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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 16 MARS 2023
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◆ 2022 a été une année difficile, très difficile même. L’année 2023, qui n’a pas encore bouclé son premier trimestre, ne commence pas non plus de façon très rassurante. Quels leviers activer pour sortir de cette crise ? ◆ Entretien avec Ahmed Azirar, professeur universitaire, fondateur de l'AMEEN (Association marocaine des économistes d'entreprise) et directeur de recherche à l'IMIS (Institut marocain d'intelligence stratégique). «La solution, c'est la dynamisation de la croissance» Entretien
face à d'éventuels chocs extérieurs. La précaution est, vous le savez, une pra- tique habituelle des autorités financières du Royaume. Rappelez-vous le recours à la Ligne de précaution de liquidité (LPL) il y a une décennie déjà. Il faut dire aussi que les retombées encore en digestion de la Covid, la flambée des cours des produits énergétiques et alimentaires, l’impact de la récession économique dans la zone Euro et le resserrement des conditions finan- cières internationales, sont des éléments qui imposent une veille attentive.Autre chose, la LCM est d'autant intéressante qu'elle donne un accès immédiat à des ressources importantes du FMI, sans conditionnalité. Elle sera pour 2 ans et à un coût similaire à celui de la LPL. Le Maroc pourrait mobiliser cette ligne si nécessaire durant cette période. En tout cas, les besoins ne manquent pas, il y va des nouveaux programmes d'infrastructures, des grands projets structurants en cours, des équipements industriels, des matières premières et énergétiques nécessaires, des besoins en décarbonation de l'industrie ou de la reconstitution des stocks stratégiques nationaux... Vous avez raison, l'endettement extérieur exige qu'on l'utilise à bon escient dans des projets d'investissements utiles et à valeur ajoutée. D'où la question de l'effica- cité de l'administration et du secteur public en général à l’améliorer davantage. F.N.H. : Cette ligne pourrait, entre autres, servir à atténuer les effets des saisons de sécheresse succes- sives qu’a connues le Royaume et qui ont entraîné une forte contrac- tion de la production agricole, et partant, du PIB. Selon vous, com- ment le pays devrait réagir face à la menace climatique ? A. A. : L'année en cours, fort heureu- sement, est pluvieuse. Les récoltes et l'élevage reviendront à de bons niveaux. C'est vrai, les problématiques climatique
et hydrique sont structurelles et je dirais alarmantes dans certaines zones du pays. Il est vrai que le Maroc est au devant des nations en matière de lutte contre le chan- gement climatique, mais l'action sur ce chantier gigantesque et vital ne peut être qu'universelle, sinon il n'y aura point de salut. Malheureusement, «le monde conti- nue de regarder ailleurs» et les promesses des diverses COP sont non tenues, au grand dam des pays d'Afrique en géné- ral ! Au Maroc, le nexus «eau, énergie et alimentation» est de l'ordre des priorités absolues. L'action sérieuse en matière d'économie de l'eau, de rationalisation de ses utilisations, y compris dans l'agri- culture, la désalinisation de l'eau de mer - dont un vaste programme est en exé- cution, la transition énergétique, sont des plans en cours et doivent continuer. Les programmes des énergies renouvelables et de l'hydrogène vert sont également importants et devraient se poursuivre sans oublier les barrages dont le besoin est encore très grand. La problématique hydrique est délicate et nécessite une mobilisation nationale forte et continue de tous les secteurs. Le projet de solida- rité hydrique entre les régions devrait se concrétiser, à l'image de ce transfert du Sebou vers le Bouregreg. La région de l'Oriental est dans le besoin d'un tel trans- fert. Comme l'énergie atomique devrait passer à un stade supérieur. F.N.H. : Parlons maintenant de ce qui préoccupe sérieusement le monde entier, excepté la Chine, à savoir l’inflation. Le gouverne- ment a adopté diverses mesures pour atténuer l’impact des ten- sions inflationnistes qui plombent lourdement le budget. Quelle(s) solution(s), alors que l’inflation, selon les pronostics de la Banque mondiale, est partie pour durer ? A. A. : L'inflation marocaine a surtout été
Propos recueillis par A. Diouf
Finances News Hebdo : Que pensez- vous de la demande que le Maroc a faite au FMI, le 6 mars, concernant une Ligne de crédit modulable (LCM) de 5 milliards de $ ? A votre avis, le moment est-il vraiment oppor- tun ? Et comment le gouvernement devrait-il l’utiliser ? Ahmed Azirar : C'est une requête qui était prévisible. Bank Al-Maghrib en avait parlé il y a quelques mois déjà. Elle est égale- ment opportune, car le Maroc est en train de diversifier ses sources de financement, étant donné que ses fondamentaux sont solides et après avoir quitté la «liste grise« du GAFI et réussi sa récente sortie sur le marché privé des capitaux de 2.5 milliards $. Le Royaume qui fait face à une conjonc- ture mondiale très perturbée, veut, par cette ligne de crédit flexible, éviter toute surprise
La LCM est d'autant
intéressante qu'elle donne un accès immédiat à des ressources importantes du FMI, sans conditionna- lité.
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