CHAPITRE 3
Les actions à l’épreuve des perceptions : ce qui avance et ce qui résiste encore « Ce qui est compliqué, c’est de commencer. Il faut commencer un jour pour ne s’arrêter jamais », Yves Desjacques, DRH du groupe Casino. On l’a bien compris, la Charte s’implante dans des terreaux très divers. Trois typologies d’organisations émergent ainsi : celles qui, par la Charte, font leur coming out, sortent le sujet du placard ou du grand cabas de la diversité pour le mettre en mots ; celles qui ont auparavant quelque peu « travaillé » le terrain, qu’il s’agisse de « sondages » pour mieux cerner la problématique ou d’un premier travail de sensibilisation ; celles, enfin, internationales, qui sont déjà très actives sur le sujet et viennent renforcer leur environnement français en s’engageant publiquement. Que ces entreprises et organisations aient signé depuis six mois, un an, ou presque quatre ans désormais, ce qui nous intéresse ici, c’est de percevoir ce que cet engagement a produit en leur sein. Nous avons sondé nos témoins sur ce qu’ils ont vu bouger et ce qui résiste encore, histoire de prendre le pouls de notre adolescent en mutation. A/ L’éthique et les droits : garantir aux LGBT égalité, sécurité et soutien Nous l’avons vu, discriminer une personne en raison de son orientation sexuelle est interdit depuis la « Loi relative à la lutte contre les discriminations » promulguée en 2001. En 2012, l’identité de genre sous le nom « d’identité sexuelle » a rejoint les critères de discrimination prohibés par la loi, les portant aujourd’hui à 22. La Charte a d’abord le mérite de rappeler à toutes et à tous le droit français et l’obligation de protection et de non-discrimination faite aux employeurs. Cette vertu pédagogique est essentielle car ce qui semble aller de soi aujourd’hui ne l’était guère hier ! Alphonse, votre aïeul découvert, au chapitre 1 et notre mémoire historique, vous le dirait sans ambages : Il fut un temps où ses amis ou amies étaient ouvertement discriminé.e.s dans l’emploi. Dans les années 70 et 80, le militantisme homosexuel naît et se bat pour mettre fin aux interdictions professionnelles qui permettaient à certains employeurs, sur le critère de « mœurs », de refuser un emploi à une personne homosexuelle ; pratiques répandues, notamment dans les secteurs liés à l’éducation et à la petite-enfance où un amalgame sordide entre homosexualité et pédophilie pouvait être fait.
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Mon employeur a fait son coming out - L’Autre Cercle - Novembre 2016
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