NE RIEN ÉCRIRE DANS CE CADRE
2015 à Paris donnent à voir, les plus faibles peuvent faire la guerre aux Etats et déstabiliser l’ordre. Si F. Hollande disait « ce n’est pas une guerre de civilisation car ces assassins n’en représentent aucune, c’est une guerre contre le terrorisme djihadiste qui menace le monde entier » à propos du Bataclan, il semble toutefois que cette « guerre » diffère en tout point des autres : le monde, surtout les occidentaux, font désormais face à des menaces sur leur propre territoire auxquelles il paraît impossible de faire face. Ainsi, l’arc de crise contemporain semble s’articuler aussi sur des nouveaux types de crises, inconnues jusqu’alors. Néanmoins, cet arc de crises et de tensions n’est pas exempt d’une instrumentalisation de ces instabilités par des puissances ayant tout à gagner dans le chaos. Ainsi, certaines puissances ont intérêt à maintenir, conserver cet arc de cirses. Bruno Tertrais dans La guerre des mondes considèrent alors quatre puissances « néo-impériales » : Chine, Russie, Turquie, Iran qui déstabilisent l’ordre mondial. Ainsi, pour la Russie, l’arc de crise constitue un marché pour exporter ses armes et nouer des partenariats économiques pour asseoir son influence. L’Iran profite grandement des conflits au Moyen-Orient pour tenter d’en devenir le leader, entretenant l’instabilité au Liban en finançant le Hesbollah, ou en Palestine en soutenant le Hamas, bien que sunnite. La Chine, quant à elle, polarise les tensions autour de la question Taiwanaise quand la Turquie soutient la République Turque / Chypre Nord (RTCN) voire menace de bombarder des patrouilleurs français quand ceux-ci demandent à inspecter leur bateau, accusé de transmettre des armes à la Lybie. Finalement ce paradigme est montré par Isabelle Moudraud dans Poutine et la stratégie du chaos où celui-ci entretient systématiquement le chaos et les crises dans le monde, donné à voir en Ukraine, pour garantir les intérêts russes. Ainsi, les arcs de crise dans le monde depuis le début de la guerre froide semblent participer à un affolement global du monde, le faisant évoluer sans boussole. Alors, pour garantir leurs intérêts et prévenir l’instabilité, Etats et organisations œuvrent pour y mettre fin. Ainsi, états et organisations tentent d’apaiser ces arcs de crise qui déstabilisent le monde. Toutefois, il implique de nuancer cet arc de crise : certaines crises sont conjoncturelles et n’affectent pas le monde de la même façon. Dès lors, si l’arc de crise est encore d’actualité, il ne semble plus correspondre exactement à la conception classique du début des années 2000. Ainsi, il est imparfait : ne peut-on pas considérer comme arc de crise l’Amérique latine où les cartels et la drogue mènent à un chainage territorial des Etats sur la route de la drogue ? De même, les Etats baltes symboliquement déconnectés du réseau électrique russe en mars 2025 ne semblent pas atteints par la même crise qui a lieu au proche-orient. Il semble bien avoir divergence dans le degré des crises des Etats qui constituent cet arc. Alors, si la formule est pérenne, c’est bien que cet arc concentre les possibles crises présentes mais également à venir face aux quatre puissances néo-impériales qui en sont partie prenante. Notons toutefois que la pertinence des enjeux qu’incarne l’arc de crise varie en fonction de la proximité géographique et l’instabilité qu’elle peut créer. Par exemple, on peut observer le dissensus au sein même de l’union la plus abouti du monde : les Etats éloignés géographiquement de l’Ukraine se sentent moins menacés que la Pologne, limitrophe à l’extrémité Ouest de l’arc. Ainsi, quand la Pologne se réarme et accueille des migrants, l’Espagne fait profil bas. Toutefois, de nombreux Etats ainsi que l’ONU tentent d’œuvrer pour apaiser l’arc de crises. Mais faces au manque de moyens, la diversité des crises et les divergences d’implications et d’intérêts, les résultats sont parfois décevants. Par exemple, les USA, sans appui de l’ONU, interviennent en Irak en 2003 ou en Afghanistan en 2001, mais ne parviennent pas à maintenir l’ordre, manifestant « l’impuissance de la puissance » (Badu) où même l’hyperpuissance ne peut résoudre les crises. Pire encore, elles semblent les entériner, résultant dans des massacres de population. Adam Bazcks dans La Guerre par le droit montre justement comment les Talibans en Afghanistan sont parvenu à faire paraître leur gouvernement comme légitimes, prenant en charge des crises humaines provoquées par les USA. Néanmoins, les Opérations de Maintien de la Paix (OMP) multidimensionnelles de l’ONU tentent de répondre à l’hétérogénéité des crises, essayant de reconstruire l’ordre (peace building and peace building) pour répondre aux crises futures : ainsi la FINUC au Liban, le KFOR avec l’UE au Kosovo. Finalement, il paraît légitime de se questionner sur l’apaisement possible de l’arc de crises. En ce sens, la poudrière du monde a connu quelques apaisements en Syrie où le groupe de Hayat Tahrin Al Charm a renversé Bashar El Assad en 2025, mettant fin à une guerre civile de plus de 10 ans. Toutefois, même si HTC avait promis qu’il n’y aurait pas de violences faites envers les alaouites pour se venger, force est de constater qu’il s’agit de promesses non tenues, avec des chasses à l’homme qui s’organisent. De même, si le court cessez-le-feu entre Israël et la Palestine a donné des espoirs pour l’apaisement du conflit, la volonté d’Israël d’une Palestine sans Hamas semble être une position difficile à défendre. Finalement, alors qu’est paru le 22/04/2025 le nouveau « super accord » de Trump pour l’Ukraine, il est qualifié de « capitulation masquée » par le président ukrainien Zelensky. En d’autres termes, si de nombreux dialogues et discussions ont lieu pour tenter de mettre fin à l’arc de crise, ils semblent bien dérisoires face aux problèmes structurels au fondement de l’arc de crises. En conclusion, il semble bien que les arcs de crise ont structuré les relations internationales depuis le début de la guerre froide. Ayant pris racine dans les affrontements systématiques entre Est et Ouest pendant la guerre froide, l’arc de crise ne s’est pas terminé avec la guerre froide. Bien au contraire, ces crises se sont enracinées, multipliées et menacent désormais le monde entier. Néanmoins, face à ces enjeux globaux, certains Etats néo-impériaux profitent du chaos présent pour asseoir leur influence, alimentant le cycle de crise. Cela implique alors de penser ce que peuvent les Etats et l’ONU face à des crises multiformes et diverses. Si les relations internationales se réchauffent actuellement et que le dialogue est renoué avec la Russie, rien ne garantit une gestion des arcs de crise présents et à venir. Finalement, le réchauffement climatique où des zones serait inhabitables en 2050 laisse présager un arc de crise climatique dans les zones sèchent et arides, généralement pauvres et n’ayant pas les moyens d’y faire face. En d’autres termes, on pourrait s’attendre à ce que le nombre d’arc de crises décuple dans le monde.
3 3
84
n°19 Décembre 2025
Made with FlippingBook Online newsletter maker