Finances News Hebdo N° 1099

P OLITIQUE

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JEUDI 9 MARS 2023 FINANCES NEWS HEBDO

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France – Afrique Macron, un naufrage diplomatique L a politique étrangère française est source de crispations aigues ces dernières années. Et cela s’est davantage accen- tué depuis que Emmanuel ◆ En l’espace de 20 ans, le poids économique de la France en Afrique a été divisé par deux. ◆ Cette perte d’influence s’accompagne d’un sentiment anti-français nourri par un Emmanuel Macron jugé désinvolte et arrogant. Par D. William

Macron est arrivé au pouvoir. En effet, le sentiment anti-français grandit de plus en plus en Afrique, nourri par les maladresses, voire ce que d’aucuns qualifient d’irrespect du président français. Convenons- en : avec son discours paternaliste et condescendant, Macron a le don d’irriter les chefs d’Etat africains. Preuve en est sa récente tournée en Afrique. Dans son périple express qui l’a conduit pendant 4 jours au Gabon, en Angola, en République démocra- tique du Congo (RDC) et au Congo Brazzaville pour prêcher la fin de la «Françafrique» et prôner un partena- riat renouvelé avec le continent, il a néanmoins trouvé le moyen de se faire recadrer sèchement. C’était samedi dernier à Kinshassa, où les échanges avec son homologue congolais étaient particulièrement musclés. Deux sujets de tension : d’abord, le refus de la France de condamner franchement l' «agression injuste et barbare» du Rwanda dans l'est du pays dénon- cée par le président congolais Felix Tshisekedi. Mais Macron a plutôt choisi de se défouler sur les dirigeants congolais, notant que «depuis 1994, vous n’avez jamais été capables de restaurer la souveraineté ni militaire, ni sécuritaire, ni administrative de votre pays. C’est une réalité. Il ne faut pas chercher des coupables à l’extérieur». Il y a ensuite les propos tenus en 2019 par Jean-Yves Le Drian, ancien ministre des Affaires étrangères de Macron, qui

Tshisekedi à Macron : «Regardez- nous autrement, en nous respectant, en nous considérant comme de vrais partenaires et non pas toujours avec un regard paternaliste».

avait qualifié l’élection de Tshisekedi de «compromis à l’africaine» . Sur ce point, le président congolais ne s’est pas fait prier pour recadrer la France. «Quand il y a des irrégularités aux élec- tions américaines, on ne parle pas de compromis à l’américaine. En France, lors des années Chirac, lorsqu’il y a eu des électeurs décédés qu’on a fait voter, on ne parlait pas de com- promis à la française. Je crois qu’il doit y avoir du respect dans la consi- dération que l’on doit avoir les uns envers les autres. La manière de coo- pérer avec la France et l’Europe doit changer. Regardez-nous autrement en nous respectant, en nous considérant comme de vrais partenaires et non pas toujours avec un regard paternaliste, avec l’idée de toujours savoir ce qu’il faut pour nous».

changement profond qui est en train de s’opérer dans les relations entre la France et l’Afrique. La France se doit de redéfinir radicalement sa politique africaine. Car le temps des Etats vas- saux est terminé. La «Françafrique» est révolue. C’est une volonté popu- laire et collective d’une intelligentsia africaine consciente que les relations entre la France et l’Afrique doivent désormais être appréhendées sous le prisme d’un partenariat transparent, d’égal à égal, gagnant-gagnant. Cette révolte de la conscience col- lective a d’ailleurs pour conséquence une perte d’influence de plus en plus marquée de la France dans le conti- nent africain, au profit de puissances économiques comme la Chine ou encore la Russie. Plus globalement, tant pour l’exploitation des ressources naturelles que pour la construction d’infrastructures, la France perd du terrain. En l’espace de 20 ans (2000

Arrogance, désinvol- ture et le «en même temps» : c’est le triptyque qui caracté-

rise la pré- sidence de Macron.

Perte d’influence Cet échange illustre parfaitement le

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