P ermettons-nous une interrogation sobrement formulée : mais à quel moment exactement est-il possible/souhaitable/encouragé en prépa de penser à autre chose qu’aux écrits qui approchent ? À l’énergie à mobiliser et au temps à réserver pour une préparation appropriée aux objectifs d’intégration que vous vous êtes fixés ? Entre les heures passées en cours, celles passées à travailler et celles passées à penser aux cours et au travail… il paraîtrait raisonnable que le temps encore à votre disposition soit consacré au repos de l’esprit. Bon. Maintenant que nous nous sommes laissés aller à l’exagération, on va braquer un peu vers le centre, mettre de l’eau dans notre vin et regarder le paysage en se figurant que respirer autre chose que l’encre fraîchement déposée sur une fiche ou une copie n’est pas un crime, même à quatre mois des écrits. Il y a certes l’échéance du concours. Elle est majeure. Le sujet le verbe et le COD de toutes vos phrases. Mais dire « Le concours est concours pendant que le concours alors concours » n’emmènera personne très loin. En tout cas, pas beaucoup plus loin qu’avril prochain. Introduire dans vos projections les plus avancées une pensée construite autour de « l’après » conférera à votre préparation un sens plus puissant encore que la « simple » volonté, très louable, de tout donner jusqu’à l’heure H du jour J. L’expérience prépa est en train de profondément vous transformer et personne n’imagine que tout sera terminé une fois le dernier oral achevé. La prépa vous suivra partout où vous irez. En école, dans un premier temps ! Malgré l’impression d’avoir tout oublié, d’être rouillé(e), les occasions ne manqueront pas de penser « prépa ». Que vos futurs cours de L3 résonnent directement avec des enseignements de CPGE ou que vos compétences se révèlent sous un jour différent à travers la gestion de projets, le continuum est présent. Écoles et CPGE bâtissent de plus en plus de ponts entre elles, et le certificat Arts libéraux que les diplômés passés par la prépa reçoivent désormais en même temps que leur Master in Management matérialise ce parcours post-bac en cinq ans. Il n’est pas impossible que dans trois ans (peut-être même avant) vous peiniez à reconnaître qu’une intégrale converge, mais dans dix ans (et certainement au-delà) il vous restera la mémoire très vive de vos années prépa et de celles qui auront suivi, of course ! Vous finirez par voir dans le dessin de votre parcours des couches qui se superposent sans se recouvrir. Vous êtes faits de ces bois-là. Le concours n’est pas une hache. Adieu, maths, géopo, culture gé …
Par Stéphanie Ouezman
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n°19 Décembre 2025
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