FNH N° 1107

JEUDI 4 MAI 2023 / FINANCES NEWS HEBDO

www.fnh.ma

SPÉCIAL

AGRICULTURE

38

Assurance agricole

◆ La «multirisque climatique» vise à garantir les investissements des agriculteurs afin d’atténuer les effets des aléas climatiques sur leur production. A l’épreuve des changements climatiques

2022, un million d’hectares a été souscrit, dont 80% consacrés à 4 régions, à savoir Marrakech-Safi, Casablanca-Settat, Fès- Meknès et Rabat-Salé-Kénitra.

En juin 2020, une tempête de grêle a fait d’énormes dégâts au niveau de la région Fès- Meknès.

Multiplication des soutiens aux agriculteurs

Les changements climatiques s’accom- pagnent d’une augmentation considérable des sinistres dans le domaine agricole. Et le Maroc n’y échappe pas. Le 23 février 2022, la MAMDA, avec un capital assuré de plus d’1 milliard de dirhams (pour 1.000.000 d’hectares assu- rés), a dû déployer un dispositif spécifique pour accompagner et soutenir les agricul- teurs face à la sécheresse. Quatre mesures ont été prises : le report des échéances de paiement des primes d’assurance agri- coles dues au titre de 2021, l'accélération du processus d’indemnisation, la mise en paiement exceptionnelle de ristournes de mutualité au profit de ses agriculteurs sociétaires au cours du second trimestre 2022 et la mise en œuvre d’un dispositif spécifique pour encourager et développer l’assurance multirisque climatique pour l’arboriculture fruitière. En avril 2020, la Mamda, dont le montant global assuré se chiffrait à 1,1 milliard de dirhams pour la campagne (2019-2020), a dû déployer avec 2 mois d’avance le dis- positif d’indemnisation et de paiement des sinistres aux agriculteurs, à cause notam- ment du contexte particulièrement difficile lié au Covid-19 et à la sécheresse. Début juin de la même année, 9.100 hec- tares au niveau de 27 communes rurales de la région Fès-Meknès ont été touchés par une tempête de grêle. La plupart des cultures touchées bénéficiaient, selon le ministère de l’Agriculture, du programme d'assurance multirisque climatique pris en charge par la MAMDA. La multiplication des sinistres devrait pousser à adapter davantage les produits d’assurance proposés au monde agricole. C’est pourquoi les exploitants souhaitent que des packages multirisques soient mis en place à la fois pour les cultures, les locaux, le matériel et le personnel. ◆

la vulnérabilité des agricultures face aux aléas climatiques. C’est pourquoi l’Etat, en partenariat avec la Mutuelle agricole maro- caine d'assurances (MAMDA), a décide d’instaurer un produit d’assurance «multi- risque climatique». Objectif : garantir les investissements des agriculteurs, quelle que soit leur taille et dans l’ensemble du pays, afin d’atténuer les effets des aléas climatiques sur leur production et de les soutenir en assu- rant la stabilité financière de leur trésore- rie. Cette assurance vise ainsi à couvrir les agriculteurs contre une multitude de risques agricoles, notamment la séche- resse, les inondations et les probléma- tiques liées aux grandes cultures telles que les légumineuses, les céréales et les graines oléagineuses. A l’issue d’une rencontre avec le chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, le 18 février 2022, Mahmoud Oudrhiri, Directeur général délégué de la MAMDA, faisait savoir que, depuis 2011, cette convention a permis le versement d'une «indemni- sation d'un montant de 3,8 milliards de dirhams», précisant que «les cotisations des agriculteurs ne dépassent pas 32 dirhams par hectare, alors qu’ils ont reçu, en moyenne, un montant de 406 dirhams durant cette période, ce qui confirme l’im- portance de cette convention». Ainsi, selon Oudrhiri, au titre de l’année

L e secteur agricole marocain prête le flanc à de multiples risques. Ils vont de la sécheresse aux mala- dies et ravageurs, en passant par le Chergui, les hautes tempéra- tures, le stress hydrique, la gelée, les inon- dations et excès d'eau ou encore la grêle. Les risques les plus saillants actuellement concernent cependant ceux générés par les changements climatiques. Lesquels ont pour conséquence des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et de plus en plus sévères, qui mettent en péril l’agriculture marocaine. Déjà, en 2019, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) tirait la sonnette d’alarme. Selon lui, «la situation de pénurie hydrique au Maroc est alarmante, puisque ses ressources en eau sont actuellement évaluées à moins de 650 m 3 /habitant/ an, contre 2.500 m 3 en 1960, et devraient baisser en deçà de 500 m 3 à l’horizon de 2030» . Par ailleurs, «des études interna- tionales indiquent que les changements climatiques pourraient provoquer la dispa- rition de 80% des ressources d'eau dispo- nibles au Royaume dans les 25 prochaines années». La gestion de ces différents risques impose donc la mise en place de pro- duits d’assurance adaptés afin de réduire Par D. William

Les change- ments clima- tiques s’ac- compagnent d’une augmen- tation consi- dérable des sinistres dans le domaine agricole.

Made with FlippingBook flipbook maker