Mon employeur a fait son coming out

CHAPITRE 3

« Moi, je suis arrivée en 2012 chez Accenture et je n’ai pas masqué mon identité. Très vite, j’ai proposé de participer au groupe de travail LGBT qui s’est constitué en 2013 pour avancer sur le sujet. Là, j’ai pu constater qu’il y avait très peu de femmes visibles, chez Accenture, comme ailleurs. », constate Rohenna Rodriguez. Même constat pour Alain Girard, employé à la ville de Fontenay-sous-Bois depuis plus de 30 ans. « Je connais des copines lesbiennes qui le cachent et qui ont beaucoup plus de difficultés que les gays. Je n’arrive pas à analyser le pourquoi, mais, par exemple, des lesbiennes chefs d’équipe ne le disent pas ouvertement. » Cet état des lieux n’a hélas rien de surprenant. L’ensemble des études menées jusqu’ici montrent que l’invisibilité est encore bien plus importante chez les lesbiennes. Comment l’expliquer ? Par un faisceau de raisons historiques et sociétales : moindre influence des femmes dans la sphère publique, associative et décisionnelle, homosexualité féminine « invisibilisée », absence de réseaux, faible assertivité, peur de la double discrimination (sexisme et homophobie)... la liste serait longue ! 6 Et qu’en est-il des personnes Trans au travail ? Au sein de notre panel, 3 personnes trans témoignent d’un soutien réel de l’organisation qui les emploie au fil de leur parcours de transition et d’une bienveillance des collègues. Quand on sait que cette minorité souffre de très fortes discriminations dans l’accès et le maintien dans l’emploi, de tels témoignages, laissent espérer que la situation des « trans » - qui recouvre une grande diversité d’identités - s’améliore enfin. D’autant qu’un texte de loi, voté en octobre 2016, simplifie désormais les procédures de changement d’état-civil. Côté employeurs, excepté quelques entreprises en pointe sur le sujet, comme IBM, qui a eu à accompagner plusieurs cas de transitions, on avoue son ignorance absolue des vécus trans : « Là c’était vraiment le vide intersidéral ! », se souvient Barbara Haddou d’Audencia, une des grandes écoles signataires de la Charte. Je me disais que je ne pouvais pas aider des gens que je ne connaissais pas. Je me suis documentée et l’un des étudiants d’Audencia m’a aidée à comprendre, il m’a mis face à quelque chose dont je n’avais pas conscience et je me suis rendue compte à quel point ça pouvait être difficile. »

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Mon employeur a fait son coming out - L’Autre Cercle - Novembre 2016

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