Mon employeur a fait son coming out

CHAPITRE 3

En effet, parmi la trentaine de collaborateurs et collaboratrices LGBT qui témoignent ici, seules 3 lesbiennes, dont une sous couvert d’anonymat, ont accepté de se raconter. C’est peu, très peu, et vous le verrez, nos témoins s’en font d’ailleurs l’écho, s’interrogeant sur les raisons qui motivent la sous- représentation des lesbiennes au sein de leurs organisations. Quant aux personnes bisexuelles, elles sont totalement absentes de ce panel. En revanche, une parole « Trans » émerge dans la sphère professionnelle, représentée ici par trois témoignages personnels, tandis que certains employeurs constatent que le sujet monte dans leur organisation. A chacun, nous avons laissé le choix de se raconter en donnant son nom ou de manière anonyme. A total, 3 personnes sur 30 ont choisi l’anonymat pour des raisons très diverses : harcèlement au travail, choix d’une invisibilité totale pour se protéger des discriminations, visibilité relative et volonté de contrôler son exposition, hostilité à toute « promotion de la diversité LGBT » et volonté d’indifférenciation. Chacun, à sa manière témoigne des multiples vécus au travail et de la persistance de la violence homophobe dans certains environnements professionnels. Nous saluons leur prise de parole, elle met à jour des réalités tapies et vient remplir l’espace encore immense entre visibles et invisibles. Elle dit aussi ce que les absents n’ont pas pu formuler et nous les en remercions. Nous avons voulu aussi raconter l’histoire de « monsieur M. » qui illustre le décalage entre la parole du siège d’un grand groupe et la réalité du terrain, ainsi que les dilemmes auxquels sont confrontés les responsables diversité lorsque des salariés LGBT refusent de faire valoir leurs droits par crainte de représailles. Nous laisserons le mot de la fin à Paul, prénom d’emprunt d’un agent municipal qui souhaite rester anonyme : « Il me reste tout de même une réserve, mais elle se délite » Il nous semble qu’il résume assez bien la situation pour une majorité de LGBT. Ah, non... Un dernier point, en forme d’interrogation : Où sont les plus jeunes, les vingtenaires. N’avez-vous vraiment rien ou si peu à dire sur le sujet ? Si, certainement, mais on ne vous entend pas ! Face à votre insouciance, vos aînés vous tiendraient certainement un discours de vigilance et vous diraient : « Les droits chèrement acquis sont fragiles et doivent se défendre et si la diversité LGBT, portée par nous jusqu’à cet âge adolescent, acquiert enfin droit de cité en entreprise, c’est à vous, les plus jeunes, de reprendre le flambeau. »

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Mon employeur a fait son coming out - L’Autre Cercle - Novembre 2016

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