Finances News Hebdo N° 1099

F OCUS AGRICOLE

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JEUDI 9 MARS 2023 FINANCES NEWS HEBDO

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Machinisme

◆ Les ventes s’inscrivent ces dernières années dans une tendance baissière. ◆ Outre la sécheresse et les difficultés d’accès au crédit, les acquéreurs seront impactés par une nouvelle disposition fiscale. Le constat alarmant des professionnels du secteur

ment de la sécheresse sévère ayant impacté les capacités d’investissement des agricul- teurs, mais cela n’explique pas la morosité du secteur. Selon l’Association marocaine des importateurs de machines agri- coles (Amima), «le marasme que connaît l’activité ne date pas d’aujourd’hui, et il n’est pas lié uniquement à la plu- viométrie, car même dans les années de bonnes récoltes, les ventes sont en berne. Les agriculteurs, dont la quasi- totalité dépend du crédit pour s’équiper, trouvent beaucoup de difficultés pour s’octroyer le financement et la subvention» . Regroupant une dizaine d’im- portateurs, l’Amima a déjà, par le passé, appelé à mettre en place un mécanisme plus simple pour assouplir les conditions de financement. Il est question aussi d’investir

de nouvelles pistes pour boos- ter les ventes, comme la diver- sification des modes d’acqui- sition de matériel. Le leasing agricole s’avère une alternative aux modes classiques afin de donner une nouvelle impulsion à l’activité, mais sa part dans le financement total est insi- gnifiante. En effet, avec les complications liées aux statuts fonciers et la faiblesse des immatriculations, de nombreux fellahs ne sont pas éligibles au financement. Certains exploitants ont des propriétés titrées, mais leurs parts sont dans l’indivision. Et pour pouvoir obtenir un crédit, ils doivent recueillir l’aval des autres co-propriétaires. En outre, les exploitants seront impactés à partir de cette année par le renchérissement du coût d’acquisition du maté- riel agricole sous l’effet d’une

sitif de bénéfice d’exonération de TVA (uniquement au profit de l’agriculteur au moment de l’achat sur présentation d’une attestation d’exonération) met en péril la situation des importateurs et leurs réseaux de distribution», explique-t-on auprès de l’Amima. En effet, ces derniers doivent supporter le coût de la TVA à l’importation et à l’intérieur, et attendre pendant une longue période son remboursement (récupération). Cette situation grève l’état de leur trésore- rie d’un crédit TVA qu’ils ne peuvent supporter, en plus des montants relatifs aux subven- tions réglés par délégation de créance. L’importateur-distributeur n’ayant pas la qualité d’ex- ploitant agricole ne peut donc pas bénéficier d’une attesta- tion d’exonération de la TVA à l’importation. Si ces nouvelles dispositions sont maintenues, elles porte- ront certainement atteinte au secteur du machinisme agri- cole et son écosystème, dans la mesure où les entités le constituant ne seront plus en mesure de faire face à leurs engagements financiers et leur obligation de s’approvisionner et d’approvisionner les agri- culteurs en matériels agricoles. D’ailleurs, les ventes de ce secteur sont à l’arrêt depuis l’entrée en vigueur du décret de TVA en question. ◆

P our améliorer la pro- ductivité, la qualité et augmenter la pro- duction, l’agriculture nationale table sur la mécanisation. A cet égard, de nombreuses dispositions ont été lancées, notamment des formules de financement adaptées et des subventions dédiées. Au cours de la période 2009-2013 qui a marqué le démarrage du Plan Maroc Vert, les ventes de tracteurs agricoles, véritable baromètre de l’activité, ont atteint une moyenne de plus de 4.500 uni- tés/an, avant de chuter à 2.529 unités en 2018, puis passer à 1.119 en 2022, enregistrant un recul de 43% par rapport à 2021. Certes, les dernières années ont été difficiles à cause notam- Par C. Jaidani

Il est ques- tion d’investir de nouvelles pistes pour booster les ventes, comme la diversifi- cation des modes d’acqui- sition de maté- riel.

disposition fiscale impo- sant l’application de la TVA à ces produits. «Auparavant, pour le matériel destiné exclusi- vement à l’usage agricole, l’agriculteur bénéficiait d’office de l’exonération de la TVA. De même, les importateurs dédoua-

80% des exploi- tations agricoles marocaines étant de petites superfi- cies, la plupart des tracteurs agricoles utilisés sur le mar- ché sont de faible puissance.

naient le matériel agricole en exonération de TVA et leurs réseaux de distribution pouvaient acquérir ce matériel en hors taxe pour fournir les agriculteurs. La mise en place par l’Administration d’un dispo-

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