NE RIEN ÉCRIRE DANS CE CADRE
distance du spectateur vis-à-vis de l’œuvre, à l’instar des peintures protégées par des vitres au musée. En ce sens, la proposition provocatrice de Max Gallo selon lequel “l’image est sans mémoire, elle produit un attrait qui dure le temps où elle est présente” interroge le rôle de l’image dans la transmission d’une mémoire de l’humanité. En ce sens, la massification des images conduit à une répétition du même, simplifiant les images et affaiblissant la transmission d’une idée à travers le temps. Sans préservation des images, comment transmettre un patrimoine ancien et riche ? Le sauvetage des images réside donc dans la préservation de la richesse des représentations malgré une massification, une virtualisation et une répétition du même. Dès lors, comment pouvons-nous sauver les images ? Ce cri de détresse ne signifie-t-il pas autre chose ? Paradoxalement, cette virtualisation ne permet-elle pas de préserver les images ? La sauvegarde des images réside dans la transmission d’une mémoire puisqu’une société qui oublie ses racines est une société condamnée à reproduire les mêmes erreurs. En ce sens, l’objectif de l’Atelier des Lumières à Paris est de faire redécouvrir des œuvres majeures de l’histoire de l’humanité par des jeux de lumière. Mais comment comprendre les images sans une éducation à ces dernières ? L’éducation aux images ne permet-elle donc pas de mieux transmettre les images ? Barthes, dans l’article Rhétorique de l’image, pose ainsi le problème suivant : l’image, par sa nature analogique, constitue-t-elle un véritable système de signes nécessitant une éducation à l’image ? En ce sens, pour l’analyse de la publicité Panzani, il distingue trois caractéristiques des images : le message linguistique (le texte), le message iconique codé (les fruits) et codé (les couleurs). Dès lors, la diversité des significations reposant sur des codes culturels conduit à la nécessité d’une éducation à l’image pour comprendre les particularités des images. Sauver les images, c’est éduquer aux images pour permettre la transmission de l’histoire de l’humanité. La virtualisation semble permettre un accès illimité aux images. Pendant le covid, de nombreux musées à travers le monde ont partagé leurs œuvres en version numérique. Ainsi, paradoxalement, la virtualisation permet un accès illimité aux images à travers le monde, permettant une éducation aux images grâce à des analyses variées. Cette diffusion permet de faire vivre les images et donc de les sauver. Joffe, dans l’article Le pouvoir des images, explore ce paradoxe. En effet, les images créent une mémorisation forte et affectent nos sens. Dès lors, la virtualisation des images est à l’origine d’une mise en lumière d’une particularité : “c’est le pouvoir de la victime identifiée”. En ce sens, la virtualisation des images permet de sauver les images par une transmission massive. Ce cri de détresse soulève donc la nécessité de préserver les images, en tant que fondement du lien social. En effet, les images, en tant que médium, facilitent les interactions sociales par l’usage de symboles à l’instar des drapeaux nationaux pour défendre sa nationalité. Le problème est donc de sauver les images pour sauver la société dans son ensemble. Rabot, dans son article L’image vecteur de socialité, soulève ce paradoxe. En effet, l’image permet une identification rapide. Les mouvements religieux et révolutionnaires utilisent des images pour créer un groupe social et défendre une idée. Dès lors, la sauvegarde des images réside dans l’éducation aux images, permettant de faire tenir la société malgré une massification des images. La sauvegarde des images permet donc de transmettre la complexité des images et la richesse de ces dernières malgré la virtualisation. L’enjeu est donc de réfléchir à la protection des images puisqu’une société sans images est une société condamnée à l’ignorance. Les régimes autoritaires privent les individus des images pour réduire les libertés qu’ils possèdent. Ce cri de détresse révèle la difficulté de sauver les images dans une société où l’apparence prime sur l’essence. Sauver les images, c’est sauver ce qui fait de nous des hommes, en favorisant notre liberté de pensée.
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n°19 Décembre 2025
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