Mon employeur a fait son coming out

question de tenir des propos dépla- cés à mon sujet et que si c’était le cas, il y aurait des sanctions.

chez moi, après la douche, je me pomponne et je m’habille comme la femme que je suis. Mes collègues de la cuisine centrale savent que je suis Trans mais je n’ai jamais eu la moindre attaque sur le sujet. J’avais déjà une allure andro- gyne quand je suis arrivée chez Sodexo et j’ai toujours accepté d’en parler ouvertement. On plaisante sur le sujet et c’est tout : ça reste bon enfant et ça met une bonne ambiance. Ça permet aux autres personnes de mieux nous accepter. Appelez-moi « Madame » Une fois ma transition engagée et mon changement d’identité devenu officiel d’un point de vue juridique et administratif, j‘ai entrepris d’être reconnue comme femme par l’en- treprise. J’en ai parlé au Directeur de la Cuisine Centrale et c’est lui qui a fait remonter l’information auprès du Directeur Régional puis des RH et du Responsable Diversité avec lesquels j’ai eu plusieurs entretiens. Ils s’inquiétaient et voulaient savoir si cette transformation ne me posait pas de problème au travail. Ils étaient protecteurs. Puis, ils sont intervenus, avec mon accord, lors de l’une de nos réunions d’équipe pour annoncer officielle - ment que j’étais une femme. Ils m’ont beaucoup félicitée, ainsi que mes col- lègues, sur le parcours que j’avais eu ; j’ai eu droit à des applaudissements. Le Directeur Régional a bien spéci- fié qu’il fallait désormais m’appeler « Madame » et qu’il était hors de

Avec mes collègues, on en plaisante, c’est bon enfant

C’est ensuite, avec l’accord de tout le monde, que j’ai intégré le vestiaire des femmes. Une seule personne, une déléguée syndicale, a fait preuve d’animosité à mon égard. Ça lui posait un problème car je ne suis pas opérée. Mais à part elle, tout s’est bien passé. Mes collègues savent que je ne suis pas opérée : je n’ai jamais rien caché. Pour moi, ce n’est pas un sujet tabou. La trans- parence est importante dans une équipe et il ne peut y avoir de travail sans travail d’équipe. Et puis, il n’y a jamais eu de chan- gement de comportement ou de façon de travailler entre moi, sala- rié homme, et moi, salariée femme. Avant et après ma transition, ma performance reste identique. Pour faire progresser le bien-être des minorités au travail, je crois qu’il faut s’affirmer sans pour autant être virulent ou agressif. Il faudrait que ma situation se sache plus, que les salariés LGBT se rendent plus visibles pour éviter l‘isolement, qu’ils puissent en parler ouverte- ment à leur hiérarchie car le sujet est porté dans notre entreprise par une Direction protectrice.

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Mon employeur a fait son coming out - L’Autre Cercle - Novembre 2016

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