FNH N° 1152

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JEUDI 16 MAI 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

BOURSE & FINANCES

F.N.H. : BAM et la Banque mon- diale ont annoncé le déploiement dernièrement «Douar Tour» pour développer l’inclusion financière dans le monde rural. Quel est votre avis sur ce concept ? L. E. A. : Actuellement, et dans le cadre de «Greenback-Maroc», BAM et la BM lancent le concept de «Douar Tour» visant à accompagner les populations rurales via le renforcement de capacités dans le processus de décisions finan- cières. Concrètement, ce concept est déployé à travers des messages ciblés sur la manière de s’informer pour mieux com- prendre les différents services financiers disponibles pour le transfert d’argent et leurs tarifications. La finalité du proces- sus est de faire profiter les bénéficiaires, autant que faire se peut, des opportuni- tés qui se présentent à eux. Des outils didactiques sont mis à la disposition des acteurs de l’écosystème financier et de la société civile pour les diffuser auprès des populations cibles. S’il est important de consacrer au monde rural un certain nombre d’actions s’ins- crivant dans le développement de l’inclu- sion financière, on ne peut s’empêcher de relever que cette initiative ou ce concept de «Douar Tour» porte sur un champ limité, à savoir les transferts de fonds. Or, sur ce terrain, il est connu qu’en dépit de l’absence de concurrence et de transparence sur ce marché, le flux des transferts d’argent des MRE au Maroc s’est renforcé au cours des années du Covid. Le développement de l’inclusion finan- cière à destination du monde rural requiert des actions conséquentes sur différents plans, dont la création de l’em- ploi en milieu rural via différents vec- teurs. Parmi ces vecteurs, on peut citer le soutien de la micro, petite et moyenne exploitation agricole (établissement des justificatifs des actes de propriété, finan- cement, subventions, conseil agricole et formation des producteurs agricoles, …), la création d’activités génératrices de revenus, l’ancrage des producteurs aux marchés d’écoulement des produits agricoles… C’est la création de revenus en milieu rural qui constitue un véritable levier de l’amélioration de l’inclusion financière. Outre ce levier, il est impé- ratif d’améliorer l’offre des organismes de financement (banques, microcrédit, crowdfunding…) qui doivent innover en matière de produits appropriés et adap-

«Il y a une résistance sérieuse à l’amélioration des offres bancaires» Inclusion financière

Le taux de réalisation des actions prévues n’est que de 6% pour les offres bancaires, 36% pour le mobile paie- ment et 53% pour la microfinance. Les banques ont un rôle important pour concevoir des produits financiers biens adaptés à différentes couches sociales. Entretien avec Lahcen El Ameli, professeur universitaire d’économie.

Propos recueillis par C. Jaidani

Finances News Hebdo : Quel est l’intérêt de l’inclusion financière pour l’économie nationale ? Lahcen El Ameli : Les pouvoirs publics ont pris un certain nombre de mesures et programmé des actions concernant le développement de l’inclusion financière, dont en particulier des mesures favo- risant l’accès au financement bancaire des TPME et des auto-entrepreneurs. Mais, depuis quelques années, dans un contexte caractérisé par la succession de crises, dont la crise sanitaire (Covid 19), les effets des événements géopo- litiques (guerre Russie-Ukraine, …) et l’impact de la sécheresse qui sévit au Maroc depuis plusieurs années, la ques- tion de l’inclusion financière suscite de plus en plus d’intérêt de la part de l’Etat. Ce dernier multiplie les actions pour améliorer les résultats de la stratégie nationale de l’inclusion financière qui a

été adoptée en 2019 sous l’impulsion et avec l’appui de la Banque mondiale. Cette stratégie a pour objectif «un accès équitable pour l’ensemble des individus et entreprises à des produits et services financiers formels (transactions, paie- ments, épargne, financement et assu- rance) pour une utilisation adaptée à leurs besoins et à leurs moyens, afin de favoriser l’inclusion économique et sociale tout en préservant leur droit et dignité» . Elle doit profiter en particu- lier «aux segments jusque-là exclus ou sous-desservis : femmes, ruraux, jeunes et TPE». Chaque année, un rapport sur l’inclu- sion financière est établi par, entre autres, Bank Al-Maghrib, le ministère des Finances… qui retrace l’évolution des indicateurs de l’inclusion financière. Dans le cadre des efforts déployés par les pouvoirs publics pour améliorer l’in-

clusion financière, Bank Al-Maghrib a récemment lancé l’initiative «Greenback- Maroc», qui a été conçue par la Banque mondiale et qui porte sur le dévelop- pement d’approches «innovantes» et «inclusives» au profit des différents seg- ments de la population pour la promo- tion de l’usage des moyens digitaux de transferts de fonds. Il est question aussi de développer des mesures d’éducation financière et de protection du consom- mateur pour aider les clients à choi- sir le service le plus adéquat. Le but recherché par la BM est de renforcer l’efficience du marché des transferts de fonds, notamment à travers la réduc- tion de leur coût. Rappelons ici que les transferts de fonds au Maroc par les MRE constituent un enjeu majeur pour le pays. Ces transferts ont joué un rôle capital en matière d’atténuation des effets de la pandémie du Covid 19.

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