NE RIEN ÉCRIRE DANS CE CADRE
Tout d’abord, les fractures sociales ne nuisent en aucun cas au bon fonctionnement d’une économie. En effet, Walras dans Eléments d’économie pure montre que tous les marchés sont autorégulés, c’est-à-dire qu’ils parviennent toujours à un équilibre. Pour lui, cela s’explique par le phénomène de tatônnement walrassien où le commissaire-priseur étant omniscient permet l’atteinte systématique d’un équilibre
économique (schéma ci-dessus). Ainsi, les fractures sociales n’affectent pas l’atteinte de cet équilibre, car l’offre valide toujours la demande. Par exemple, les hypothèses de mobilité parfaite et de libre entrée et sortie des agents sur un marché garantissent un équilibre de plein emploi, d’après le modèle de Concurrence pure et parfaite des marginalistes. De même, la balance commerciale est équilibrée. Donc, les équilibres économiques sont toujours atteints. Ensuite, il semble que certaines inégalités soient justifiées pour permettre d’atteindre ces équilibres. Le terme de fracture sociale dépend de la vision que l’on a de la justice sociale. Or, pour HAYEK, La route de la servitude, chaque individu est récompensé par un mécanisme indépendant et juste, le marché, pour sa contribution au processus de production et donc à l’économie. Ainsi, les inégalités économiques et sociales, comme la pauvreté, ne perturbent pas la réalisation des équilibres économiques et même sont nécessaires pour les atteindre. De même, si les inégalités s’expliquent par une hausse de la productivité et donc une hausse de l’activité économique, alors elles sont justifiées. En effet, Schumpeter explique que les inégalités sont justes car elles récompensent le risque pris par l’entrepreneur. Or ce risque est à l’origine d’une innovation qui facilité la réalisation d’équilibres économiques. Bairoch dans Victoires et Déboires montre que grâce aux innovations lors de la Révolution industrielle, la croissance économique est passé de 0,2% par an à 1,8% par an. Par exemple, l’innovation d’organisation qu’est la croissance fordiste à permis une croissance équilibrée et un plein emploi pendant 30 ans. Ainsi, les fractures sociales sont justifiées et nécessaires aux équilibres macroéconomiques. De plus, tant qu’elles sont temporaires, les fractures sociales accompagnent la réalisation des équilibres. En effet, la courbe de Kuznet met en avant le fait que les inégalités permettent dans un premier temps le début du processus de développement et donc de croissance économique puis elles se réduiront quand un certain équilibre est atteint. Cela s’explique notamment avec la théorie du ruissellement qui dit que il faut laisser les riches s’enrichir car cela se répandra dans la société et maximiser l’activité économique. Ainsi, les fractures sociales n’influencent pas ou permettent la réalisation des équilibres économiques tant qu’elles sont temporaires sinon elles affectent l’économie de façon néfaste. Les fractures sociales structurelles pèsent sur les agrégats économiques, car la demande ne valide pas la offre (A) et elles compromettent le plein emploi (B). Tout d’abord, lorsque les fractures sociales, notamment les inégalités économiques et sociales, sont trop importantes et permanentes, la loi des débouchés “tout offre crée sa propre demande” de J.B. SAY ne peut plus se réalisée. En effet, l’inégalité de rémunération entre le capital et le travail monter que le détenteur du capital s’enrichit et à un intérêt à maintenir les prix élevés tandis que le travailleur a une faible rémunération relativement et donc une faible consommation. En effet, Marx, en 1872, dans Le Capital dénonce le fait que le salaire de subsistance du prolétariat ne lui permet pas d’acheter toute la production. Il y a donc des crises de surproduction qui empêchent la réalisation des équilibres économiques. De plus, dans sa Théorie Générale de 1936, Keynes montre que la propension marginale à consomer diminue quand le revenu augmente. Donc, la demande ne confirme pas l’offre quand les inégalités sont importantes et structurelles à l’économie. De plus, les fractures sociales compromettent la réalisation de l’équilibre de plein emploi. En effet ces problèmes sociaux et inégalités peuvent se traduire par une marginalisation de certains agents mais aussi par des problèmes de qualifications et du chômage involontaire. Ainsi, le plein emploi ne peut être atteint malgré le fait qu’il y ait des postes non occupés et des personnes sans emploi, ce qui empêche alors une croissance équilibrée. Jaravel dans son ouvrage Marie Curie habite dans le Morbihan (2022) montre que les fractures sociales telles que l’exclusion géographique et les disparités de genre empêchent le développement de certaines compétences notamment dans le domaine scientifique. Ce phénomène entraîne un manque de main d’œuvre qualifiée dans certains secteurs,
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n°19 Décembre 2025
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