CHAPITRE 3
Puis, nous leur avons demandé ce qu’elle modifie dans leur ordinaire de travail. En installant ces témoignages personnels dans une sorte de « vis-à-vis », nous avons cherché à avoir deux angles de vue complémentaires, à 180 degrés l’un de l’autre. Une sorte de dialogue, de conversation, entre acteurs et destinataires d’une politique d’entreprise ou d’une collectivité. Mais, vous le verrez, la frontière peut s’avérer ténue entre les uns et les autres, voire les rôles s’inverser ou, pour être plus précis, se renforcer. Car dans certaines organisations, ce sont les LGBT, soutenus par des employeurs convaincus, qui ont été à l’origine de cette démarche. Enfin, ce « vis-à-vis » est l’occasion de mesurer des perceptions communes et des écarts. Et, nous le savons, on apprend beaucoup des écarts. Ils permettent de s’interroger utilement pour poursuivre son chemin et grandir, conscient de ses forces et faiblesses. Depuis qu’elles ont fait leur coming out, il y a un an, trois ans, ou plus tôt pour les plus précoces, les entreprises et organisations qui se racontent ici ont grandi sur le sujet. Elles sont aujourd’hui comme ces enfants qui basculent brusquement dans l’adolescence après une longue phase de latence marquée par le refoulement. De fait, c’est une parole encore adolescente qui émerge à travers leur témoignage Elle révèle l’hétérogénéité du panel d’entreprises qui osent aujourd’hui s’affirmer et s’engager et la grande variété des vécus LGBT au travail. Certains, employeurs comme employés et employées, sont comme ces ados mutiques, qui sortent du silence mais ne peuvent encore s’exprimer que de manière parcimonieuse, prudente. D’autres balaient les difficultés ou les doutes par des bouffées d’enthousiasme. D’autres, encore, s’interrogent. Une parole adolescente, oui, avec son charme, ses fragilités, ses absences et ses armes. Les plus matures utilisent ainsi la force des réseaux, réels ou virtuels, lesquels sont l’arme de transformation la plus largement utilisée par les plus jeunes, les digital natives. Quand, au sein d’une entreprise leader du conseil, un sponsor bénévole du réseau LGBT avoue tweeter beaucoup plus sur ce sujet que sur son cœur de métier, on comprend que dans son environnement, la « question LGBT » est
enfin sortie des refoulements propres à l’enfance. Après des années de plomb, qui s’en plaindra ?
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Mon employeur a fait son coming out - L’Autre Cercle - Novembre 2016
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