FNH N° 1123

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VENDREDI 29 SEPTEMBRE 2023 FINANCES NEWS HEBDO

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Pénurie de médicaments

◆ En vigueur dans plusieurs pays, le droit de substitution permet non seulement de faire face aux pénuries de médicaments, mais également de réduire le déficit des caisses d’assurances maladie. ◆ Au Maroc, le droit de substitution se heurte notamment à la volonté des médecins de garder totalement la main sur la prescription des médicaments. Le droit de substitution, la solution idéale ?

nomie des produits de santé, considère que dans l’acte de subs- titution, tout le monde sort gagnant : le patient d’abord, le pharmacien et les organismes ges- tionnaires de l’assurance maladie. «Le droit de substitution a été appliqué par de nombreux pays, notam-

Une solution partielle ! Pour ce qui est de la pénu- rie des médicaments, Abdelmadjid Belaïche fait savoir que le droit de subs- titution n’est qu’une solution partielle à cette probléma- tique. «Ces dernières années ont connu de nombreuses pénuries de médicaments et, dans ce cadre, conférer le droit de substitution aux phar- maciens permettra certes de régler la problématique, mais pas entièrement. Car, mal- heureusement, les pénuries touchent surtout des pro- duits en situation de mono- pole qui ne disposent pas de génériques. En outre, le droit de substitution, tel qu’il est pratiqué dans d’autres pays, ne peut s’exercer qu’entre médicaments de même DCI (Dénomination commune internationale). Que peut-on donc faire dans le cas où la pénurie touche un médicament n’ayant pas de générique ? Faut-il permettre de substituer un médicament par un autre dont la com- position est différente sans revenir vers le médecin pres- cripteur ? Rien n’est sûr que cela se fera», précise-t-il. Le débat sur l’autorisation du droit de substitution oppose depuis de nombreuses années les pharmaciens aux médecins, qui redoutent le fait que celui-ci soit mal appliqué. «La demande des pharmaciens d’avoir le droit de substitution se heurte clairement à la volonté des

Les pharmaciens estiment que le droit de substitu- tion est aujourd’hui une nécessité, notamment dans un contexte marqué par la généralisa- tion de la couver- ture médicale.

ment ceux dont les systèmes de santé sont parmi les plus développés, non seulement pour faire face aux pénuries, mais également pour sau- vegarder les équilibres bud- gétaires des caisses d’assu- rances maladie, et ceci à travers une substitution d’un princeps par son ou ses générique(s)» , poursuit-il. En revanche, l’expert sou- ligne que le remplacement d’un médicament par un autre requiert le respect d’un certain nombre de condi- tions afin de ne pas mettre la santé du patient en péril. «La substitution ne peut être faite que dans le sens prin- ceps vers génériques et non pas l’inverse, étant donné qu’elle se fait entre médi- caments de même compo- sition en principes actifs. Malheureusement, beau- coup de personnes, y com- pris des professionnels de la santé, continuent de pen- ser que l’on peut continuer de substituer n’importe quel médicament par n’importe quel autre, ce qui est com- plètement faux», insiste-t-il.

de stock…, de nombreux obstacles peuvent perturber la disponibilité d’un médica- ment sur le marché. Et pour y faire face, les pharmaciens estiment que le droit de substitution est aujourd’hui une nécessité, notamment dans un contexte marqué par la généralisation de la cou- verture médicale. Pérennité des caisses En plus de faciliter l’accès aux médicaments et de per- mettre aux patients d'évi- ter de nombreux désagré- ments, le droit de substi- tution est un moyen pour garantir la pérennité des caisses d’assurances mala- die. Abdelmadjid Belaïche, expert en industrie pharma- ceutique et membre de la Société marocaine de l’éco-

L a pénurie de cer- tains médica- ments traitant des maladies chro- niques inquiète les pharmaciens marocains qui, contrairement à leurs confrères exerçant à l’étran- ger, n’ont pas la possibilité de remplacer un médicament prescrit par le médecin, par un générique, en cas de son indisponibilité. En dépit des appels inces- sants des professionnels du secteur pharmaceutique, le ministère de la Santé ne semble pas prêt à pro- mulguer une loi spéciale, conférant aux pharmaciens d’officine le droit de subs- titution. Problèmes de pro- duction, pénuries, ruptures Par M. Ait Ouaanna

Les pénuries touchent surtout des médicaments en situation de monopole, qui ne dis- posent donc pas de géné- riques.

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