale universelle. Onde de choc chez les assureurs et courtiers Par Y. Seddik L Généralisation de l'AMO

missionnement pour compenser les pertes liées à la généralisation de l'AMO. Ils demandent également au régulateur d'ouvrir de nouvelles prestations pour leur permettre de diversifier leur offre. Farid Bensaid a insisté sur la néces- sité de repousser la date d'entrée en vigueur du basculement vers l'AMO à 2029, de ne pas prévoir trop de prestations dans l'AMO pour laisser de la place à l'assurance complémentaire, et d'exonérer cette dernière de la TVA. Il a également demandé une révision des taux de commission pour les intermédiaires et la digitalisation de la gestion de l'AMO. Néanmoins, Hassan Boubrik, Directeur général de la CNSS, a rejeté l'idée de prolonger les délais : «Un délai de cinq ans pour passer à ce tant attendu basculement vers l’AMO n’a pas de sens. Opter pour un tel délai donne l’impression qu’on gagne du temps au détriment de la grande réforme de la généralisa- tion de la couverture sociale», a-t-il affirmé. Vers de nouvelles opportunités Malgré les inquiétudes, les autorités et les professionnels s'accordent sur la nécessité de diversifier les métiers du réseau des agents et courtiers pour compenser les pertes futures. Abderrahim Cheffai, pré- sident de l'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), a mis l'accent sur l'innovation : «Nous travaillons avec l’ensemble des acteurs pour l’éva- luation de l’impact de ce bascule- ment sur le secteur des assurances. L’objectif est de se préparer à cette réforme en proposant des solutions pour développer l’assurance mala- die complémentaire». De plus, la FNACAM et la FMA explorent des pistes telles que la res- ponsabilité civile obligatoire pour les habitations et de nouveaux services pour répondre aux besoins évolu- tifs du marché. Mohamed Hassan Bensalah a insisté sur la nécessité de ne pas s'éloigner du cœur de métier : «nous sommes des spé- cialistes de la gestion des risques, et nos réseaux doivent demeurer orientés vers le développement de nos produits». ◆

4 milliards de dirhams de primes, tandis que les courtiers verraient leurs commissions amputées de 400 millions de dirhams. Certains inter- médiaires, dont le portefeuille est fortement concentré sur l'assurance maladie, risquent de perdre jusqu'à 30% de leur chiffre d'affaires, mena- çant leur survie. Lors de la 8 ème rencontre annuelle de la Fédération nationale des agents et courtiers d'assurance du Maroc (FNACAM), tenue à Casablanca, Farid Bensaid, président de la Fédération, a alerté sur les pertes significatives attendues : «Notre secteur va passer par une zone de turbulence. Près de 30% du chiffre d'affaires de certains courtiers et agents risquent de disparaître du jour au lendemain» , a-t-il déclaré. De son côté, Mohamed Hassan Bensalah, président de la Fédération

marocaine des assurances (FMA), a souligné l'ampleur du défi : «le transfert de l'Assurance maladie de base de nos 1.400.000 assurés vers la CNSS n'est pas réjouissant pour notre secteur. Ce transfert ne se fera pas sans dégâts, pour toutes les parties prenantes». L'assurance complémentaire : une planche de salut ? Face à ce bouleversement, les inter- médiaires d'assurance cherchent des solutions pour assurer leur pérennité. La diversification de leurs activités apparaît comme une nécessité. L'assurance complémen- taire, qui couvre les frais non pris en charge par l'AMO, représente une opportunité de développement pour le secteur. Les professionnels de l'assurance appellent également à une révision des taux de com-

e Maroc est à l'aube d'une trans- formation majeure de son système de santé avec la généralisation de l'Assurance maladie obligatoire (AMO). Ce projet ambitieux, qui vise à étendre la couverture médicale à l'ensemble de la population, sus- cite des réactions contrastées au sein du secteur des assurances. Si cette réforme, prévue depuis près de vingt ans, est saluée comme une avancée sociale majeure, elle sou- lève également de vives inquiétudes quant à son impact économique sur les compagnies d'assurances et les intermédiaires. En effet, le basculement des assu- rés du secteur privé, la «population 114», vers la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) représente un manque à gagner considérable pour les acteurs du marché. Les assureurs pourraient perdre jusqu'à

 La générali- sation de l'AMO menace le secteur de l'assurance marocain, mais offre des opportu- nités de diversifi- cation et d'inno- vation.

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