CHAPITRE 3
affichés. Leur retour est que « Ça va mieux en le disant !», constate Vincent Baholet, délégué général de la fondation Face. « Avec tout ce nous faisons aujourd’hui, je suis persuadée que cela va émerger et que nous aurons bientôt un dirigeant visible », pronostique Barbara Leveel de la BNP Paribas. Qu’en pensent les premiers concernés, les LGBT eux-mêmes ? Un tel climat favorise-t-il la visibilité des LGBT ? Le « Oui » l’emporte au sein des salariés LGBT qui témoignent ici ; avec quelques réserves qui disent l’ampleur du travail qu’il reste à mener. « Avec la Charte signée, et les actions menées par Accenture, je me suis senti en sécurité et j’ai basculé du jour au lendemain vers la visibilité. J’ai pris conscience que ce n’est pas seulement un sujet de vie privée, que je dépensais beaucoup d’énergie à inventer des histoires », raconte Jean Eudes Pierra, l’un de nos témoins. Et de poursuivre : « Jusqu’en 2012, je n’avais jamais rencontré de collègues officiellement « out » et j’en vois aujourd’hui. Clairement, chez Accenture la situation a changé : on est passé d’un non-dit à des gens qui sont eux- mêmes. On ne met pas les homos en avant, c’est juste que les relations avec notre environnement de travail se sont simplifiées », confirme-t-il. Cette vision optimiste est tempérée par d’autres : « Je constate que notre réseau V-EAGLE France ne compte qu’une trentaine d’adhérents alors que nous sommes 11 000 salarié.é.s en France et au sein même de ce réseau, il y en a encore beaucoup d’adhérents qui n’osent pas parler de leur homosexualité dans leur environnement professionnel. J’en déduis qu’il y a encore énormément de craintes », tranche Laurent Chauvin de Volvo. Et nous sommes là dans une entreprise parmi celles les plus actives sur le sujet, dans la mesure où un important travail de sensibilisation est mené de concert par le réseau, la direction générale et les RH. A l’autre bout du spectre, qu’en est-il de la visibilité dans de plus petites structures ou dans ces entreprises ou organisations de culture très masculine, toutes désormais signataires de la Charte ? « Je sais qu’il y a des collaborateurs homosexuels au sein de Gecina qui refusent de se rendre visibles par crainte de conséquences. A ce jour l’entreprise n’a pas démontré que la visibilité ne comporte aucun risque », c onstate Jacques Craveia de Gecina. « Depuis la signature de la Charte, j’ai vu une augmentation de la visibilité. Des personnes LGBT se sont senties suffisamment à l’aise pour le dire », constate Bruce Hedgcock, porte-parole du réseau Pride de la BNP Paribas.
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Mon employeur a fait son coming out - L’Autre Cercle - Novembre 2016
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