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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 24 SEPTEMBRE 2020

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Perspectives économiques

◆ Bank Al-Maghrib a maintenu son taux directeur inchangé, tout en révisant à la baisse ses prévisions de crois-sance. ◆ Abdellatif Jouahri renvoie à la prochaine Loi de Finances pour mesurer l'impact du plan de relance. Oubliez la reprise en «V» ! J amais les incertitudes n'ont été aussi nom- breuses et, paradoxa- lement, jamais le statu quo monétaire n'a été Par A. Hlimi

«Bank Al-Maghrib continuera à financer le déficit de liquidité bancaire des banques autant que nécessaire, tant que cela sert à finan- cer l'écono- mie».

aussi fortement anticipé par les opérateurs. Il faut dire que Bank Al-Maghrib en a beaucoup fait en juin avec une baisse du taux directeur de 50 points de base et une libération intégrale de la réserve obligatoire des banques, ce qui a permis d'injecter 12 Mds de dirhams immédiate- ment dans le circuit bancaire. Plus tôt dans l'année, Bank Al-Maghrib avait élargi le spectre des cré- dits qu'elle accepte en collaté- ral et augmenté la fréquence et la maturité de ses financements pour soutenir la liquidité ban- caire. Des mesures qui avaient été saluées et qui ont permis de garder les taux de refinancement des banques à des niveaux bas. Il fallait donc laisser du temps à la transmission monétaire pour ir- riguer la sphère réelle. De plus, la Banque centrale avait tout intérêt à garder les quelques cartouches qui lui restent en réserve pour faire face à une crise qui s'enlise et qui augmente le manque de visibilité, d'autant plus que les

entreprises ont globalement pu se financer à de meilleurs taux le trimestre passé, particulièrement les TPE. Justement, le manque de visibi- lité sur l'avenir des réserves en devises a sans doute pesé à son tour dans le choix du Conseil. On sait que le Trésor prévoit de sortir à l'international. Le fera-t-il en septembre comme annoncé auparavant ou plus tard ? Le fera- t-il pour 10 Mds ou 20 Mds de dirhams ? Et dans quelles condi- tions ? Sans doute que la Banque centrale aura besoin d'intégrer ces informations pour prendre de nouvelles décisions, ce qui a ren-

forcé le consensus d'un statu quo pour la réunion de septembre. Chose qui s'est confirmée. La reprise en V passe à la trappe Précédemment, la Banque cen- trale avait intégré dans son scé- nario central une fin de confine- ment en juin et une reprise rapide de l'économie, pour terminer l'année sur un ralentissement de -5,2%. Désormais, la croissance a été revue à la baisse, avec un nouveau scénario de croissance à -6,3% en 2020 et une reprise plus lente que prévu. Le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif

Jouahri, serein lors de cette conférence de presse de rentrée, nous ex-plique que ce scéna- rio ne prend pas en compte le plan de relance de 120 Mds de dirhams. Car si les préparatifs vont bon train pour le mettre en place, le gouvernement ne l'a pas encore opérationnalisé et n'en a pas précisé les modalités, notam- ment en ce qui concerne le Fonds stratégique, ses mécanismes de fonctionnement, les secteurs qu'il cible, son actionnariat... Pour cela, il faudra attendre le pro- jet de Loi de Finances qui sera déposé en octobre et qui appor- tera des précisions. «On pourra l'intégrer dans nos prévisions en décembre» , a-t-il promis. En attendant, l'institution continuera d'évaluer la situation mensuelle et à ne pas exclure des interven- tions hors période de Conseil pour soutenir l'économie. Le déficit budgétaire va se creuser plus que prévu en juin Sur les huit premiers mois de l'année, le déficit budgétaire a atteint 46,5 Mds de dirhams

Les transferts des MRE résistent, les recettes de voyages s'écroulent

Les recettes de voyages devraient connaître un effondrement sans précédent cette année, passant de 78,8 Mds de dirhams en 2019 à 23,9 Mds de DH en 2020, avant de remonter à 49,1 Mds de DH une année après. Directement liées aux restrictions de voyages à l'international, ces recettes sont l'un des agrégats macroéconomiques qui subiront le plus les effets de la crise sanitaire. En face, les transferts des MRE résistent. Ils donnent du baume au cœur, selon le wali, puisque leur baisse serait limitée à 5% cette année. En cause, des transferts de l'étranger pour aider les familles et des transferts automatiques dans le cadre des pensions et retraites versées depuis l'étranger et qui restent décorrélées de la crise.

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