ponsabilisation. Pour 1/4 des répondants, ce sont surtout les ambitions communes en matière d'excellence académique qui rapprochent classes préparatoires et Grandes Écoles. Transfert de compétences Le classement des compétences ou qualités acquises par les préparationnaires estimées les plus transférables en école de management (voir encadré page 22) fait apparaître que la classe préparatoire est d'abord une école du jugement et non de l'accumulation. La capacité à hiérarchiser, évaluer, ques- tionner et nuancer apparaît pour les professeurs de CPGE comme le leg le plus précieux de la prépa. Résister à l'évi- dence sera utile en école… et après ! La deuxième place de l’autonomie et du sens des priorités en dit long sur la nature réelle de la prépa : un espace où l’on apprend à s’organi- ser seul(e), à arbitrer entre l’urgent et l’important, à gérer des contraintes fortes sans mode d’emploi permanent. Des qualités qui se transfèrent tout particulièrement en école de management et ensuite en entreprise, où il faudra prendre des décisions sans attendre la consigne parfaite. Contrairement à une idée reçue et même périmée depuis des années, les professeurs soulignent ensuite la capacité des préparationnaires à travailler avec les autres, à partager des ressources, à se soutenir dans la durée. Cette socialisation intellectuelle intense constitue un excellent terreau pour la vie associative, le travail en équipe et le leadership col- laboratif en école. L’aisance rédactionnelle et les qualités d’expression développées en prépa rappellent qu'elle forme aussi à penser par l’écrit et par la parole. Structurer une idée, argumenter, convaincre, reformuler : ces compétences sont immédiatement transférables dans les écoles de manage- ment, puis dans les métiers à responsabilité. Savoir « faire des slides », ok, mais « écrire juste » et « parler clair » sont des avantages compétitifs durables ! Résilience et endu-
Si vous ne vous intéressez pas à la géopolitique…
Apparue en CPGE il y a 15 ans (et au lycée depuis la réforme de 2019), la géopolitique, et plus précisément l'HGGMC pour histoire géographie et géopolitique du monde contemporain, fait partie des disciplines au cœur du continuum. « Dans beaucoup de grands groupes, des postes de “Chief of geopolitics” sont désormais créés , observe Alain Joyeux. C'est une discipline du management, comme l'affirmait Jean-François Fiorina, ancien pilote du PGE de GEM, qui a contribué à donner à la discipline ses lettres de noblesse en école de management. Maîtriser le contexte géopolitique international est important pour diriger une entreprise, anticiper ses évolutions. » Changement de focale. La géopolitique n'est pas enseignée tout à fait de la même manière en école qu'en prépa, où le programme et le concours circonscrivent les sujets devant être abordés durant les deux années jusqu'aux épreuves. En école, les enseignants-chercheurs ont plus de liberté et travaillent davantage sur des études de cas et des analyses de situations. « La pédagogie est différente parce que l'optique est différente. Il y a une dimension peut-être plus utilitariste en prépa et plus de place à l'élaboration de liens entre les disciplines en école , avance Alain Joyeux. La vision très “macro” des professeurs d'HGGMC est moins celle proposée en école où l'on suivra plutôt des cours de géopolitique dans des domaines spécifiques, comme la géopolitique de l'IA, par exemple . » Mais rien n'est définitivement écrit ! Le continuum autour de la géopolitique se nourrit aussi des masterclass et conférences auxquelles participent les professeurs de CPGE comme ceux d'écoles de management. Les réflexions conduites en commun vont certainement faire émerger d'autres propositions. À cela s’ajoute le rôle des associations étudiantes spécialisées en géopolitique, qui contribuent activement au continuum par la
publication d’articles et l’organisation de débats. Pourquoi de la géopolitique en école de management ? Dans une tribune publiée cet automne sur major-prepa.com, Axelle Degans, professeur d'HGGMC au lycée Faidherbe, à Lille, défend en particulier trois utilités à l'enseignement de la géopolitique en école : 1 décrypter les héritages auxquels nous sommes toujours confrontés ;
LA TRIBUNE COMPLÈTE
2 répondre à une demande des entreprises qui ont besoin de managers ayant une « intelligence du monde » pour prendre les décisions les plus éclairées possibles dans un monde en pleine mutation : attaques du multilatéralisme, réaffirmation des souverainetés, nécessité de repenser les chaînes d’approvisionnement dans une stratégie de de-risking à l’heure de la guerre économique menée par les États-Unis ou la Chine. Comprendre les enjeux mondiaux est indispensable pour optimiser les actions des entreprises à l’international ; 3 rendre plus performante la formation des managers qui sont ainsi capables de définir une grille d’analyse, mais aussi de se décentrer pour mieux comprendre l’autre. La géopolitique est un outil d’aide à la décision grâce à la prise de recul qu’elle implique. Elle appartient pleinement à la réflexion stratégique des entreprises. Si vous ne vous intéressez pas à la géopolitique, la géopolitique s'intéressera à vous !
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n°19 Décembre 2025
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