LeMajor-19

DOSSIER On réinvente les classements

de leur école dans les classements. Nous n’avions pas retenu « la sélectivité à l’entrée » parmi les propositions à cocher. Erreur ! Ce critère a été cité par 50 % des prépas qui avaient aussi la possibilité de formuler des réponses libres à cette question. Comme quoi, même lorsqu’on parle d’avenir, le prestige du filtre d’entrée continue de peser lourd. Classer… mais pourquoi ? Pour finir, place à une question (presque) philosophique ! Nous avons largement compté sur l’esprit d’analyse, le sens critique et la capacité de recul dont les préparationnaires sont largement dotés pour obtenir des réponses sensées à une interrogation majeure dans un monde où tout est devenu objet/sujet de classement, eux les premiers… : « À quoi doit réellement servir un classement selon vous ? » Deux fonctions principales émergent très nettement pour les répondants pragmatiques que nous avions (gentiment) contraints à ne cocher qu’une réponse. Les classements sont d’abord « une source d’information » pour 37 % des pré- parationnaires quand 28 % s’en servent avant tout comme d’« un point de repère ». 14,5 % les utilisent comme « un outil de comparaison » des écoles entre elles. Pragmatiques, nous disions ! Seuls 10,5 % affirment qu’un classement doit directement servir « à faire des choix ». 5 % les utilisent pour « se rassurer » et ils sont le support des rêves de 3,6 % des prépas poètes ! Dernier enseignement de ce sondage : son propre effet miroir. À l’issue de ce sondage, 30 % des répondants confir- ment qu’ils n’ont pas changé de regard sur les classements, car leur manière de les appréhender leur convenait déjà. 32,5 % estiment quant à eux que cet exercice a fait évoluer leur regard, mais sans changement immédiat. 23 % confient qu’il prendront certainement le temps de les consulter avec plus de recul… ◗

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Si tu pouvais créer ton propre classement des écoles de management, quels sont les 3 critères que tu placerais en tête ?

75,5%

57%

50%

Le salaire de sortie

Ouverture internationale

Insertion professionnelle

pour 6,5 % d’entre eux. Quant à l’ « innovation », elle n’est recherchée que par… 2 % des répondants. Le message est clair : un ranking n’a pas vocation à divertir, mais à mettre de l’ordre dans le chaos. Mais attention, un classement se révélant « biaisé ou orien- té » décevrait une grande majorité des préparationnaires (graphique 8). 68 % des répondants ont coché ce qualificatif comme signe majeur d’un classement décevant. En com- paraison, qu’il soit « contestable » ou « incohérent » ne dérange que 39 % et 38,5 % des répondants. Un classement « trompeur » décevrait 37,5 % d’entre eux, et un classement « superficiel » 33 %. « Contradictoire » ou « réducteur » ne fait tiquer qu’un prépa sur quatre. Quant aux classements jugés « illisibles », seuls 15 % des répondants s’en plaignent. Et les palmarès dont les positions semblent « immuables » ? Ils sont pardonnés sans hésitation. Le SIGEM peut dormir tranquille : son éternelle stabilité ne trouble absolument pas les prépas ! Si les prépas faisaient leur propre ranking … Et s’ils étaient invités à prendre la main pour établir leur propre classement, quels seraient les critères qu’ils feraient peser le plus lourd dans la méthodologie qu’ils retiendraient (graphique 9) ? La réponse est sans appel : le salaire de sortie compte au-delà de tout pour 75,5 % des préparationnaires. Si l’horizon professionnel immédiat reste donc le principal prisme de lecture des futurs intégrés, deux autres cri- tères se détachent aussi nettement : le niveau d’ouverture internationale de l’école (57 %) et la qualité de l’insertion professionnelle (50 %). Autrement dit, au-delà du premier salaire, ce sont la capacité à évoluer dans un environnement globalisé et la solidité des débouchés qui comptent. Ils sont ensuite 36 % à citer la pédagogie, qui n’est pas le premier moteur de leurs choix. Les autres critères que nous avons proposés jouent des rôles plus secondaires. « Innovation » (17,5 % de citations), « vie associative » (15 %) et « frais de scolarité » (13 %) compteraient ainsi de manière plus modérée. Le campus (localisation et infrastructures), l’engagement dont l’école fait preuve (valeurs et actions) et l’ambiance sur place sont des critères qu’une minorité de répondants tiennent pour importants : 11 %, 9,5 % et 7 %. Et 6 % seu- lement insisteraient pour prendre en compte un critère lié à la diversité. Quelques réponses libres viennent toutefois nuancer ce tableau très orienté « sortie ». Certains répon- dants ont proposé des critères favorisant davantage la pro- jection dans le temps long : mesurer l’adaptation des écoles aux évolutions du monde du travail, ou encore l’adéquation entre le niveau des postes occupés par les diplômés et le rang

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n°19 Décembre 2025

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