FNH N° 1152

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 16 MAI 2024

BOURSE & FINANCES

F.N.H. : Selon vous, quelles sont les contraintes qui perturbent le développement de l’inclusion financière dans le monde rural ? L. E. A. : Les contraintes au déve- loppement de l’inclusion financière en milieu rural sont nombreuses. Y figurent en premier lieu l’absence ou la fai- blesse des revenus et le manque de fonds, situation qui trouve son expli- cation avant tout dans la faiblesse de la production et l’absence de sources de revenus. L’agriculture et l’artisanat constituant les deux secteurs d’activité principale, il se trouve que ces derniers fonctionnent dans des conditions qui ne leur permettent pas de créer assez d’emplois et de revenus (manque de capitaux, faiblesse au niveau de la qua- lification professionnelle, problèmes de commercialisation des produits, etc..). Les très petites, les petites et les moyennes exploitations agricoles se reproduisent difficilement : faute de moyens financiers, les producteurs

tés, notamment au bénéfice des micro et petits producteurs agricoles, des arti- sans, des auto-entrepreneurs… Rappelons que l’étude «Agri-finance» réalisée par la BM, en partenariat avec la Banque centrale et le ministère des Finances, ayant pour objectif d’élabo- rer une stratégie favorisant un meilleur accès aux services financiers des agri- culteurs et des TPME agricoles et rurales, et dont les résultats ont été dévoilés fin 2022, a montré que le financement de l’agriculture et l’inclusion financière des exploitations agricoles, et plus largement de la population rurale liée à l’écosys- tème agricole, continue de présenter des déficits importants, particulièrement en ce qui concerne les segments des petits exploitants et des travailleurs agri- coles. L’offre des services financiers à destination du secteur agricole et du monde rural est limitée, à quoi il faut ajouter la faible présence des acteurs financiers privés (dont en premier lieu les banques commerciales) dans le monde

rural et la non couverture de plus des 2/3 des communes rurales par des points d’accès. Pour les auteurs de ladite étude (Agri-finance), des progrès ont été réali- sés en matière de financement agricole, mais le diagnostic a relevé «un faible niveau d’inclusion financière, notamment pour les petites exploitations informelles et pour les travailleurs agricoles, ainsi qu’une offre financière privée limitée et peu innovante adressée au monde rural». Dans un ouvrage que nous avons récem- ment publié «Le système bancaire au Maroc» , d’importants développements ont été consacrés à la question du finan- cement bancaire des TPME, où nous avons souligné que l’essentiel des exploitations agricoles n’y accèdent pas. Les petites et micro-exploitations qui parviennent à accéder au financement auprès des organismes de microcrédit, non seulement ne bénéficient que de très faibles montants, mais aussi supportent des coûts de financement très élevés (18 à 22% de taux d’intérêt).

ne peuvent pas créer d’actifs (bétail, machines, engrais, produits phytosa- nitaires, …) pour améliorer leurs pro- ductions et rendements. Et quand ils arrivent à produire, ils trouvent des diffi- cultés à commercialiser leur production. Un autre problème, non des moindres, auquel les exploitations agricoles se trouvent confrontées, réside dans l’ab- sence de justificatifs des propriétés, ce qui est un facteur de blocage pour l’accès au financement. Vient en second lieu l’offre des orga- nismes financiers qui est loin d’être adaptée à la réalité des populations du monde rural : nature des produits financiers proposés, coût des opéra- tions financières. Un troisième facteur est constitué par la faible couverture de plusieurs zones en milieu rural en matière de réseau des organismes financiers (banques, institutions de microfinance…). La proximité par rap- port à ces derniers est un facteur important ayant un impact qui est loin

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