FNH N° 1098

MARDI 28 FÉVRIER 2023 / FINANCES NEWS HEBDO

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SPÉCIAL BANQUES

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◆ Les banques cotées devraient profiter d’une amélioration de leurs marges d’intermédiation à moyen terme suite aux récentes hausses du taux directeur. ◆ Cette dynamique s’est déjà traduite au niveau des résultats trimestriels des banques européennes. Vont-elles profiter de la hausse des taux ? Banques cotées

ses niveaux passés (persistance) et par des facteurs externes. Selon les enquêtes de BAM, les antici- pations d’inflation ont continué d’aug- menter, passant de 3,6% au troisième trimestre à 4,8% au quatrième trimestre. Ces derniers mois, l’affaiblissement du Dollar américain a entraîné une appré- ciation du Dirham vis-à-vis du Dollar. Cependant, il est resté proche de la limite supérieure de la bande de fluctuation. Au cours des trois premiers trimestres de 2022, le taux de change effectif nominal s’est déprécié de 1,9% cumulé, tandis que le taux de change effectif réel s’est déprécié de 4,2%. ◆ La Banque mondiale met en avant trois facteurs qui limitent la réper- cussion des taux d’intérêt sur la pro- duction au Maroc : premièrement, malgré l’élargissement récent de la bande de fluctuation, le Dirham reste arrimé à l’Euro et au Dollar, ce qui implique que les mouvements du taux de change n’amplifieront que modérément l’impact de la hausse des taux d’intérêt. Puis, poursuit l’institution, les volumes importants de la liquidité en circulation et les faibles niveaux d’in- clusion financière qui caractérisent l’économie marocaine réduisent également l’efficacité de la politique monétaire. Enfin, plus de 85% des prêts au sec- teur privé sont contractés à taux fixe. Dans ce contexte, une hausse des taux d’intérêt de 100 points de base devrait entraîner une baisse de la production d’environ 0,18 point de pourcentage, avec un pic après 9 trimestres. Les caractéristiques contractuelles de la plupart des prêts privés limitent l’impact immédiat de la hausse des taux d’intérêt sur les bilans des entre- prises et des ménages, et donc sur la stabilité financière. Cependant, ces impacts pourraient éventuellement être ressentis par les agents écono- miques qui sont contraints de recon- duire leurs obligations actuelles ou de contracter de nouveaux emprunts, et certains pourraient être poussés au surendettement dans un environ- nement de taux d’intérêt plus élevés. Des facteurs qui réduisent l’efficacité de la politique monétaire

L es hausses du taux directeur opérées en septembre et décembre devraient glo- balement profiter aux banques à moyen terme, estime CDG Capital Insight dans sa nouvelle note d’analyse du marché actions. S’attardant sur les perspectives du secteur ban- caire, le bureau de recherche pense que «d’un côté, l’augmentation des taux devrait avoir un impact limité sur la demande en prêts, à mesure que la croissance économique se maintiendrait (3% selon les projections de BAM). D’un autre côté, les banques devraient bénéficier d’une améliora- tion de la marge d’intermédiation tenant compte de la transmission de la hausse du taux directeur aux taux débiteurs, et compte tenu de la structure des dépôts bancaires qui sont majoritairement non rémunérés». «Il importe de rappeler que la marge d’intermédia- tion du secteur a connu une tendance baissière suite à la baisse des taux observée les années précédentes en dépit d’un effort important de la part des banques en termes d’optimisation du coût des ressources. Par conséquent, dans un environ- nement de hausse des taux, les banques auront plus de marge de manœuvre et devraient voir leurs marges augmenter» , précise-t-on. Cette dynamique s’est déjà traduite au niveau des résultats trimestriels des banques européennes par une amélioration (quasi-systématique) de leurs revenus provenant de l’intermédiation bancaire. Cependant, CDG Capital Insight pense que cet impact favorable serait partiellement atténué par une baisse de la demande de crédit et des pres- sions continues sur la qualité des actifs en raison du contexte macroéconomique difficile. Pour l’année 2023, le bureau de recherche table sur un ralentissement de la croissance de l’encours de crédits, compte tenu de l’impact limité des hausses du taux directeur sur la demande de crédit et du ralentissement des crédits de trésorerie qui ont été Par A. Hlimi

soutenus en 2022 en partie par la hausse des cours des matières premières, notamment les produits énergétiques.

Les activités de marché négativement impactées

Les analystes soulignent tout de même que la hausse des rendements obligataires devrait impac- ter négativement le résultat des activités de mar- ché des banques. En effet, les banques devraient comptabiliser des pertes de juste valeur sur les titres classés en actifs détenus à des fins de tran- sactions ou disponibles à la vente. La sensibilité des portefeuilles au rendement varie d’une banque à l’autre en fonction de l’importance des titres et de leur maturité. Cela dit, une grande partie de cette hausse a été été prise en compte au niveau des résultats à fin septembre, et compte tenu du fait que la récente hausse des taux secondaires n’a pas eu lieu avant la fin d’année 2022. Au final, la lecture des différents drivers et enjeux du secteur, «nous laisse penser que les banques cotées à la Bourse de Casablanca enregistreront une performance positive des bénéfices courant 2023» , concluent les analystes. ◆

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