géniteur, j’étais celle qui allait sau- ver notre famille de la misère, raison pour laquelle il n’a pas hésité une seconde à livrer son unique enfant au premier venu» , raconte Zineb avec amertume. Le contraste du libre consente- ment Tel qu’il est indiqué dans l’étude du ministère public, 74,3% des jeunes filles mariées précocement sont issues de foyers où la décision revient au père. Elles n’ont donc d’autre choix que de céder à l’autorité paren- tale et d’accepter un mariage la plu- part du temps forcé. Or, l’article 16 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme stipule que «le mariage ne peut être conclu qu’avec le libre et plein consentement des futurs époux» ,
nomène qui prend particulièrement place dans le monde rural, où 13% des unions scellées entre 2009 et 2018 se sont déroulées en catimini, selon des statistiques fournies par le ministère de la Justice. «Les unions formalisées uniquement avec la psalmodiation de la Fatiha ne sont pas reconnues légalement et n’ont donc pas de conséquences légales. Au vu de la loi, cette méthode ne permet de reconnaître que des fiançailles et non une union matri- moniale», précise maître Roudane. Nonobstant les différentes lois de la protection de l’enfance, le mariage précoce fait tache d’huile dans tout le pays. D’après les données émanant de l’étude menée par le ministère public, la plupart des filles mariées avant l’âge légal sont issues de milieux défavorisés. La même source note que le mariage d’une mineure est dans 11,3% des cas motivé par la pauvreté. «J’étais bonne élève, j’ai toujours fait partie des meilleurs éléments de la classe. L’école me donnait foi en la vie; une vie qui me permettrait de devenir la femme forte, épanouie et indépen- dante que j’ai toujours rêvée d’être, mais malheureusement le destin en a décidé autrement… Pour mon
une condition souvent négligée dans le cas du mariage précoce. « Les demandes de mariage des mineurs sont étudiées en premier par le Parquet général, en prenant en considération la situation sociale, éco- nomique, psychologique et sanitaire du demandeur. La demande doit être accompagnée par un ensemble de documents tels qu’une attestation de renseignement délivrée par les auto- rités locales où on note la résidence des tuteurs des mineurs ainsi que l’acte de naissance du mineur afin de s’assurer de son âge. En plus d’un certificat médical sur l’aptitude phy- sique du mineur», soutient Malika Achkoura, procureur du Roi près du tribunal social de première instance de Casablanca. Et de poursuivre : «En analysant tous les documents précités, le Parquet général présente une requête écrite dans laquelle il affirme le rejet de la demande du mariage du mineur conformément à la circulaire du pré- sident du Parquet général qui stipule que le mariage des mineurs repré- sente une forme de violation des droits de l’enfant, sanctionnée aussi par les conventions internationales et la Constitution de 2011. En dernier
Le mariage d’une mineure est dans 11,3% des cas motivé par la pauvreté.
L’article 20 accorde au juge de la famille le droit d’autoriser un
mariage avant l’âge de la capacité matrimoniale fixé à 18 ans.
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89 HORS-SÉRIE N°43 / FINANCES NEWS HEBDO
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