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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

MARDI 31 AOÛT 2021

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récent des mesures sanitaires pour les voyageurs internationaux. Aussi, il faudrait saluer le succès des autorités marocaines qui ont surmonté les défis logistiques et organisationnels pour assurer un taux de vaccination plus élevé (35% de la population ayant reçu deux doses) que les pays com- parables. Certes, le Maroc est mieux équipé pour faire face à cette nouvelle vague de la Covid-19, compte tenu de sa bonne gestion des vagues précé- dentes et des investissements récents dans le secteur de la santé. Néanmoins, la situation sanitaire reste fragile et le taux de vaccination actuel est bien trop faible pour atteindre l’immunité collec- tive. Ainsi, un durcissement éventuel des mesures sanitaires suite à la recru- descence du variant Delta constitue un risque baissier pour la reprise. F.N.H. : Quels sont les secteurs d’activité qui continuent de subir les effets de la crise sani- taire ? S. Ö. : Au Maroc, les développements sectoriels face à la crise sanitaire suivent la même tendance que dans le reste du monde. Le secteur du tourisme au sens large, qui regroupe les activités du transport aérien et maritime, des établissements hôteliers, des magasins et restaurants, ainsi que de l’artisanat, continue d’être durablement touché par la crise. Le secteur de l’événementiel et de la culture est également affecté par la prolongation des mesures sanitaires. Au sein du secteur industriel au Maroc, les secteurs du textile ou de l’aéro- nautique ont du mal à décoller tandis que ceux des phosphates et de l’auto- mobile affichent des résultats encou- rageants sous l’effet d’une demande mondiale qui repart de plus belle. F.N.H. : Pensez-vous que l’immu- nité collective est un prérequis pour permettre une reprise de l’économie mondiale ? Quand cette immunité collective sera- t-elle atteinte dans les diffé- rentes régions du monde ? S. Ö. : La plupart des pays dévelop- pés en Europe et en Amérique du Nord pourraient atteindre l’immunité collective d’ici la fin de l’année, ce qui nécessiterait la vaccination de 80% de leur population. En revanche, les pays développés de l’Asie de l’Est, tels que le Japon, la Corée ou le Taiwan, ont cumu-

lé d’importants retards de vaccination, en raison de leur choix stratégique de lutte contre le virus qui privilégie des mesures d’endiguement plutôt que des campagnes massives de vaccination. Dans ces pays-là, l’immunité collective pourrait être certainement atteinte en 2022. Cependant, les retards de vacci- nation sont bien plus importants dans les pays à faibles revenus, en raison

du manque de moyens financiers mais aussi à cause de systèmes de santé et de capacités administratives fragiles. Malgré les efforts récents de la com- munauté internationale, en Afrique par exemple, moins de 10% de la popula- tion ont pu recevoir une première dose de vaccin. Dans ce contexte, il faudrait certainement attendre jusqu’en 2023 pour atteindre l’immunité collective au

niveau global. Ceci constitue un risque important pour la reprise économique, y compris dans les pays avancés. Tant que l’immunité collective ne sera pas atteinte au niveau global, nos écono- mies continueront d’être exposées à l’apparition des nouveaux variants du virus de plus en plus virulents (contre lesquels nous n’aurions peut-être pas de vaccins efficaces). ◆

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