Hors Série 43

S ociété

droits des enfants et une atteinte à leur dignité. Marier des mineurs, c’est arracher aux enfants leurs droits fon- damentaux et spécifiques tels qu’ils sont énoncés dans la Convention internationale des droits de l’enfant. Aujourd’hui, des efforts sont consentis pour éliminer cette forme de violence contre les enfants, avec une grande mobilisation de la société civile, et cela devrait aboutir le plus vite possible à une élimination sans dérogation et sans conditions, de cette pratique» , s’insurge Samya El Mousti, directrice Maroc de ladite association. En vue de combattre ce phénomène, SOS villages mise sur le renforce- ment du volet éducatif et de la sen- sibilisation des parents. «Nous tra- vaillons de manière transversale sur l’information, la sensibilisation et la formation pour lutter contre toutes les formes de violence faites aux enfants. Nous organisons des ateliers pour les parents sur la parentalité, l’éduca- tion, les droits des enfants et, avec les équipes pédagogiques, nous œuvrons au quotidien à les sensibiliser à leurs propres droits» , poursuit-elle. «Par ailleurs, dans nos programmes de renforcement familial, nous veil- lons à soutenir les familles pour que les enfants, et notamment les filles, puissent aller à l’école le plus long- temps possible. Car en faisant des études, celles-ci ne pensent pas au mariage qui est souvent présenté comme la seule alternative. Bien entendu, nous nous tenons aux côtés de toutes les associations dont c’est le cheval de bataille et nous joignons notre voix à la leur pour dénoncer le mariage des enfants et appeler à y mettre fin totalement», conclut Samya El Mousti. L’éradication du mariage des mineures n’est pas chose aisée. Elle nécessite forcément une prise de conscience de l’ensemble des membres de la société. En revanche, plusieurs solutions sont discutées afin de venir à bout de ce phéno- mène. A cet effet, le ministère public juge nécessaire la mobilisation par le ministère des Habous et des Affaires islamiques, de mourchidines et mourchidates vu leur rôle «efficace» à impacter l’opinion publique, par- ticulièrement à travers le discours religieux.

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et anxieuse qui pourrait s’exacerber en post partum» , fait savoir la spé- cialiste. «Les jeunes victimes de violence sont significativement plus à risque de présenter des symptômes de stress post-traumatique, d’anxiété, de dépression, de dissociation et de dépersonnalisation, et d’avoir des comportements agressifs et d’auto- mutilation, ou encore développer des idées suicidaires pouvant mener à terme à des tentatives de suicide. Ces conséquences peuvent conduire à des perturbations importantes dans la trajectoire du développement mental des jeunes et ont souvent un impact à long terme, pouvant conduire à un dysfonctionnement et à une détresse significative à l’âge adulte» , détaille- t-elle. Une lutte sans merci Considérant que le mariage des mineures est une totale aberration, plusieurs associations de protec- tion de l’enfance luttent depuis des années contre ce fléau social. C’est le cas notamment de SOS villages d’enfants, qui agit contre l’abandon des enfants et en faveur de l’inser- tion socioprofessionnelle des jeunes. «C’est une entorse flagrante aux Une mineure serait plus vulnérable à tout type de violence conjugal, avec le risque de favoriser l’installation de sympto- matologie dépressive et anxieuse.

Marier des mineurs, c’est

mettant d’assurer le suivi des gros- sesses à risque, notamment au niveau des régions reculées» , renchérit la praticienne. Le mariage des mineures est non seulement éprouvant sur le plan physique, mais également mental. Selon le ministère public, 24,30% des filles mariées précocement ont subi des violences d’ordre physique, psy- chique ou économique. De surcroît, 13,30% de ces mineures ont subi une violence psychologique. « Le cortex préfrontal se développe encore chez les adolescents et ne ter- mine pas sa croissance avant environ le début ou le milieu de la vingtaine. Cette partie du cerveau effectue le rai- sonnement, la planification, le juge- ment et le contrôle des impulsions, des nécessités pour être un adulte. Sans le cortex préfrontal pleinement dévelop- pé, un adolescent pourrait prendre de mauvaises décisions et ne pas être en mesure de discerner si une situation est sûre. Les adolescents ont tendance à expérimenter des comportements à risque et ne reconnaissent pas plei- nement les conséquences de leurs choix» , souligne Hafsa Abouelfaraj, psychiatre et psychothérapeute. Souvent, le mariage des mineures s’accompagne de violences conju- gales, incluant le viol, une réalité de plus en plus mise sous le tapis. «La fréquence de toute violence conjugale reste sous-diagnostiquée, et effective- ment, vu son âge, une mineure serait plus vulnérable à tout type de vio- lence conjugal, physique et moral, avec le risque de favoriser l’installa- tion de symptomatologie dépressive

arracher aux en- fants leurs droits fondamentaux et spécifiques, tels qu’ils sont énoncés dans la Convention internationale des droits de l’enfant.

FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°43 92

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