4 La réalité en face
8 Maîtriser la communication Selon les médias, nous recevons les classements quelques jours avant leur publication officielle. Ils sont évi- demment couverts par un embargo que nous respectons stric- tement. Mais ce délai nous permet d’anticiper : travailler notre stratégie de communication, préparer l’argumentaire, conce- voir les visuels à partager en interne, auprès de nos étudiants, Alumni, partenaires, et sur nos réseaux sociaux. Voir leur école gagner +25 places dans un classement mondial de référence est une fierté pour nos étudiants et leurs familles. Et lorsque la nouvelle est moins bonne, cette anticipation évite d’improviser une communication de crise. Il ne faut jamais minimiser l’impact d’un classement, qu’il soit positif ou négatif, ils font partie intégrante de notre commu- nication institutionnelle, et mon équipe et moi-même accom- pagnons systématiquement leur sortie pour nourrir l’image d’ICN. Pour autant, les accréditations revêtent une importance supérieure. J’en veux pour preuve : les nombreuses félicitations reçues ces derniers mois pour le renouvellement de AACSB et EQUIS délivrées à ICN pour la durée maximale! C’est une reconnaissance profonde, structurelle, du sérieux d’une école. Un classement est un objet complexe : items, sous- items, pondérations, méthodologie… tout s’imbrique. Cela demande du temps, du recul et de la méthode. Mais il ne faut surtout pas regarder un palmarès comme un texte sacré ou une machine incompréhensible. Au contraire : il faut ouvrir le capot, entrer dans le détail, comparer, comprendre ! Je fais toujours une analyse à froid qui me permet d’identifier les items sur lesquels ICN a été performante, ceux où nous avons été moins bons, et j’essaie de comprendre ce qui explique les écarts. Cette démarche permet aussi de mesurer l’état de santé des écoles concurrentes, de repérer les tendances, les forces du moment et les fragilités éventuelles. Bref : un classement se lit, mais surtout, s’analyse. Le phénomène est très intéressant à observer : les pré- parationnaires ont le nez dans les classements, mais je n’en- tends plus aucun d’entre eux en parler une fois qu’ils ont inté- gré. Aucun étudiant n’est venu jusqu’à mon bureau me parler des résultats d’un classement. Ils y reviennent en fin de cursus, lorsqu’ils sont sur le point de s’insérer sur le marché du travail. Je les vois consulter des palmarès plus confidentiels pour une lecture plus sectorielle des performances de la spécialisation pour laquelle ils ont opté en dernière année. Finance, Supply Chain, Management du luxe… nos MSc sont régulièrement très bien classés dans ces palmarès sectoriels, preuve que les classe- ments ne disparaissent jamais vraiment ! ◗ 9 Faire le diagnostic 10 Ça s’en va et ça revient !
Les classements nourrissent les réputations d’éta- blissements et ils sont une référence pour des candidats, les parents ou les professeurs qui ne peuvent pas, ou trop rare- ment, découvrir les écoles autrement. Je conseille toujours de se confronter à la réalité plutôt que de se laisser hypnotiser par un nom sur le papier ! Venez voir les campus, les lieux de vie, les équipements, les liens avec les partenaires. Rien ne remplace le ressenti. Aucun classement ne résiste au terrain, je le constate chaque année au moment des oraux : les admissibles ne com- prennent pas le rang SIGEM d’ICN! Certains nous choisissent pour l’ambiance versus des écoles mieux classées où ils se sentent mal sur les campus. À quand l’ajout du critère « qualité de l’expérience étudiante » SIGEM ! ? déjà entendu parler du classement SIGEM? Presque aucun. Le SIGEM traduit une réalité : celle des choix de candidats bril- lants… mais qui, à 18 ou 19 ans, connaissent encore très peu les écoles et n’ont pas encore mis un pied en entreprise. Ce n’est évidemment pas un reproche : c’est tout à fait normal à ce stade de leur parcours académique. Mais c’est précisément pour cette raison qu’il paraît hasardeux de faire du classement SIGEM le critère numéro un de son orientation. Le monde de l’entreprise ne le lit pas, ne l’utilise pas, ne s’y réfère pas. Les DRH s’inté- ressent à d’autres signaux : les compétences, la cohérence, la personnalité et l’audace du diplômé, du parcours, le challenge du collectif, la maitrise des enjeux contemporains. 5 Parlez SIGEM à un DRH Quel(le) directeur(trice) des ressources humaines a 6 Une photo en noir et blanc À une période que les préparationnaires actuels ne peuvent avoir connue, la réputation d’ICN rivalisait avec celle du Top 5 actuel. Aujourd’hui, le Top 3 semble figé; le Top 5 bouge à peine et même dans le Top 10, les mouvements, lors- qu’ils existent, restent marginaux. Qu’adviendra-t-il le jour où HEC ne sera plus la première business school de France ! ? Est-ce à dire que la 7 e vaut davantage le coup que la 8 e pour les 50 années à venir encore ? Je me demande parfois comment les candidats peuvent trouver cela stimulant. Un classement reste une photographie à un instant T d’une école : son ambition, ses audaces, ses finances. Faut-il nous résoudre à regarder les mêmes clichés d’année en année ? dont il est complexe de se départir, contrairement à d’autres pays d’Europe où la notoriété d’un établissement se construit d’abord sur d’autres critères (son expertise, son réseau, son écosystème…). L’exemple allemand est parlant : il n’existe pas de ranking des écoles de commerce conçu comme en France, mais c’est le cas dans d’autres pays européens, ce qui montre que la notion même de « classement des business schools » est le produit d’un certain modèle éducatif, et qu’elle n’est pas universelle. Je comprends malgré tout qu’un(e) préparation- naire souhaite voir ses deux ou trois ans d’effort, de travail, de révisions récompensés par l’intégration d’une école aussi bien classée que possible. Il n’est d’ailleurs pas anormal que cette culture du rang trouve un écho très fort en classe préparatoire, un univers où il est question… du rang que l’on aura à l’issue du concours ! 7 Le rang, une passion nationale ? La France a une culture des notes et du classement
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n°19 Décembre 2025
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