FNH N° 1152

9

FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 16 MAI 2024

BOURSE & FINANCES

à l'autre. Cela appelle à une vigi- lance accrue de la part des insti- tutions financières et des autorités de supervision. Face à ces défis croissants, l'étude propose une série de recomman- dations politiques visant à renfor- cer la gestion des risques clima- tiques au sein du secteur bancaire marocain. Ces recommandations s'articulent autour de plusieurs axes prioritaires, dont le renfor- cement des capacités techniques des acteurs du secteur bancaire et des autorités de supervision, l’in- tégration des risques climatiques dans le suivi micro et macropru- dentiel, ou encore le complément des directives prudentielles par des mesures spécifiques aux risques climatiques. L’amélioration de la transparence autour de l'orien- tation de la politique climatique des banques est aussi l’une des recommandations phares propo- sées lors de cette rencontre. La mise en œuvre effective de ces recommandations est donc essen- tielle pour garantir la résilience du secteur bancaire marocain face aux risques climatiques et contri- buer à une transition durable et inclusive vers une économie bas carbone. De son côté, Nabil Badr, adjoint au directeur de la direction de la Supervision bancaire chez Bank Al-Maghrib, explique que «la 2 ème phase après l'étude consiste en un transfert de savoir-faire de la méthodologie retenue par la Banque mondiale, pour pouvoir aboutir à une grille de risque propre au secteur bancaire marocain. Il y aura notamment un renforce- ment de capacités sur le sujet des risques climatiques via des forma- tions dédiées qui seront lancées dans les prochaines semaines» . Au final, cette étude conjointe entre les deux institutions consti- tue un jalon important dans la compréhension des risques cli- matiques auxquels est confronté le secteur financier marocain. Elle fournit également aux autorités et aux acteurs du secteur des outils précieux pour renforcer la gestion de ces risques et contribuer à la stabilité financière du pays à long terme. ◆

 A travers cette étude, BAM et la BM ont fait le point sur la réponse prudentielle aux risques climatiques et identifié les actions poli- tiques à mettre en œuvre.

Bank Al-Maghrib (BAM) et la Banque mondiale (BM) ont conjointement présenté les conclusions de l’étude sur les risques climatiques auxquels est confronté le secteur bancaire marocain. Une première du genre en Afrique. Les conclusions de l'étude de BAM et la Banque mondiale Par Y. Seddik P Banques/Risques climatiques

our Abderrahim Bouazza, Directeur général de Bank Al-Maghrib, «ce travail a pu fournir en effet les pre- mières estimations de l’impact des chocs climatiques, selon plusieurs scénarios, sur les bilans, la solva- bilité et la rentabilité des banques. L’étude a également permis de tirer les leçons des difficultés ren- contrées en termes de data sur les risques liés au climat et au plan de la modélisation, compte tenu de la complexité des liens entre les impacts macroéconomiques, financiers et climatiques». Il explique aussi que le travail en cours sur le développement de la taxonomie climatique au niveau du gouvernement avec les parties concernées, dont Bank Al-Maghrib, et avec le soutien de la Banque mondiale, devrait contribuer à réduire le gap en données. Et que cet exercice va permettre de conti- nuer à faire évoluer le cadre régle-

mentaire et à améliorer l’évaluation des risques climatiques, tout en remédiant aux défis conceptuels et techniques rencontrés. Plus en détail, l'étude, réalisée à l'aide de modèles climatiques et macro-financiers sophistiqués, s'est penchée sur deux risques majeurs : les sécheresses et les inondations. Les résultats révèlent des conséquences économiques considérables, pouvant atteindre 10,5 milliards de dollars, selon la gravité de l'événement et le scénario climatique envisagé. «La modélisation économique montre que les inondations extrêmes peuvent engendrer une perte de PIB de 2%, tandis que celle due aux sécheresses serait de 3,5%», indiquent Emma Dalhuijsen, spé- cialiste principale du secteur finan- cier, et Reda Aboutajdine, écono- miste du secteur financier chez le Groupe Banque mondiale.

Notons que contrairement aux sécheresses prolongées, les inon- dations, bien que de courte durée, ont un impact relativement faible sur les pertes de prêts et le capi- tal des banques, soulignent les deux experts qui présentaient les conclusions du rapport. L'analyse met en lumière l'ampli- fication croissante des effets du changement climatique sur les risques climatiques physiques, soulignant l'urgence d'une adapta- tion proactive. Au-delà des risques physiques, l'étude explore éga- lement les risques de transition auxquels le secteur bancaire est exposé, liés aux changements de politique et à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Si l'impact global du changement climatique sur le secteur bancaire semble gérable à première vue, les répercussions financières varient considérablement d'une banque

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker