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Ils confirment également que les choix différenciants opérés dès la création de SKEMA, première business school issue d’une fusion majeure, étaient les bons, et qu’ils ont été réaffirmés avec constance. Je pense notamment à notre modèle d’im- plantation internationale : des campus en propre dans chaque grande région du monde, accessibles à tous nos étudiants chaque semestre, et sur lesquels nous accueillerons 50% d’étudiants internationaux d’ici 2030. Sur ces campus, nous avons construit des liens solides avec les acteurs économiques locaux et les groupes internationaux implantés sur place. Nos étudiants et jeunes diplômés bénéficient directement de ces réseaux pour leurs stages et leur premier emploi. Observer l’évolution du rang de SKEMA dans les classements, c’est finalement mesurer l’influence croissante de l’école sur les territoires où elle se développe et l’impact très concret qu’elle a aujourd’hui. Si nos résultats dans les palmarès y contribuent peut-être, ils sont surtout le reflet du travail mené dans nos programmes : année après année, nous accueillons sur nos différents campus des étudiants d’un niveau toujours plus élevé. P.H. En vingt ans, les écoles se sont fortement structurées autour du sujet des classements. À SKEMA, une dizaine de collaborateurs sont désormais mobilisés pour collecter des données issues de toutes nos activités (recherche, internatio- nal, impact, mobilité…). C’est un travail conséquent : certains questionnaires dépassent les cent items, et la phase de vérifica- tion exige parfois de préciser nos réponses, souvent auprès de cabinets externes mandatés par les médias, comme le pratique le Financial Times . Dans ces conditions, il est rare qu’un classe- ment nous fasse découvrir quelque chose que nous ignorions sur nous-mêmes. En revanche, la compilation de ces données sur un ensemble d’écoles fait émerger des tendances fortes : la montée en puissance des business schools d’Asie ou d’Inde, par exemple, est très visible dans les dernières éditions des pal- marès internationaux. Les classements nous apprennent donc moins sur SKEMA que sur le monde dans lequel nous évoluons. Les classements vous apprennent-ils encore des choses sur votre école ? Vous évoquez souvent la nécessité d’une méthodologie claire. Comment distinguer un classement crédible d’un autre qui ne le serait pas ? P.H. Je n’ai pas de reproches à formuler dès lors que la métho- dologie d’un classement est claire, transparente et vérifiable. En revanche, il existe des “classements” publiés par des entités improbables, accessibles uniquement en ligne, dont la méthode est floue et les interlocuteurs introuvables. Ces palmarès-là, à mon sens, ne trompent personne. Il faut faire confiance à l’intelligence des lecteurs : personne ne s’en- gage dans des études supérieures parce qu’un établissement inconnu apparaît soudain en tête d’un classement jamais vu auparavant. Ce qui fait la valeur d’un palmarès, c’est son histoire, son sérieux et la cohérence de sa méthodologie. De ces éléments dépend l’impact réel qu’il peut avoir auprès des familles, des candidats et des entreprises… Au-delà des débats méthodologiques, qu’est-ce qui, dans les classements actuels, reflète mal la réalité des écoles comme SKEMA ? P.H. Un classement repose forcément sur des indicateurs standardisés. Or, ces indicateurs ne restituent qu’une partie de

la réalité vécue par nos étudiants et par ceux qui rejoindront nos programmes. Prenez un critère en apparence simple, comme le nombre d’étudiants internationaux : il devient extrêmement complexe dès lors qu’une école fonctionne en réseau global, comme c'est le cas de SKEMA. Les 400 étudiants brésiliens de notre campus de Belo Horizonte sont considérés comme nationaux au Brésil… mais deviennent internationaux dès qu’ils se rendent sur nos autres campus. Le même phéno- mène existe pour un étudiant chinois à Dubaï, un Sud-Africain à Raleigh, etc. Comment, dans ce cas, comptabiliser correc- tement la diversité réelle d’un établissement? La montée en puissance de la mobilité intercampus oblige les classements à repenser leurs critères, et nous en discutons régulièrement avec eux. À mes yeux, un bon classement doit offrir au lecteur un aperçu fidèle de l’expérience étudiante qu’il pourra vivre. Mais comment trouver un nombre limité d’indicateurs vrai- ment révélateurs de ce qu’est un programme ? C’est une ques- tion centrale. Je pense par exemple aux réflexions engagées par le Financial Times sur les publications de référence pour évaluer la recherche, sur les critères ESG ou encore sur l’in- tégration de l’intelligence artificielle dans les cursus. Sans un dialogue serein entre écoles et “classeurs”, je doute que nous puissions aboutir à des réponses pertinentess. Quels conseils donneriez-vous aux préparationnaires pour lire les classements de manière éclairée et en tirer un vrai bénéfice ? P.H. Les préparationnaires ont une chance inouïe : ils dis- posent déjà d’un repère très solide, le SIGEM, et ils ont accès à l’ensemble des classements consacrés au programme qu’ils intégreront, le Master in Management . Mais surtout, ils peuvent compléter ces éléments par une multitude de sources directes. Ils ont la possibilité d’aller sur les forums, les salons, les jour- nées portes ouvertes, de rencontrer les équipes des écoles, et surtout d’échanger très simplement avec leurs anciens cama- rades déjà intégrés. Cette capacité à collecter, directement ou indirectement, la réalité d’une école est un avantage énorme. À l’international, un étudiant situé à des milliers de kilomètres du campus qu’il rejoindra n’a pas cette facilité d’accès à l’in- formation. Jamais il n’a été aussi simple pour un élève de CPGE d’obtenir une vision à large spectre d’une école. Ensuite, à lui de veiller à la pertinence des informations : interroger les critères utilisés dans les classements, croiser les sources, et attendre des palmarès qu’ils lui apportent plus qu’un rang. La richesse d’un choix d’orientation ne se résume jamais à une seule ligne dans un tableau. ◗

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n°19 Décembre 2025

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