LeMajor-19

Commentaire de la copie de Maxime

O btenir 20/20 en dissertation de Culture Géné- rale, voilà qui n’est pas rien et qui mérite avant tout d’être salué, tant il est vrai qu’on ne saurait parvenir à ce résultat qu’au prix d’un véritable travail, parfois fort ancien, régulier, attentif aux détails et aux exigences qu’appelle l’exercice dissertatif et que rap- pellent année après année les rapports de jury. Qu’il soit ici à nouveau répété aux préparationnaires que ces rapports donnent le la des attentes aux épreuves, en insistant sur ce qui est attendu en termes d’esprit et de lettre, et sur ce qui est à éviter, voire à proscrire. Et c’est bien sur cette base que nous allons commenter cette copie ayant traité le sujet ECG d’HEC-emlyon de l’an dernier, « Sauver les images ». Une copie lisible et qui respecte la forme canonique de l’exercice Une copie s’appréhende globalement dans un premier élan avant que d’être véritablement lue dans le détail. Cela implique que la personne qui corrige va d’abord s’attacher à la forme générale de la copie afin de s’assurer qu’elle res - pecte les attendus de l’exercice. C’est ici clairement le cas. À la belle lisibilité de la prose qui est un atout majeur devant la multiplication de copies parfois à peine déchiffrables, trop souvent peu soignées quand elles ne sont pas carré- ment sales, s’ajoute un parfait respect de la forme cano- nique de l’exercice : une introduction parfaitement identi - fiable à laquelle répondra in fine une conclusion elle-même repérable, trois parties de trois arguments chacune reliées par deux transitions assurant la solidité de la composition, et, point essentiel, la présence immédiatement visible d’au moins une référence sous la forme d’un titre souligné qui apparaît dans le premier tiers de chaque paragraphe. Les titres laissent d’ailleurs apparaître une belle variété de réfé- rences empruntant à plusieurs champs culturels. Évidemment, la forme ne saurait pas tout faire ni sauver une réflexion indigente, ce que n’est en rien la dissertation que nous lisons : le sujet a été clairement identifié, dans lequel un paradoxe a été soulevé donnant ainsi lieu à l’élaboration d’une problématique sur laquelle il y a certes à redire, mais qui a l’avantage d’être claire et dynamique. Dernière remarque : à l’esprit de géométrie s’ajoute celui de finesse ; beaucoup de points d’interrogation, en effet, et de formules modales qui attestent de la bonne compré- hension de l’exercice : il s’agit d’avancer sans rien affirmer de définitif ni de péremptoire, mais au contraire, par ques - tionnements et hypothèses propres, à ouvrir la possibilité d’un champ dialectique. L’introduction À ce compte, l’introduction mérite que l’on s’y intéresse. Elle a assurément été travaillée, et à juste titre, puisqu’il s’agit d’un moment décisif, sans être pour autant définitif, dans l’évaluation d’une copie. Une bonne introduction, qui capte l’attention dès le début par une référence choisie qui permettra de tisser l’analyse du sujet en déclinant sans effet récitatif ni artificiel les termes du sujet, les points de tension qui y naissent et les champs de questionnement qui s’ouvrent, est ainsi à même de mettre le jury dans les meilleures dispositions.

Une bonne copie doit être l’authentique reflet d’une réflexion personnelle Rappelons-le une nouvelle fois : on peut obtenir 20/20 à un concours sans que la copie soit le reflet parfaitement fidèle d’un modèle idéal, si tant est que cela soit possible. Ainsi — et la remarque est capitale — les copies à 20/20 que vous pourrez lire, à l’image de celle-ci, sont des exemples mais en aucun cas des modèles à suivre à la lettre. Une copie, comme une image, ne peut être sauvée que si elle devient authentique, c’est-à-dire, sous la forme imposée, l’expres- sion d’une personnalité. Une copie qui copie ne saurait être une copie vraie. Et notre copie porte encore en elle des points d’amélio- ration : l’annonce du plan est lourde et mériterait d’être retravaillée afin d’ôter les méchants « dans une première partie », « la tâche de la deuxième partie consistera… », « La troisième partie consistera donc… ». Le « Tout d’abord » est à oublier, car il peut appeler une suite plus chronologique que logique. Rédigez régulièrement et faites-vous relire ? Parce que la dissertation est un exercice, elle exige de s’entraîner et de faire ses gammes, régulièrement, quels que soient les talents et les difficultés que l’on ait. Qu’est- ce à dire ? Il s’agit d’écrire des paragraphes très souvent, en temps limité (maximum 15 mn/§), à la suite de chaque chapitre ou chaque étude, afin de vérifier que l’on est capable d’intégrer les connaissances acquises en cours à une démarche démonstrative. Le résultat a tout intérêt à être lu par un ou des camarades de promo dans un échange vertueux afin de corriger et amélioré ce qui mérite de l’être : qualité de la graphie, correction de l’expression, précision de l’analyse et pertinence de la référence convoquée, dynamique démonstrative, et, quand il y a deux para- graphes, logique des enchaînements. Remarque. Les erreurs que l’on retrouve d’année en année et qui sont pointées par les rapports de jurys finissent par devenir des fautes à force de n’être pas corrigées durant les entraînements. Pour rappel de ces erreurs récurrentes : la mauvaise maîtrise de la langue, le recours aux indications de plan entre parenthèses (I), (II), (III) qui sont proscrites en CG, l’absence de transitions, le recours à la citation plutôt qu’à l’exemple, les erreurs sur les titres et les noms d’au- teurs, la progression par cumul et non par logique, et, le plus grave, le refus d’obstacle : se réfugier dans la répétition de ce que l’on a déjà fait plutôt qu’oser penser face à un sujet inédit et peut-être même inattendu. Mais c’est bien à cela pourtant que préparent la Culture Générale et la dissertation : trouver à dessiner un chemin le plus assuré possible, ou du moins le plus clair possible, parmi les méandres du temps et les sables mouvants de la pensée. ◗

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n°19 Décembre 2025

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