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SOCIÉTÉ
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 4 NOVEMBRE 2021
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cée dans plusieurs pays, notam- ment en France. Les conclusions ne seront disponibles qu’après plusieurs années. Qu’en est-il des recherches et des études au Maroc ? Pr R. A. : La recherche au Maroc est encore en cours de développement. Effectivement, avec le nouveau modèle de développement, nous recommandons d’encourager la recherche. D'abord, inci- ter à la formation des chercheurs qui se fait en réseau, c'est très particulier. Il faut donner les moyens et le climat nécessaires. La recherche est encore à l'état embryonnaire, même s’il y a de tous petits îlots d'excellence au Maroc. Dernièrement, j'ai assisté au lancement d'un produit qui émane de la recherche marocaine : le tout premier kit de dia- gnostic moléculaire du cancer du sein, fabriqué par des Marocains. C’est un début et cela va s'accélérer dans les années à venir. Il y a une volonté politique pour avancer dans la recherche, seule à même de garantir la souveraineté sanitaire. La crise covid-19 nous a mon- tré la nécessité d'une autonomie. Nous l’avons vécue avec la fermeture des fron- tières et toutes les tractations et batailles pour acquérir les tests et les vaccins. Nous avons bien vu qu’il est important d'avoir son propre savoir, sa recherche, sa production; d'avoir sa souveraineté sanitaire tout simplement. Quant au cancer du sein, il y a d’énormes avancées thérapeutiques dans notre pays, particulièrement dans le secteur privé. Cela concerne les appareils les plus pointus de radiothérapie et les molécules les plus efficaces de chimiothérapie. En matière de chirurgie, il y a eu une désescalade thérapeutique. Auparavant, nous procédions systématiquement par mastectomie. Aujourd'hui, nous faisons ce qu'on appelle un traitement conserva- teur dans pratiquement 70% des cas du cancer du sein. Il s’agit de l’oncoplastie, c'est-à-dire un traitement à la fois contre le cancer, avec des techniques d'esthé- tique pour garder la meilleure forme du sein aux courbes respectées. Ainsi, la femme guérit, en respectant sa forme esthétique. C’est important sur le plan psychologique. Le développement de ces techniques d'oncoplastie, associant à la fois le traitement fonctionnel, esthé- tique et carcinologique, constitue une avancée importante dans nos pratiques quotidiennes et il faut absolument le sou- ligner. ◆
Il est recommandé de faire l'autopalpa- tion qui permet de découvrir jusqu'à 70% des tumeurs.
donne telle infection qu'il faut traiter par anti-infectieux. Pour le cancer du sein, c'est plus complexe et certainement mul- tifactoriel probabiliste. Plusieurs causes peuvent en être l’élément déclencheur. Le facteur héréditaire représente 7 à 10%, mais Il n'explique pas tout. L’obésité fait partie de ces facteurs ainsi que certaines maladies bénignes du sein, qui peuvent être un terrain fructueux pour développer un cancer. Le facteur hormonal est non négligeable : la manipulation des hormones de manière anarchique peut être à la base de surve- nue du cancer du sein. Enfin, la science ne connaît pas tout. Peut-être qu'il existe d'autres facteurs que l’on découvrira dans les prochaines années. F.N.H. : Vous êtes membre de la Commission spéciale du nou- veau modèle de développement. Ne faut-il pas repenser le système de santé dans notre pays, notam- ment la prise en charge des mala- dies graves ou invalidantes, très coûteuses ? Pr R. A. : J'ai eu le grand honneur d'être nommée dans la Commission du nouveau modèle de développement où nous avons travaillé pratiquement deux ans sur tous les sujets. La commission a effectué un travail participatif. Nous avons écouté le citoyen marocain. Nous sommes sortis avec des recommandations qui ont mis l'humain au cœur de nos préoccupations. Effectivement, j’ai travaillé sur plusieurs
thématiques, mais surtout sur le domaine de la santé qui est devenu une priorité nationale. Il y a ce que j'appellerais le triangle vital fondamental pour le développement : la santé, l'éducation et l'emploi. La crise de la Covid-19 a mis à nu les systèmes de santé et accéléré davantage l'importance de cette priorité. Les recom- mandations ont porté sur des ressources humaines fortes, valorisées, dotées d’un meilleur statut, bien formées, en nombre suffisant et bien réparties sur l’ensemble du territoire pour avoir une équité et un accès aux soins plus équitable pour tous les citoyens. Instaurer une culture de prévention en amont permettra de diminuer près de 30% des maladies, et nous gagnerons au moins 30 à 40% de dépenses de santé. Tout cela soulagera le système de santé qui, aujourd'hui, peut être plombé par les maladies chroniques, graves et coû- teuses. Actuellement, il y a une transition épi- démiologique dans le monde ainsi qu’au Maroc. Nous constatons une baisse des maladies infectieuses, qui restent peu coûteuses. Alors que les maladies chroniques, plus graves et onéreuses, sont en croissance. Elles sont respon- sables de mal-être, avec un coût élevé, et demandent une technologie performante. F.N.H. : Une vaste étude pour mieux cibler le dépistage du cancer du sein, en fonction des risques de chacun, a été lan-
Une bonne prévention basée sur l’information
du citoyen nous épar-
gnerait 30% des maladies et au moins 30 à 40% de dépenses de santé.
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